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La nomination prochaine de nouveaux directeurs fait renaître l’espoir à l’EAMAU

 

. Des manœuvres obscures pour bloquer le processus

. De la nécessite d’un audit rigoureux des comptes de l’institution

Le Conseil d’Administration de l’EAMAU se tiendra finalement du 27 au 29 novembre 2019 à Cotonou. Cette échéance importante qui devait se tenir en mars, avait été reportée à plusieurs reprises. Ces reports étaient imputables, selon les informations, à la mauvaise volonté de l’équipe de direction en place et dont le mandat est arrivé à échéance le 1er septembre dernier.

La situation à l’EAMAU s’était aggravée au cours de l’année en cours avec un ras-le-bol général qui s’était installé au sein de cette école. Le personnel reprochait à l’équipe dirigeante sa mauvaise gestion, son manque crucial de vision, des pratiques douteuses et autres abus. « Devant cette situation, la ministre de l’Enseignement Supérieur du Bénin et son collègue du Togo qui sont respectivement présidente et vice-président du Conseil d’Administration, ont dû taper du poing sur la table pour ramener les directeurs à la raison », rapporte une source.

Selon les indiscrétions, le Professeur Akpagana, ministre togolais de l’Enseignement Supérieur a effectué une descente sur le terrain. « Constatant que les plaintes et allégations sur la qualité de la pédagogie étaient fondées, il a ordonné que toutes les dérives soient corrigées d’urgence », souligne la source.

Malgré cette intervention, le problème essentiel de la mauvaise gouvernance de cette école ainsi que celui des piètres résultats de l’équipe de direction n’étaient pas résolus. Un cabinet d’évaluation a alors été commis pour apprécier le travail des directeurs. Ces derniers, dont il se dit que certains comprenaient à peine le fonctionnement de leurs départements, ont été pris au dépourvu. « On a vu des directeurs habituellement très vaniteux et arrogants, supplier les enseignants et collaborateurs pour les aider à préparer les réponses à l’évaluation. Quoi qu’il en soit, le processus d’évaluation était apparemment juste et crédible. Les résultats ont dû édifier le Conseil d’Administration puisqu’après cette évaluation, un appel à candidatures a été lancé pour le recrutement des nouveaux directeurs », poursuit la source.

Des manœuvres pour bloquer les nominations

S’il est vrai que le Conseil d’Administration se tient dans quelques jours, il est aussi vrai que la direction actuelle n’a pas baissé les bras. Des manœuvres obscures seraient orchestrées pour bloquer le processus de recrutement. Un argumentaire fallacieux serait en cours pour demander au Conseil d’Administration d’accorder un mandat supplémentaire aux directeurs actuels qui auraient reconnu leurs erreurs. Nul doute que ce plaidoyer à l’endroit du Conseil d’Administration aura du mal à passer. « D’un point de vue unanimement partagé, le départ de tous les directeurs et la nomination des personnes compétentes et dévouées est le souhait exprimé par les différents acteurs de l’EAMAU. Les ministres des 14 pays membres devront s’entendre entre eux pour trouver ces nouvelles personnes compétentes. Sur les 4 postes à pourvoir, une répartition judicieuse entre les états sera opérée », informe un agent de l’EAMAU.

A l’en croire, le poste de Directeur Général ayant été occupé depuis la création de l’école par un ressortissant de l’Afrique de l’Ouest, il est possible qu’il revienne à un pays d’Afrique Centrale. Le Tchad, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale et autres ont toujours soutenu l’école, malgré leur éloignement, et fournissent les contingents d’étudiants les plus fournis. Pour le second poste le plus important, celui du directeur administratif et financier, « l’expérience actuelle est très mal ressentie, aussi bien par les employés que par les autres directeurs. Il semble même que cette situation agace les administrateurs de l’EAMAU au sein des pays membres au moment de payer leurs contributions ». Les deux autres postes étant techniques et relatifs à l’enseignement sont normalement dévolus aux enseignants et présentent moins d’enjeux.

De la nécessité d’un audit

L’EAMAU étant une institution publique qui brasse des montants importants, il est nécessaire qu’en cette fin de mandat, un audit rigoureux des comptes soit opéré. Si l’on en croit les informations, il y aurait de fortes présomptions de détournement de fonds et de corruption au sein de l’équipe dirigeante. Les directeurs percevraient des primes et sursalaires très importants, non prévus par les statuts ou au-delà de ce qui peut être raisonnablement accordé. Cette situation est l’une des causes du malaise qui plombe l’ambiance dans l’institution.

Outre ces soupçons de détournements et de corruption, de graves allégations font état de conflit d’intérêt, certains directeurs ayant des intérêts directs avec les nombreux prestataires de services qui sont apparus avec l’arrivée de la présente équipe de direction. L’un des principaux fournisseurs de l’EAMAU serait précisément un établissement appartenant à un membre de la famille proche d’un directeur.

Autre pratique qui décourage tout le personnel, le recours à tout prétexte pour se partager de l’argent entre directeurs, sur décision du DG. Ainsi les quatre directeurs sont systématiquement président ou vice-président des nombreuses commissions ad hoc créées au cours de l’année académique. Et à ce titre, sans avoir véritablement participé aux travaux, ils s’octroient des montants importants au détriment des véritables acteurs qui reçoivent difficilement de maigres récompenses. « Chaque année, le cumul des montants qu’un seul directeur empoche au titre de ces commissions peut servir à construire une annexe à la cité des étudiants. N’importe quel audit peut mettre en évidence ces pratiques, tellement elles sont exagérées. Pourtant ils ont déjà un salaire consistant avec toutes sortes d’avantages », déplore la source.

Le chantier faramineux actuellement en œuvre dans l’institution qui concerne la clôture, le portail d’entrée et le pavage de la cour est également pointé du doigt par les acteurs de l’EAMAU. D’abord, une opacité totale entoure ces travaux. En dehors du Directeur Général et du Directeur Administratif et Financier, personne ne connaît leur montant. Le Conseil d’établissement, qui est l’organe statutaire chargé d’apprécier le fonctionnement au quotidien de l’EAMAU, n’a jamais été informé sur ce chantier. Quelle est la nature exacte des travaux ? Quel est le coût ? Quelle en est la priorité ? Quels sont les délais d’exécution ? Comment les prestataires ont-ils été choisis ? Tout cela est inconnu pour la plupart des employés. « Ce qui est encore plus choquant dans le cas d’une école d’architecture, d’urbanisme et de gestion urbaine, c’est que les ouvrages livrés sont de qualité passable voire carrément médiocre. Par exemple, les pavés qui pouvaient rendre la cour jolie sont très grossiers et très mal posés. Les étudiants ont l’habitude de comparer les pavés réalisés à coût de dizaines de millions par la direction et ceux qu’ils ont réalisés pour leur espace de restauration. Avec leurs petits moyens sur leur espace de restauration, les étudiants ont acheté des pavés très esthétiques et bien posés. Pourquoi cette différence criarde dans la qualité ? », s’interroge la source. Et de poursuivre : « Le portail d’entrée qui devait être monumental, ressemble finalement à un vulgaire garage de mécanique. Aucune esthétique ne se dégage vraiment de cet ouvrage malgré son coût excessif ».

Seul un audit financier rigoureux peut permettre d’éclairer l’opinion.

 

 

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