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Terrorisme : Absence de communication, accusations… vers l’imbroglio ?

Tout semble confus. Chaque jour, des informations relayées sur les réseaux sociaux font état d’incidents en lien avec le terrorisme dans des localités au nord du pays. Alors que le gouvernement dit avoir opté pour une stratégie de communication minimale, le ministre de la Sécurité et de la protection civile déclare que des compatriotes tentent de ravitailler les terroristes en carburant de contrebande. Des accusations qui devraient être prises au sérieux et conduire à des enquêtes.  

«TOGO-Kpendjal : Ce 17 janvier 2023, aux alentours de 16 : 00, un IED a détonné au passage d’une patrouille pédestre des FDS à Kpemboli. Bilan provisoire : 04 soldats blessés évacués et pris en charge au CHR DAPAONG. Par ailleurs, hier nuit, des éléments terroristes ont fait une incursion au village Boatou (08 km NE Mandouri) où ils ont égorgé un couple (Matieyendou GUIGUE et son épouse Dantéde) laissant des enfants de bas âge. Après avoir fouillé quelques maisons, ils ont incendié une machine d’une entreprise de BTP au niveau du pont de ladite localité ». Ces informations font le tour des réseaux sociaux depuis mardi 17 janvier 2023. Comme on peut le constater, la source n’est pas mentionnée. Ces informations sont-elles vraies ? Sont-elles confirmées ou infirmées par des sources officielles ? Aucunement.

Voilà ainsi décrit le contexte dans lequel évolue la lutte contre le terrorisme au Togo. Chaque semaine, entre trois et quatre attaques terroristes ou incidents liés au terrorisme sont signalés dans la région septentrionale du Togo. Pour la plupart de ces incidents malheureux, aucune information officielle n’est produite. Et pour cause, le gouvernement semble avoir opté pour une communication à minima. Dans un article publié le 04 janvier 2023, le site republicoftogo, écrit : « la communication est une arme. En ces temps de lutte contre le terrorisme, il faut savoir l’utiliser avec prudence ». Avant de citer le ministre de la communication et des médias, Akodah Ayéwouadan. « Nous sommes dans une situation de guerre. Nous sommes face à un adversaire que nous ne maîtrisons pas et qui a tendance à manipuler les informations. Il est vrai qu’il y a eu des incidents, mais le choix de communication du gouvernement est de faire en sorte que la sécurité des forces de défense sur le front soit préservée », a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Certes, dans une période aussi sensible, on ne peut pas mettre les informations concernant la stratégie militaire sur la place publique. C’est une évidence, mais quand une attaque survient dans une localité du territoire, le peuple doit en être informé. C’est son droit absolu. Rendre disponible l’information fiable permet aussi d’éveiller la population sur le danger qu’elle encourt et de faire taire les spécialistes de la thèse complotiste. L’information vraie est aussi une arme fiable contre le terrorisme.

Depuis le début des attaques terroristes au Togo, l’évidence de l’absence de communication se renforce. Et malheureusement, tout porte à croire que le gouvernement est en train de perdre les pédales dans le volet communication de la lutte contre le terrorisme. Il y a quelques jours, le chef de l’Etat était dans la région des Savanes, plus précisément à Dapaong, dans le cadre du premier Forum des producteurs agricoles du Togo (FoPAT).

On apprend qu’en marge de cette rencontre, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Général Yark Damehame a dit ses quatre vérités à ses frères qui s‘adonneraient à la vente du carburant de contrebande. Ils sont accusés de soutenir les terroristes. « Je suis trop peiné et embêté qu’on me remonte que ce sont mes propres frères pour qui on ne dort pas, qui sont à la tête des réseaux de vente du carburant frelaté », déclare-t-il, soulignant que « ces carburants vendus très chers aux terroristes qui viennent en retour nous attaquer », mais ajoutant aussi qu’« aucun ministre ni député ou cadre ne pourra négocier votre libération si on vous prend ».

Selon le confrère Togobreakingnews, « l’autorité traite également de ‘’complices’’ d’autres groupes qui sont soupçonnés de détenir des informations concernant les extrémistes mais refusent de les partager avec les forces de l’ordre et de sécurité ». « (…) Les autorités sont tous les jours accessibles, vous pouvez les appeler à tout moment », a exhorté le ministre.

Des Togolais qui vendent du carburant aux terroristes et d’autres qui détiennent des informations sur des extrémistes, mais refusent de les mettre à la disposition des forces de défense et de sécurité. Ce sont des accusations assez graves. S’il y a des preuves, la justice togolaise doit être informée pour que les responsables de ces actes soient punis. Mais sur un autre plan, il faut reconnaître que le ministre a trop ouvert son cœur. La stratégie de communication du gouvernement – si une stratégie existe réellement – voudrait que de telles informations ne soient pas balancées dans le public. C’est différent de dire que dans telle localité ou telle autre, un incident en lien avec le terrorisme a eu lieu.

En faisant de telles révélations, le ministre de la Sécurité ne met-il pas la puce à l’oreille de ceux qui sont soupçonnés de complicité avec les terroristes ? Pourquoi au lieu de faire des révélations publiques, le Général ne poursuit-il pas les investigations pour arrêter les personnes impliquées dans la vente de carburant de contrebande aux terroristes ? Désormais, les compatriotes soupçonnés de ravitailler les terroristes et ceux qui détiennent les informations les concernant vont être de plus en plus méfiants. Cela ne ferait que compliquer la lutte.

De toute évidence, la cacophonie semble s’installer dans la stratégie de communication du gouvernement.

G.A.

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