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En Afrique, il y a dirigeant et « dirigeant »

 

« Voir le possible là où les autres voient l’impossible, telle est la clé du succès » (Charles-Albert Poissant)

Sur le continent, il y a des dirigeants qui ont une vision pour leur pays et qui travaillent de sorte à laisser leur nom à la postérité, et il y a aussi des dirigeants qui ont une conception libidinale du pouvoir. Ceux-ci considèrent que le pouvoir est fait pour toutes sortes de jouissances. Ils ont transformé le pouvoir en pouvoir de ne rien faire sinon de s’adonner à la villégiature et aux bains de jouvence.

Au Sénégal, Macky Sall arrivé au pouvoir il y a 10 ans -qui est à son deuxième et probablement dernier mandat- a imprimé un développement d’infrastructures à son pays dont d’autres, en 55 ans de pouvoir, n’ont pu réaliser le millionnième chez eux.

Après la construction de la ville de Diamniadio avec des sites de conférences, des quartiers administratifs, des complexes sportifs, des zones d’habitations, des universités…dont l’ambition est d’en faire la plus grande ville nouvelle au sud du Sahara, et l’inauguration du premier train express régional (TER), Macky Sall s’est lancé dans un nouveau projet très ambitieux : la construction du premier BRT (bus rapid transfer) du monde, 100% électrique. La dernière touche qu’il apporte au pays de la Téranga. En seulement deux mandats présidentiels.

Le projet dont les travaux sont en cours, vise à doter Dakar à compter de 2023 d’une flotte de bus électriques rapides, avec des batteries dont un parc initial de 121, roulant sur des voies exclusives entre la banlieue et le centre-ville, sur plus de 18 km. Le BRT comprend également l’édification d’ateliers et dépôts, plus de 80 km de bitume et de verdure, y compris des carrefours, des arrêts et terminus de bus ainsi que 23 stations alimentées à l’énergie solaire. Louis Pasteur a raison quand il disait que « la grandeur des actions humaines se mesure à l’inspiration qui les fait naître ». Cette inspiration, Macky Sall l’a au moins. Quoi qu’on pût lui reprocher.

Comparaison n’est pas raison et n’en déplaise aux jaloux des acquis du jeune président, au Togo, nous avons eu aussi notre TER. Oui, avec l’ambition nourrie de contruire un Togo émergent, Faure Gnassingbé avait lancé en avril 2014 -il y a 8 ans- le Blue Line, «un vaste chantier de construction d’une ligne de chemin de fer reliant des pays de la sous-région ». Le groupe Bolloré la voulait, « une ligne porteuse d’espoir et de vie aux populations desservies ».

Tout était tellement beau et le projet décrit au superlatif : « La réouverture de la ligne de chemin de fer a nécessité la rénovation complète de la gare de Lomé, la réhabilitation des locomotives, l’acquisition de wagons modernes et d’intenses travaux sur la voie ferrée. Est adossée à cette ligne de chemin de fer, une technologie unique développée par le groupe Bolloré permettant le stockage d’énergie. Grâces à ses batteries LMP (Lithium Metal Polymère), le groupe s’engage à construire des zones indépendantes en énergie le long du chemin de fer et dans d’autres contrées du territoire national ».

Seulement voilà ! Le train ultramoderne de Bolloré à bord duquel s’étaient pressés, tout sourire, Faure Gnassingbé et son hôte de marque ainsi que des ministres et diverses autres personalités de haut rang, n’aurait pas parcouru 5 kilomètres de distance, de la Place des Martyrs dans le Centre administratif au quartier Cacaveli. Le train, avait-on dit, était tombé en panne. Terminus, tout le monde en était descendu. Les passagers VIP ont dû faire le reste du trajet en voitures. Fin du rêve pharaonique. Retour à la réalité. Et depuis huit ans, plus personne n’entend parler et n’entendra certainement plus jamais parler du Train Blue Line…Mensonge d’Etat !

Médard AMETEPE

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