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Préfecture de l’Avé : La crise de la chefferie s’invite aux funérailles

Samedi 29 octobre 2022, nous étions à Dzolo, une localité située à quelques kilomètres de Kévé, à la frontière avec le Ghana. Ce déplacement fait dans le cadre des funérailles de feue Agboka Yawa Patience née Azasu, mère biologique d’un chantre du Gospel togolais, révèle la profondeur de la crise de la chefferie traditionnelle dans le milieu.

Ce samedi, les cérémonies funéraires se sont bien déroulées, dans le calme et le recueillement jusqu’à l’enterrement de la dépouille mortelle. Une chose a cependant retenu notre attention. La distribution de faire-part n’avait pas eu lieu lors de ces funérailles. On n’en a pas non plus fait mention durant les annonces. Curieux, avons-nous trouvé?

Et pour cause, l’accalmie que nous avions observée le jour de l’enterrement contraste, selon les proches de la défunte, avec la tension et les pressions tous azimuts subies quelques heures plus tôt par la famille. En effet, retiré de la morgue d’Aképé le vendredi 28 octobre 2022, jour de la veillée funèbre, le corps qui prenait la direction de Dzolo où devraient se tenir les cérémonies, a eu droit à un « hommage » des plus curieux. Au lieu de Dzolo, le corbillard a été contraint de faire une escale à la Gendarmerie de Kévé, conformément à l’ordre donné par le Commandant de brigade (CB). Ce dernier ayant lui aussi reçu des ordres d’une autorité préfectorale. « Nous avons passé plusieurs heures à la Gendarmerie avant d’être autorisés à partir avec le corps », rapporte un membre de la famille éplorée.

Pourtant, toutes les autorisations avaient été obtenues auprès de la mairie de la Commune Avé 1, pour le déroulement des cérémonies. « On nous reproche de n’avoir pas mis sur le faire-part le nom du chef canton de Dzolo. Les faire-part sont donc saisis par la Gendarmerie. Il a fallu que nous saisissions des avocats qui ont relayé l’information au niveau de la Procureure de la République qui est intervenue pour que le corps soit libéré, sans les faire-part », rapporte notre interlocuteur.

Il s’agit là d’un fait divers, mais qui dénote de la profondeur de la crise de la chefferie dans ce milieu. Au Togo, il n’y a pas encore de texte de loi qui fait obligation à une famille éplorée d’inscrire sur les faire-part les noms des autorités traditionnelles de la localité. Cette crise de la chefferie à connotation politique est la même partout au Togo, du sud au nord. Et c’est la faute aux chefs traditionnels eux-mêmes, d’une part, et au régime en place, d’autre part, qui cherche toujours à placer des marionnettes sur les trônes.

G.A.

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