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L’histoire de Simon Worou, le premier maire noir de l’Aveyron

 

Le quadragénaire est né à Lomé, au Togo. Il a été élu maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur pour la première fois en 2014, puis réélu en 2020. Mais dans ce village, il n’a pas été accepté facilement.

« J’ai eu des amis, des voisins, quand je n’étais que conseiller, ça allait, mais maire, ils ne l’ont pas supporté. Encore aujourd’hui. Ils ne pouvaient pas supporter que ce soit un noir qui soit maire. » Simon Worou le constate : un maire noir dans un petit village français, ça pose encore problème à certains.

Il a servi dans l’armée française

À Sainte-Juliette-sur-Viaur, il a été réélu à 87 % aux élections municipales de 2020. Un score encore plus impressionnant qu’en 2014, où il avait été élu à 62 %. Simon Worou est né à Lomé, au Togo. Il a servi dans l’armée française avant de s’installer dans ce village aveyronnais de 600 habitants.

« On sentait quand même que l’Aveyron était à l’époque un peu habituée à d’autres populations, autres que celles d’ici. Mais ça restait comme à l’armée, certains, dans le regard, approuvaient, d’autres détestaient. Surtout quand on était deux ou trois quelque part. Il y avait un effet de peur », se souvient l’élu.

« Souris parce qu’on te verra pas »

À l’époque, il fait plusieurs petits boulots, dont celui de videur de boîte de nuit pendant 10 ans. Les remarques racistes fusent. « Vous arrivez, la première phrase qui sort, c’est : « Ah tiens, on te voit pas arriver parce qu’il n’y a pas de lumière ». Ou quand il y a une photo à prendre, « souris parce qu’on te verra pas ». « Ah tiens, tu t’es habillé en noir », comme si en étant noir on ne peut pas s’habiller en noir. Ceux qui ont cette envie d’intégration ne disent rien… C’est une souffrance. »

En 2000, il décide de s’inscrire au club de rugby de Cassagnes-Bégonhès, le village voisin. Le sport l’aide à s’intégrer beaucoup plus rapidement. « Les gens venaient me voir à la fin du match pour me féliciter. Ça amène le public vers soi, une sympathie, une valeur qu’il reconnaît. Les gens te connaissent, les gens te tolèrent. Les gens acceptent, les gens évoluent parce que tu es dans un jeu collectif et que tu joues pour un territoire. »

Marié à une Aveyronnaise

Aujourd’hui, Simon Worou est marié à une Aveyronnaise, avec qui il a deux enfants. Une décision que sa belle-famille a mis du temps à accepter. « J’ai reçu un jour du courrier d’une de mes tantes, qui a résumé un peu en me disant « on n’aurait pas pensé un jour que tu fasses de notre fille ce qu’elle est devenue. Videur que tu étais, on avait peur. Aujourd’hui, cadre fonctionnaire que tu es, tu es maire, tu es la fierté de la famille », se souvient le maire.

Franceinfo Afrique

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