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Epique bras de fer entre Madougou et Talon

« Connaissez l’ennemi et connaissez-vous vous-même en cent batailles vous ne courrez jamais aucun danger » (Sun Tzu)

Depuis la prison de Missérété où elle est coincée depuis huit semaines pour « financement de terrorisme », l’ancienne conseillère très spéciale de Faure Gnassingbé, Reckya Madougou est loin d’abdiquer.  Elle s’est engagée dans un bras de fer avec Patrice Talon. Si la candidate récalée de la présidentielle du 11 avril a définitivement perdu la bataille électorale -Patrice Talon s’étant octroyé un deuxième mandat avec un score à la soviétique de 86% des suffrages-, elle compte bien remporter celle judiciaire qui devrait lui garantir le ticket de sortie pour aller humer l’air frais de Parakou. La bataille s’annonce rude, mais l’égérie de Faure Gnassingbé ne manque pas d’arguments à faire valoir pour faire pencher la balance en sa faveur. Elle semble disposer des flèches dans son carquois.

Non seulement elle peut compter sur plusieurs chefs d’Etat de la région ouest-africaine mais aussi sur d’influents tenors du barreau français et de richissimes hommes d’affaires. Son ancien mentor, le jeune doyen de la CEDEAO s’est positionné comme son directeur de campagne. Il est aux manettes, menant d’intenses lobbying auprès de certains de ses pairs de l’espace communautaire au rang desquels Muhammadu Buhari du Nigeria ainsi qu’auprès de l’administration Joe Biden sur le triste sort de sa belle conseillère.

Outre les chefs d’Etat, les « marabouts blancs » aussi se mobilisent pour l’opposante de Talon. On cite notamment Antoine Vey, associé de l’actuel ministre français de la Justice, Eric Dupond-Moretti et Mario Stasi, responsable de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme. Dame Madougou peut également compter sur le magnat du BTP, ami des chefs d’Etat africains, Mahamadou Bonkoungou.  On dit de l’opposante très proche du tycoon burkinabé.

Cette offensive diplomatique fulgurante semble porter ses premiers fruits. D’abord, c’est Washington qui hausse le ton contre le régime de Talon, se disant préoccupé par « les nombreuses arrestations de dirigeants politiques de l’opposition liées aux élections présidentielles du 11 avril ». Dispensant au passage quelques préceptes sur des principes démocratiques et judiciaires aux autorités béninoises. L’administration Joe Biden rappelle en effet « les principes démocratiques que partagent nos deux pays figure la présomption d’innocence jusqu’à ce que la culpabilité soit prouvée par un processus de justice pénale rapide, équitable, transparent et apolitique ». Avant de préciser que «le respect et la protection des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression, de réunion pacifique et l’indépendance de la justice, sont essentiels à toute démocratie».

Ensuite, la mobilisation des chefs d’Etat aurait pesé lourd dans la balance. A en croire « La Lettre du Continent », Patrice Talon aurait lâché du test. « L’intérêt porté par les chefs d’Etat de la sous-région au sort de Reckya Madougou a d’ores et déjà contraint la présidence béninoise à entamer de discrètes tractations. L’imam Malick Boukari Moutawakil a notamment été mandaté pour négocier avec les proches de l’opposante les conditions d’une éventuelle libération », écrit le journal en ligne.

L’élargissement de l’égérie de Faure Gnassingbé ne serait plus qu’une question de jour ? Il faut relever que fort de l’extraordinaire mobilisation autour de dame Reckya contre Talon, le combat annoncé épique, était plutôt déséquilibré…

Médard AMETEPE

 

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