Editorial

Togo : Assistera-t-on encore à des exactions au nom de la Covid ?

 

« La force, la violence peuvent quelque chose, mais n’ont pas toujours tout » (Michel de Montaigne) Le bras de fer entre les leaders religieux et le gouvernement à propos du pass vaccinal à l’entrée des lieux de culte ne présage rien de bon. La tension est perceptible. Va-t-on encore assister à des exactions des forces de l’ordre qui ont normalement pour mission régalienne d’assurer la sécurité et la protection des citoyens ?

La question mérite d’être posée quand on sait qu’au Togo, depuis la survenue de la pandémie, la stratégie de lutte a donné lieu à des violences et assassinats. Souvenons-nous, le couvre-feu et l’état d’urgence sanitaire décrétés dans la lutte contre le covid-19, ont été marqués par toutes sortes de dérives et d’abus des éléments de la force spéciale. Les bavures policières étaient telles qu’une demi-douzaine de Togolais avaient perdu la vie. Des pères de famille ont été froidement abattus, des jeunes hommes ont été lâchement assassinés, certains ont vu leurs testicules exploser à force de recevoir des coups de matraques… Malgré l’indignation et la  consternation qu’ont suscitées ces crimes odieux restés impunis, Mme le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé ne s’est pas gênée d’aller provoquer davantage les Togolais au parlement, en optant pour une curieuse stratégie anti-Covid consistant à terroriser les populations. « Nous devons commencer à faire peur », avait soutenu la Cheffe du gouvernement, déclenchant un branlebas d’indignation et de réprobation.

C’est cette politique fondée sur la peur qui a toujours cours. Donnant des grands airs au ministre de l’Administration territoriale, Payadowa Boukpessi qui a réquisitionné les préfets et les forces de l’ordre pour « terroriser » à leur tour les fidèles chrétiens devant les chapelles et églises au motif de contrôler les pass sanitaires. Le Togo étant très peu soucieux du respect des droits de l’homme, il ne sera pas surprenant que dans cette affaire de pass vaccinal sur les lieux de culte, on assiste encore à des bavures policières. « La stratégie de lutte contre la crise sanitaire que nous traversons se doit d’être respectueuse de la dignité, de la liberté et des droits fondamentaux de la personne humaine », exhortaient les évêques. Le gouvernement aurait pu opter pour une stratégie fondée sur la sensibilisation et la pédagogie pour amener les populations à adopter la vaccination ou le pass sanitaire.

Mais souffrant d’un manque criard de légitimité, les gouvernants ne connaissent que le langage de la force. A-t-on besoin de l’usage de la force pour lutter contre une pandémie ? Cette stratégie a malheureusement renforcé l’extrême méfiance des populations à l’égard de la vaccination. Dans un tout autre registre, dans la crise de confiance entre le gouvernement et les églises et face aux dérives autoritaires de ses ministres, Faure Gnassingbé reste curieusement muet comme à l’accoutumée. Catholique pratiquant, il est un visiteur assidu au Vatican. Aurat-il encore le courage de se présenter au Saint Siège pour recevoir l’onction papale s’il laisse ses spadassins commettre des voies de fait sur les fidèles catholiques ? Quel visage présentera-t-il devant le Saint-Père?

Médard AMETEPE

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