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Implantations sauvages de péages, sans reddition de comptes, aucune 

« La reddition de comptes n’est pas de la persécution politique, c’est une exigence démocratique et constitutionnelle » (Mireille Bertrand Lherisson)

Qui pour dire combien rapporte l’ensemble des péages du Togo ? Sur quels critères ont-ils été implantés ? Deux interrogations auxquelles le contribuable togolais n’a pas droit. Et pourtant, il dispose de droits de regard sur la manière dont les ressources de la cité sont gérées.

Il y a treize péages implantés sur les routes togolaises ; le quatorzième n’est pas encore terminé, mais la perception y est instaurée. Il se trouve sur la voie Tsévié-Tabligbo et révèle le peu de degré de réflexion qui a sous-tendu sa construction. A moins qu’un précédent péage ne soit déplacé.

Lomé et Tabligbo sont séparés par 79,1 km de route. Mais le voyageur devra franchir deux postes de péage. Tsevié et Tabligbo ne sont séparés que de 44,4km, mais il existe un poste de péage.

Tsevié-Atakpamé fait 126 km ; Tsévié-Anié, c’est 152,2km ; Tsevié-Notsé fait 59 km. Mais sur ces distances aucun poste de péage n’est érigé. Au nom de quels calculs ?

Du fait de l’impossibilité de la capitale togolaise à s’agrandir vers l’ouest et le sud, Lomé n’a de choix que de s’étendre vers le nord et l’est. Et le phénomène est si visible que de plus en plus de travailleurs quittent Davié et Tsévié pour venir travailler à Lomé, et retourner les soirs dans leurs demeures.

Pourquoi alors ne pas dégager le poste de Davié de son emplacement et le remettre au-delà de Tsévié ? C’est d’autant plus logique qu’en ce moment, le voyageur qui quitte Lomé pour Tabligbo n’aura qu’un seul poste de péage à franchir, celui situé entre Tsévié et Tabligbo. Mais le trajet entre Lomé et Tsévié devra être dépourvu de poste de péage.

Et à propos de ces postes où sont brassés des dizaines de milliards chaque année, pourquoi les audits ne sont jamais portés à la connaissance de ceux qui participent à leur existence et sans lesquels ces postes n’existeraient pas?

Chaque année, ce sont des chiffres arrondis que les autorités servent aux populations ; c’est à croire que celles-ci n’ont pas droit à la reddition de comptes.

Le Togo a besoin de ressources pour entretenir les voies. Mais avant qu’on ne pense à augmenter les frais de péage –un raccourci contre les consommateurs- comme ce fut le cas récemment, l’urgence est de faire connaître l’état des caisses et des subventions qui vont dans ce sens.

On sait par exemple que l’importation du super et du gasoil rapporte beaucoup de milliards –les calculs l’ont montré- devant renflouer les caisses pour l’entretien des routes. Mais pour en avoir une idée exacte, il faut que le ministère en charge du commerce accepte de communiquer sur les chiffres exacts importés. Et à défaut d’ouvrir les livres de caisses et la situation des importations, tous les soupçons de mauvaise gestion entretenue par les autorités ne peuvent que se justifier.

En période de vie chère, l’un des moyens de désamorcer la tension est de faire preuve de transparence, autant que faire se peut. Veut-on qu’on cesse de douter de la gestion dans le domaine des péages ? Dans ce cas, montrez-nous les recettes, rien de plus !

Godson KETOMAGNAN

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