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Pass vaccinal devant les lieux de cultes : Une décision unanimement condamnée par l’opinion

La décision de contrôle de pass vaccinal à l’entrée des lieux de culte passe mal dans l’opinion. La Conférence des évêques du Togo (CET) a d’ores et déjà réagi en envoyant une correspondance au gouvernement.

Le communiqué du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires est au cœur de toutes les discussions. Le 15 novembre 2021, Payadowa Boukpessi a fixé de nouvelles règles en matière de la fréquentation des lieux de culte au Togo. Au début du communiqué, il fait l’état de la situation de la pandémie dans le pays, soulignant une relative stabilisation.

Une bonne nouvelle qui devrait normalement contribuer à desserrer l’étau qui étouffe les populations togolaises depuis deux ans. Poursuivant son communiqué, le ministre semble aller dans ce sens en décidant, « au regard de l’évolution positive actuelle enregistrée dans la lutte contre la pandémie sur l’ensemble du territoire national », de la réouverture à compter du 19 novembre 2021, des lieux de culte restants et légalement reconnus par son ministère.

Malheureusement, cette bonne nouvelle cache une très mauvaise annonce puisque tout en feignant de procéder à la réouverture totale des lieux de culte, les autorités procèdent dans la foulée à une fermeture sournoise. « Le gouvernement précise que l’accès aux lieux de culte est désormais subordonné à la présentation d’un pass vaccinal contre la covid-19 ou d’un test PCR négatif datant de moins de 3 jours. Cette mesure qui deviendra effective à partir du 3 décembre 2021, est indispensable pour poursuivre la lutte contre la covid-19 particulièrement dans cette période de préparation des fêtes, sources de grands rassemblements favorables à la propagation du coronavirus », décrète-t-on.

Sans aucun doute, cette décision a été prise unilatéralement par le gouvernement, sans consultation des autres acteurs. La réaction de la Conférence des évêques du Togo (CET) en dit long. Dans une note d’information en date du 16 novembre 2021, les évêques annoncent avoir entrepris d’adresser une lettre au gouvernement. Le contenu n’a pas été révélé, mais nul doute que la CET y a exprimé son indignation et sa désapprobation de cette mesure unanimement condamnée par l’opinion.

En décrétant la présentation du pass vaccinal ou d’un test PCR négatif –qui coûte 25.000 FCFA- datant de trois jours au maximum, le gouvernement procède de fait à la fermeture des lieux de culte. Et pour cause. En septembre dernier, la proposition avait été rejetée à l’unanimité par les organisations religieuses invitées à en discuter avec la Cheffe du gouvernement. Mais comme le gouvernement tenait coûte que coûte à faire vacciner un maximum de Togolais, ils ont décrété la fermeture des lieux de culte pour une durée d’un mois à compter du 10 septembre 2021. Dans la foulée de cette fermeture, le pass vaccinal a été rendu obligatoire pour avoir accès aux bâtiments administratifs.

C’est la même configuration, sauf que pour cette fois, il n’y a pas eu de discussions autour de la mesure. Le gouvernement y est allé seul, méprisant ses partenaires que sont les organisations religieuses. Si ces dernières avaient rejeté la proposition de contrôle de pass vaccinal, c’est parce que la pratique va à l’encontre de l’éthique religieuse, mais aussi des principes de la foi. De nombreuses personnes vont à la mosquée, au couvent, à l’église… pour y trouver la guérison. Leur demander de prouver leur bon état de santé avant d’y accéder n’est pas digne d’un lieu de culte. Par rapport à l’éthique religieuse, il est impossible pour un prêtre vaudou, un imam, un prêtre catholique, un pasteur ou tout autre conducteur religieux de refouler des fidèles pour défaut de vaccination contre la Covid-19. « C’est impossible pour le pasteur que je suis de demander un pass vaccinal à mes fidèles et de renvoyer ceux qui n’en ont pas. Un berger ne livre pas ses brebis, mais il les défend. C’est ce que Jésus nous enseigne », confie un pasteur.

L’autre impact de cette décision est qu’au sein de l’opinion, le gouvernement est considéré comme une bande d’incrédules qui veulent empêcher les populations d’exprimer leur foi. Sinon, comment comprendre que les lieux de culte où les mesures barrières sont les plus respectées – mieux que dans l’administration même – sont persécutés alors que les marchés où il n’existe aucun contrôle, sont considérés comme les zones exemptes de toute propagation du coronavirus ? Les églises paient-elles leur opposition au projet de pouvoir à vie conduit par le chef de l’Etat ? Soit dit en passant, depuis la réouverture des lieux de culte, les fidèles s’y rendent avec les masques ; et les statistiques indiquent que le nombre de cas baisse. A moins que les autorités togolaises disent à haute et intelligible voix qu’elles ne font plus confiance au port de masque unanimement reconnu. Et alors tout le monde saura que le régime togolais est singulier dans la lutte contre le virus.

G.A.

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