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Aéroport de Niamtougou : La gabegie a le vent en poupe

Le gouvernement de Faure Gnassingbé persiste et signe dans ses ambitions incohérentes avec la situation socioéconomique du pays. Alors que les produits de première nécessité sont de plus en plus chers et qu’aucun contrôle n’est fait par rapport aux prix, le pouvoir s’engage dans des dépenses folles. 2,2 milliards de francs CFA seront investis pour des travaux à l’aéroport de Niamtougou qui ne dessert que la minorité. La dilapidation a encore de beaux jours devant elle.

Dans notre parution N°3551 du 1er février 2022, nous évoquions l’idée du gouvernement de créer une compagnie aérienne nationale dans le seul but de desservir les localités du nord du pays par l’aéroport de Niamtougou. L’annonce de cette création a été faite par le Directeur Général de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC), le Colonel Gnama Dokissime Latta. « Nous allons prochainement dévoiler le nom de cette compagnie. On a déjà trouvé un partenaire », a-t-il déclaré. Dans ses explications, l’ancien ministre de la Sécurité a souligné que l’idée est de créer une liaison locale entre Lomé et Niamtougou, à raison de 3 vols par semaine. Il s’agit, avait-il déclaré, de permettre aux Togolais de se déplacer plus facilement, mais aussi et surtout de favoriser le désenclavement du nord et d’attirer les investissements.

Mine de rien, cette idée fort ridicule à cause de l’inexistence d’une demande acceptable et rentable, est en train d’être mise à exécution. En début de semaine, une nouvelle annonce a été faite par le ministre-colonel. En plus des 32 milliards de financement en 2016, le gouvernement annonce un investissement de 2,2 milliards de FCFA dans des travaux de l’aéroport de Niamtougou. D’après les informations, les travaux vont consister au rallongement de la piste de la plateforme d’une longueur de 2.500 à 3.000 mètres, à la clôture de l’aéroport et à la sécurisation de l’aérogare. Cette réfection, apprend-on du DG de l’ANAC, va accélérer le projet d’ouverture d’une ligne nationale avec la création d’une compagnie aérienne locale pour relier Lomé à Niamtougou. « L’effectivité de cette extension du site permettra également au second aéroport de Lomé de se conformer aux normes internationales et de servir de base d’exportation de plusieurs produits de rente tels que la mangue et la tomate, cultivés dans la localité. Elle contribuera également à booster le tourisme dans le pays, grâce au trafic de passagers qu’aura suscité la plateforme », rapporte un confrère.

Voilà les arguments « bétons » avancés par le Colonel pour défendre ce projet d’une inopportunité criarde. Les arguments sont semblables à ceux avancés en 2016 par le ministère en charge des transports et des infrastructures. Sur son site internet on pouvait lire : « L’exécution de ce projet s’adapte au besoin de promouvoir le développement économique, social et de l’aviation civile du Togo. La possibilité d’un développement rapide, l’augmentation accélérée du flux de passagers et l’augmentation incessante des itinéraires de vols rendent le projet de la reconstruction de l’aéroport de Niamtougou plus impératif. La mise en pratique de ce projet exercera une importance stratégique sur le développement de l’industrie de l’aviation togolaise ».

Cette obsession du régime à investir plus de 2 milliards dans ce projet convainc de plus en plus – et c’est de plus en plus évident – que Faure Gnassingbé, Victoire Tomégah-Dogbé et leurs collaborateurs n’ont aucune vision pour le développement de ce pays. A force de ruser avec le bien-être des Togolais, ils en sont arrivés à croire eux-mêmes que les populations se sentiraient satisfaites avec des infrastructures dont elles ne sentent nullement le besoin. C’est de la gabegie financière, et ils en sont conscients. Ce qui est regrettable dans cette histoire, c’est que le projet est conduit par un homme souvent décrit dans les sérails du pouvoir comme une personnalité lucide.

Une chose est sûre, cette détermination du gouvernement à injecter des milliards dans cet aéroport cache d’autres magouilles en perspectives. Il ne serait pas étonnant de voir qu’après les travaux, le régime sorte une histoire sans tête ni queue pour satisfaire ses ambitions.

On se rappelle qu’en 2014, l’hôtel du 2 février, laissé à l’abandon, a été nationalisé. « L’hôtel par sa situation géographique, son histoire, son état actuel, l’importance qu’il représente dans l’économie hôtelière du Togo et l’agenda diplomatique de notre pays imposaient qu’une décision de cette nature soit prise à l’unanimité », avait dit Christian Trimua, ministre chargé des relations avec les institutions de la République. Deux années plus tard, ce cadre rénové a été utilisé pour accueillir les participants au sommet sur la sécurité maritime et le développement en Afrique. Le régime dispose désormais d’un cadre pour accueillir des rencontres internationales qui ne contribuent pas forcément au développement du pays, encore moins au bien-être de sa population. Une autre rencontre du genre est annoncée pour le mois prochain.

Cette volonté de dilapidation des ressources du pays se manifeste malheureusement dans un contexte de crise économique. Depuis deux ans, pour faire plus récent, le gouvernement s’est lancé dans la course effrénée aux recettes à travers l’augmentation ou la création de nouvelles taxes. Pour financer le fonctionnement de l’administration, des emprunts obligataires sont lancés à tour de bras. Ce qui constitue des dettes que le contribuable sera contraint de régler, tôt ou tard. Parallèlement, on s’engage dans des folles dépenses, à l’instar de celle liée à l’aéroport de Niamtougou.

G.A.

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