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Le CPC est mal parti

« La politique c’est la tour de Babel, avec moins d’élévation et plus de confusion encore de langage » (Adolphe d’Houdetot)

Le Cadre permanent de dialogue et de concertation (CPC) initié par Payadowa Boukpessi prend des coups de toutes parts. Jamais une initiative de dialogue n’a été autant décriée. Les dialogues, notre pays en a organisé à foison. Depuis le début du processus démocratique au Togo, pas moins de trente (30) dialogues ont été initiés en 32 ans. Un record. Malheureusement, la situation politique n’a jamais évolué dans le sens de la raison.

En face, un régime hostile au changement et aux valeurs de démocratie et d’alternance et qui se sert des dialogues pour se donner une certaine légitimité et se maintenir en place. Les opposants n’ont jamais réussi à renverser la table. Résultante, le Togo demeure aujourd’hui la plus vieille dictature en Afrique, une dictature soixantenaire de type monarchiste, avec un pouvoir passé de père en fils, sur fond de violences meurtrières et de coups de force permanents. C’est également le seul Etat en Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu d’alternance démocratique.

« Quand on est acteur politique dans un pays où sévit une dictature, est-ce qu’on peut vraiment estimer qu’on fait de la politique ? En réalité, tout se résume à deux camps qui se font face. En étau entre les deux camps, on insère insidieusement l’élection qui devait être l’indicateur de la vitalité de la vie politique, mais qui est défigurée et transformée en une triste distraction », relève Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais.

Fondamentalement, les dialogues n’ont jamais permis de régler le problème togolais. Les accords conclus à la fin des pourparlers n’ont jamais été respectés. C’est dans ce marché de dupes que se sont toujours embourbés les acteurs politiques. Comme les précédents dialogues, le CPC ne devrait pas connaître meilleur sort.

Certains acteurs politiques fustigent d’ailleurs vertement ce cadre de discussions. La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) est la première à dégainer. Après avoir insisté sur l’importance de régler le problème des exilés et des détenus politiques et la crise électorale liée à la dernière élection présidentielle dont le candidat porté par la DMK, Agbéyomé Kodjo réclame toujours la victoire, le regroupement politique estime que l’initiave du CPC n’est pas sérieuse et sincère et recommande au gouvernement d’abandonner cette voie sans issue.

Le ton est le même au parti FDR qui relève quelques récriminations : les partis d’opposition n’ont pas été consultés avant la mise en place du CPC –une initiative solitaire du ministre Boukpessi-, la société civile n’est pas associée, le CPC est créé par un arrêté ministériel au lieu d’un décret du chef de l’Etat, ce qui, pour le parti de Me Dodji Apévon, dénote le peu d’intérêt que le gouvernement accorde à cette structure. Des raisons qui ont poussé le parti à bouder le CPC, « un subterfuge de plus du pouvoir pour continuer de flouer les acteurs de l’opposition ».

Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) a décidé également de boycotter les travaux. Raison invoquée, le CPC ne favorise pas un dialogue, sincère et inclusif.

« C’est parti ! Le bal des boueux reprend. Quand une dictature organise des élections, elle se moque du peuple, connaissant déjà les résultats », tacle Nathaniel Olympio, évoquant l’organisation des élections régionales à laquelle devraient aboutir les discussions du CPC.

Il y a plusieurs mois qu’il n’a plus donné signe de vie. Le CPC a fait sortir du bois Nicolas Lawson et son PRR (Parti du Renouveau et de la Rédemption). L’opposant se plaint de n’avoir pas été invité et parle d’arnaque politique.

Avec la vague de critiques qui s’abat sur son fameux CPC, Payadowa Boukpessi va-t-il rectifier le tir ou foncera-t-il droit dans le mur ?

Médard AMETEPE

 

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