Editorial

Bénin : SOS démocratie !

 

« La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité » (Albert Camus)

Depuis les années 90, le Bénin fait figure de laboratoire de démocratie en Afrique. La flamme de la démocratie béninoise a été ravivée en mars 2016 avec la victoire de l’homme d’affaires Patrice Talon à l’élection présidentielle. L’enthousiasme suscité sur le continent par cette maturité et cette vitalité démocratique, laisse place, moins de deux ans après, à une énorme déception. Le modèle démocratique béninois toujours cité en exemple, est aujourd’hui mis à rude épreuve sous le magistère de Patrice Talon. L’écrasante majorité de l’opinion béninoise en est convaincue.

L’acharnement contre les opposants, notamment la condamnation de l’autre homme d’affaires et opposant Sébastien Ajavon à 20 ans de prison pour trafic de drogue,  ou encore l’arrestation et la condamnation du jeune opposant Sabi Sira Korogoné pour des propos tenus sur les réseaux sociaux, n’est pas pour arranger la situation.

La gestion des affaires du pays par le nouveau président engendre de nombreuses frustrations. Et chaque jour, depuis quelques mois, le pays s’enfonce dans une crise sociopolitique qui menace les acquis démocratiques. Au point qu’il y a une levée de boucliers des leaders de l’opposition prêts à tout pour sauver la démocratie. Avec comme fers de lance, les anciens présidents, Boni Yayi et Nicéphore Soglo et l’opposant Sébastien Ajavon.

A la faveur d’un grand rassemblement organisé le 3 novembre dernier à Cotonou, la Coalition pour la défense de la démocratie (CDD) qui regroupe les forces politiques de l’opposition a dénoncé les dérives du régime de Patrice Talon, la caporalisation des institutions de la République, la mainmise sur les caisses de l’Etat, et exigé la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit au Bénin.  « Trop c’est trop ! A bas la dictature ; A bas l’autocratie ; non à la mort programmée de la démocratie béninoise », ont scandé en chœur les opposants.

Pour sortir de cette mauvaise passe, l’opposition pose un certain nombre d’exigences, entre autres, l’arrêt des poursuites judiciaires ciblées et de toutes les manœuvres d’intimidation contre l’opposition, la libération et l’amnistie des prisonniers et détenus politiques, l’abrogation des lois portant code électoral et charte des partis politiques, le retour des exilés avec garantie de sécurité et possibilité de participer à la vie politique, la relecture du code pénal et l’abrogation de la loi portant création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en moins de deux ans de mandat, Patrice Talon s’est mis à dos une frange de la population béninoise. Ce qui n’est pas bon signe à cinq mois des élections législatives.

Médard AMETEPE

 

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