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Atsutsè Kokouvi Agbobli, une disparition qui chagrine toujours

Vivant, il aurait soufflé le 23 avril 2021 ses quatre-vingt printemps. Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli était un brillant journaliste, historien, politologue et leader du parti politique dénommé « Mouvement pour le développement national » (MODENA).

Malade, souffrant d’hypertension et de diabète notamment, Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli, alias Caldan fut conduit le 13 août 2008 par son chauffeur et interné dans une clinique privée très connue à Lomé pour des soins. Mystérieusement disparu du lieu de son hospitalisation, le corps de l’ancien ministre de la Communication  et de la Culture sera découvert quarante-huit heures plus tard aux premières heures de la matinée du 15 août 2008 à la plage non loin de l’hôtel Sarakawa, avec «  ses vêtements ainsi que ses chaussures à côté du corps inerte qui portait des blessures ». Il était alors âgé de 67 ans.

Cette découverte macabre en cette journée de l’Assomption suscita émoi et indignation au sein de l’opinion togolaise voire au-delà. La dernière personne à l’avoir vu et côtoyé, son chauffeur dira qu’il avait déposé tard dans la nuit du 13 au 14 août 2008 et sur son insistance Joachim Atsutsè Agbobli, non loin de l’hôtel en question où il était censé aller rencontrer une personnalité. Le journaliste ancien ministre serait décédé des suites d’une intoxication médicamenteuse d’après le rapport d’expertise produit par le Pr Gado Napo-Koura, de la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Lomé, cité par Robert Bawoubadi Bakaï, alors Procureur de la République.

Militant panafricain convaincu…

Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli « est né en politique et l’adorait ». Brillant analyste de la scène socio-politique africaine, « il n’était pas né pour se taire » autrement connu pour la virulence dans les propos. L’ancien élève au Collège Saint Joseph à Lomé était fort critique à l’endroit des pouvoirs publics de son pays le Togo. Il se sentirait menacé. Entre-temps, un de ses parents, très proche collaborateur à la Présidence de la République à Lomé, l’aurait prévenu : des « groupuscules » en avaient contre lui.

Docteur en histoire et titulaire d’un diplôme de l’Institut d’études politique à Paris en France, Joachim Atsustè Kokouvi Agbobli fut enseignant au Gabon avant d’occuper les fonctions de chef de division au Département politique au Secrétariat général de l’ancienne OUA (aujourd’hui Union Africaine) à Addis-Abeba en Ethiopie. Il avait par ailleurs travaillé au Bureau International du Travail (BIT) à Genève en Suisse à la même époque que le Béninois Albert Tévoèdjré. Il fut par ailleurs chroniqueur dans de nombreux magazines dont « Jeune Afrique ».

De retour au Togo après un long et brillant parcours professionnel, Joachim Atsutsè Kokouvi Agbobli, a été délégué sous le couvert du Club des Amis de la Liberté et de la Démocratie en Afrique Noire (CALDAN) aux travaux de la Conférence Nationale Souveraine du Togo en juillet-août 1991 et en a présidé la Commission Défense et Sécurité. Il a par ailleurs assumé les fonctions de ministre de la Communication au Togo (mai 1994-décembre 1995), puis celles de chargé des Relations avec le Parlement (décembre 1995-août 1996) au sein du gouvernement Edem Kodjo. Fondateur et directeur de la publication du journal Afric’Hebdo et responsable du parti politique dénommé « Mouvement pour le Développement National » (MODENA).

En dehors de ses écrits parus dans la presse togolaise, africaine et française, la bibliographie de Joachim Atsutsè Agbobli est riche de plusieurs ouvrages. Le premier est «Sylvanus Olympio, un destin tragique » publié en 1992, puis réédité, revu et augmenté plus tard en 2007 sous le titre « Sylvanus Olympio, le père de l’indépendance togolaise ». Puis un livre d’entretiens avec feu Dr Jonas Savimbi, président fondateur de l’Union nationale pour l’Indépendance totale de l’Angola (UNITA), assassiné en février 2002, intitulé « Combats pour l‘Afrique et la démocratie ». Il publie à la même période chez l’Harmattan, le premier volume de la trilogie «Le monde et le destin des Africains, Les enjeux mondiaux de puissance».

Panafricaniste convaincu, Atsutsè Kokouvi Agbobli selon ses détracteurs, « n’a rien rapporté à son pays à part certains articles incendiaires ». Treize ans après, les réelles causes du décès de cet élégant dans le verbe demeurent inconnues. Le temps en dira plus sur la mort ou l’assassinat du journaliste, historien et politologue inhumé à Adéta, son village situé dans le Kloto, dans la partie Sud-Ouest du Togo.

©Ekoué Satchivi

 

 

 

 

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