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Au Togo, les élections passent, Faure Gnassingbé, lui, reste !

« Comment peut-on organiser des élections, y participer et les perdre? » (Omar Bongo Ondimba)

« Lorsque les écoliers du Ghana et du Bénin reçoivent une leçon d’histoire sur la démocratie et l’Etat de droit, c’est le Togo qui est cité en contre-modèle. Une dictature héréditaire et un nombril douloureux de l’Afrique », écrivait Tino Agbelenko Doglo, l’un des héros du Mouvement du 5 Octobre (MO5). Comme quoi il n’est pas facile de s’arranger avec sa mauvaise réputation. Le Togo traine une depuis des décennies cette triste performance d’être une « dictature héréditaire », une « démocratie tétraplégique » une « impitoyable démocrature », la « Corée du Nord de l’Afrique francophone », des qualificatifs qui en font de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest coincé entre le Ghana et le Bénin, une curiosité sur le continent.

Lorsqu’une élection démocratique est célébrée dans un pays sur le continent, tous les regards se tournent vers le Togo présenté comme le contre-exemple de cet idéal démocratique. Depuis le début de la semaine, la Zambie ploie sous les compliments. Et pour cause, le pays a administré une belle leçon de démocratie et d’alternance au reste du continent surtout à l’Afrique francophone avec la montée au pinacle de l’opposant Hakainde Hichilema qui a battu à plate couture le président sortant Edgar Lungu lors de la présidentielle du 12 août 2021.

Ce pays de l’Afrique australe a édifié le monde entier par sa maturité démocratique avec des élections dont les résultats ont acceptés par tous les candidats et même assortis de félicitations adressées par le vaincu au vainqueur. Avec un tel geste, simple mais rare sur le continent, la démocratie et la stabilité en Zambie ont été préservées et la paix sociale sauvée. D’autant plus que la campagne électorale s’est déroulée dans climat tendu marquée par des affrontements entre les partisans du pouvoir et ceux de l’opposition.

Un bel exemple dont les autres Etats d’Afrique qui veulent faire un saut qualificatif en matière d’apprentissage des règles démocratiques devraient inspirer. Ceux de l’Afrique francophone notamment où les dirigeants s’accrochent frénétiquement aux délices du pouvoir avec cette régle désuète à la Omar Bongo qui veut qu’on n’organise pas les élections pour les perdre.

Hakainde Hichilema est aussi le symbole de la persévérance. C’est la sixième fois que ce leader de l’opposition tente sa chance pour la présidence, pour la troisième fois face à Edgar Lungu. Depuis une quinzaine d’années, Hakainde Hichilema a perdu toutes les élections organisées dans son pays. Mais sa détermination a fini par payer. Comme le disait Adrien Vershaere, « le succès est le résultat d’une succession d’échecs que l’on a surmonté sans jamais abandonner ».

Mais ce n’est pas dans tous les pays sur le continent que malgré leur farouche volonté doublée d’une détermination défiant toutes les intemperies, les opposants gagneraient les élections présidentielles. Un opposant gagner les élections au Togo ? Chose inimaginable. Les opposants sont programmés pour perdre, avec une régularité déconcertante. Ici, les élections sont organisées invariablement de la même manière et à la fin, celui qui est au palais ne perd jamais.

Il fait organiser les élections par des institutions partiales et partisanes qui lui sont totalement assujetties. L’institution militaire lui est également soumise.  Il a la mainmise sur la justice et sur les plus hautes juridictions, qui tranchent systématiquement en sa faveur tous les contentieux électoraux. Aucune alternance par la voie des urnes n’est donc pas possible.

Médard AMETEPE

 

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