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Effets énergétiques de l’embargo en Europe : De l’urgence d’informer sur les circuits d’approvisionnement du Togo

Où et comment les pays africains en général et le Togo s’approvisionnent-ils en produits pétroliers ? Les interrogations deviendront plus pressantes au fil du conflit russo-ukrainien et surtout des sanctions qui rejaillissent sur le prix du carburant à la pompe dans le monde entier. Depuis mardi dernier, une possible énième augmentation plane.

L’information est connue depuis mardi 31 mai. Les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne ont trouvé un accord qui devrait permettre de réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d’ici à la fin de l’année. De quoi créer une panique supplémentaire en Europe et dont l’onde de choc se ressentira jusque dans les hameaux sur le continent africain et au Togo.

Le président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), Olivier Gantois, a planté le décor de ce que seront les jours et mois à venir. Bien que la part d’importation de pétrole brut de Russie ne représente qu’entre 10 et 15% des importations françaises, le président de l’UFIP prévient de l’augmentation future des prix. « Ils [Ndlr, les prix du pétrole] ont déjà grimpé depuis le début de la guerre en Ukraine. Le prix du pétrole brut a augmenté d’à peu près 25 dollars par baril. Avec l’embargo et la mise en place des réorganisations de flux, il y a un fort risque qu’il y ait une nouvelle augmentation. Il y a une référence mondiale du prix du pétrole qui est le Brent. Depuis le début de la guerre, les pétroles russes sont vendus avec un rabais puisqu’il y a moins de clients pour les acheter. À l’inverse, les produits pétroliers non russes sont vendus avec un supplément de prix ».

Dans la pratique, Olivier Gantois explique que les importateurs français devront « signer des contrats et réorganiser les flux logistiques ». Et de poursuivre qu’un pétrole brut qui vient du Moyen-Orient met un peu plus de temps à arriver sur un tanker que s’il vient de Russie. Le navire est le même, mais le temps de trajet est plus long. Ce qui aura assurément d’effet sur le prix. Quid des circuits d’approvisionnement sur le continent africain en général et particulièrement au Togo ?

Comment les importateurs togolais s’y prennent-ils pour limiter les dégâts ?

  1. Gantois a laissé une porte ouverte pour que chaque pays qui se veut souverain agisse au mieux de ses intérêts et soulage ses consommateurs. « Le marché pétrolier est extrêmement ouvert, c’est l’offre et la demande qui font le prix à chaque instant. Si on est prêt à payer le prix du jour on peut s’approvisionner sans avoir à s’organiser entre pays européens. C’est un marché libre et libéralisé… Certains pays qui n’ont pas décidé d’embargo sur le pétrole russe vont être amenés à acheter davantage de pétrole russe, ce qui va libérer des volumes du Moyen-Orient qui vont venir en Europe», a-t-il précisé.

L’Europe oui, mais et l’Afrique ? Quels sont les pays auprès desquels les importateurs togolais s’approvisionnent en produits pétroliers pour le Togo ? Dans un système où, comme le dit si bien le président de l’UFIP, le marché est « libre et libéralisé », on ne peut pas continuer d’imposer aux consommateurs togolais de payer le carburant à un prix exorbitant alors que d’autres pays continuent de se ravitailler en ce produit à moindre coût.

Le Togo a des liens de partenariat avec la Chine, la Russie, les Etats-Unis et l’Union Européenne certes, mais la réalité est que le quotidien du citoyen togolais n’a rien à voir avec celui des partenaires économiques et s’il existe des opportunités économiques à saisir, pourquoi hésiter ou décider de faire subir aux populations togolaises des effets de sanctions imposées à une puissance économique ?

Non seulement les autorités gardent l’omerta sur les circuits d’approvisionnement, mais elles rechignent à communiquer sur les quantités importées qui nécessitent désormais plus d’une dizaine de milliards FCFA de subventions, selon le ministre du Commerce.

A défaut de faire preuve de transparence dans le processus, on peut au moins importer désormais le pétrole à partir de marchés dont les coûts peuvent avantager le consommateur qui ignore tout de la guerre et des sanctions.

Godson K.

 

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