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Togo : un règne sans fin

« Lorsqu’il s’agit de conserver le pouvoir et ses privilèges, l’imagination des gens en place manque rarement de ressources » (François Mitterrand)

« Au rythme où ça va, les Gnassingbe vont encore diriger le Togo pour un moment », affirmait comme une prémonition Jean-Marc Four de Franceinfo. Après les 38 ans de règne absolu du père et les quatre mandats en cours du fils, les Togolais vont devoir encore supporter pour longtemps la dynastie Gnassingbé. Qui a fait duTogo, notre nation, la terre de nos Aïeux, la plus vieille dictature en Afrique.

« Togo, petit pays de l’Afrique de l’Ouest, est dirigé depuis 1967 par la même famille et détient ainsi le record du plus long règne du même clan familial au pouvoir en Afrique. Il se hisse également au deuxième rang mondial après celui de la Corée du Nord », précisait pour sa part dans un rapport rendu public en novembre 2022 par le mouvement Tournons La Page (TPL).

Pour un cinquième mandat de Faure Gnassingbé, des médias internationaux sont à la manette et ont commencé déjà à en faire la promotion. En mettant en avant une stature de médiateur pour la paix qu’il se serait construite et qui serait un incontestable succès et un atout sur la scène internationale dans la perspective éventuelle d’un cinquième mandat. Ce que ces médias n’accepteraient jamais dans leur pays, ils estiment que c’est ce qui nous convient à nous autre sous les tropiques. Ils ne feraient jamais une telle analyse en faveur d’Emmanuel Macron s’il se hasardait à nourrir l’ambition d’un troisième mandat en France.

Henry Kissinger disait que le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême. Depuis 2005 que Faure Gnassingbé a fait effraction dans la vie des Togolais dans la violence, la terreur, le flot de sang, les centaines de morts, les centaines de blessés, il a suffisamment démontré qu’il n’adhère pas aux valeurs démocratiques. Pris de l’ivresse du pouvoir, le fils du père ne nourrit qu’une seule ambition : se ménager la présidence à vie. Oui, Faure Gnassingbé est est un vrai chef d’État africain : le pouvoir, tout le pouvoir, le pouvoir par tous les moyens, le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir pour toujours.

Même si en 2019, on a fait semblant d’introduire une limitation du mandat dans la loi fondamentale pour détourner les yeux de l’extérieur qui étaient trop braqués sur le pays. Mais depuis 18 ans que Faure Gnassingbé a capté le pouvoir, combien de fois la Constitution que le Peuple togolais s’est librement donnée n’avait-elle pas été violée, triturée, gommée, dénaturée, défigurée ? Dans cette même dynamique, son régime n’hésiterait pas à faire sauter à nouveau le verrou de la limitation quand le besoin se fera sentir. Puisqu’ici, les gouvernants sont au-dessous des lois de la République. Leur seule volonté vaut d’ailleurs une loi. Bien que le mandat soit limité à deux, Faure Gnassingbé ne s’est pas empêché de s’opposer à nouveau à l’idée suggérée par des institutions internationales d’intégrer un mécanisme de sanctions au protocole additionnel de la CEDEAO, afin de le rendre contraignant pour les États et ainsi prévenir tout changement constitutionnel dans les Etats membres.

Aucune garantie donc pour cette limitation factice du mandat présidentiel au Togo. On espère cependant qu’après son cinquième mandat, que le Seigneur touche son cœur et lui accorde la sagesse pour respecter enfin le texte qu’il s’est lui-même donné pour lâcher le trône. Trop c’est trop, comme le clamerait l’autre. Le Togo est une propriété collective. Il ne saurait être l’apanage d’une famille, d’un clan, d’une minorité, encore moins un legs familial.

Médard AMETEPE

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