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SCAPE, Vision Togo 2030, PND, Sécurité maritime… Le « leadership » stérile de Faure Gnassingbé

Jusqu’à très récemment, la formule consacrée pour évoquer la conduite des affaires par le chef de l’Etat est « sur instructions ». Les ministres étaient contraints de l’employer dans leurs interventions. Mais avec le slogan « gouverner autrement », le Premier ministre a jugé bon de le remplacer par « leadership du chef de l’Etat ». Seulement, depuis son arrivée au pouvoir et ses échecs, il se pose la question de savoir si le « leadership » de Faure Gnassingbé est productif ou non. DSRP, SCAPE, Vision Togo 2030, PND, Sécurité maritime et économie bleue, toutes ces initiatives ont échoué.

Vision Togo 2030

Le 15 avril 2014, après plusieurs mois de travaux conduits par Professeur Kako  Nubukpo, ministre  auprès de la Présidence de la République, chargé de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques Publiques, le processus d’élaboration de la « Vision Togo 2030 » est lancé par le Premier ministre Arthème Séléagodji Ahoomey-Zunu. Dans son intervention, il a soutenu qu’au cours des dernières années, le gouvernement a exprimé sa volonté de faire de la lutte contre la pauvreté la priorité de toutes les priorités de développement. « A ce titre, il a élaboré et adopté le Document de Stratégie de Réduction de la pauvreté (DSRP) et la Stratégie de Croissance Accélérée et de Promotion de l’Emploi (SCAPE). Ces documents constituent le cadre fédérateur de référence des politiques et stratégies de développement du pays à moyen terme et les principaux instruments de négociation avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers », avait-il déclaré.

Pour sa part, le ministre Nubukpo avait indiqué que « Vision Togo 2030 » se décline en : « la formulation d’un cadre  stratégique  au sein  duquel  des politiques  globales  et sectorielles  seront  élaborées  de façon  synergique, en particulier, en articulant les objectifs à court et moyen termes aux  objectifs  à long terme  de la société togolaise »; «l’amélioration  des capacités  d’anticipation et de gestion  concertée du développement » et « le renforcement  des capacités  de gouvernance et  de planification  nationale ».

Les intentions étaient « bonnes ». Et le premier ministre avait précisé que « le Togo ne peut réussir dans ce processus de réalisation de la Vision 2030 que s’il sait se montrer sérieux et persuasif pour compter sur l’appui de ses partenaires qui ont toujours été présents pour accompagner tous nos efforts de développement ». Il avait parfaitement raison. Les autorités togolaises ne s’étant pas montrées sérieuses, la Vision Togo 2030 s’est estompée tel un feu non entretenu. On n’en entend plus parler, ni de la DSRP, ni de la SCAPE qui l’ont précédée.

Sécurité maritime et économie bleue

En attendant de trouver un autre leurre, Faure Gnassingbé et son équipe s’imaginent grand défenseur des mers et océans. Le 10 octobre 2016, ils organisent à coups de milliards de francs CFA le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime, la sûreté et le développement en Afrique. De grands moyens financiers et humains ont été mobilisés pour réussir cette supercherie. Au finish, seuls quelques chefs d’Etat avaient fait le déplacement de Lomé où a été adoptée « La Charte de Lomé » présentée comme un document important pour la sécurité, la sûreté et le développement. Cette charte est soigneusement boudée par les homologues de Faure Gnassingbé qui n’y trouvaient certainement rien de sérieux.

Faisant croire qu’elles ont obtenu quelque chose de probant durant ce sommet, les autorités sortent de leur « boîte à outils d’illusions» une nouvelle expression. Désormais, on parle d’économie bleue, comme si l’océan atlantique allait être redécouvert. Dans tous les discours, on ne parlait que de l’économie bleue. Au fil du temps, l’économie bleue tant vantée s’est résumée en la rénovation du port de pêche de Lomé peuplé de pirogues et pas de chalutiers, mais également en une augmentation du trafic de drogue impliquant les navires battant pavillon du Togo ainsi que le Port autonome de Lomé qui se présente comme une plaque tournante de la drogue. Quant à la sécurité maritime, elle n’est vécue que dans le virtuel. Les côtes togolaises se révèlent les plus dangereuses du continent, avec des records en actes de piraterie maritime.

PND

Le 4 mars 2019, l’hôtel 2 Février a abrité la cérémonie de lancement officiel du Plan national de développement (PND) décliné en trois axes et couvrant la période 2018-2022. On parle de « faire du Togo un hub logistique d’excellence et un centre d’affaires de premier ordre dans la sous-région », « développer des pôles de transformation agricole, manufacturiers et d’industries extractives », et « consolider le développement social et renforcer les mécanismes d’inclusion ».

Comme pour dire que c’est du folklore, le gouvernement a commencé à financer des caravanes de sensibilisation à travers le pays. Les ressources débloquées ont été aussi utilisées dans les voyages présidentiels décrits comme des voyages de mobilisation de fonds. Résultats, les 500.000 emplois promis n’ont pu être créés. Plus curieux encore, le PND a été abandonné. Ses mérites vantés par les anciens premiers ministres Gilbert Houngbo (Togo) et Lionel Zinsou du Bénin, et des experts tels que Carlos Lopes ont été perçus comme de la flagornerie à l’endroit du « Prince ».

Désormais la feuille de route gouvernementale

Mais au Togo, l’échec d’une initiative donne la vie à une autre. Avec Victoire Tomégah-Dogbé, on parle désormais de la feuille de route gouvernementale 2020-2025, un amas de bonnes intentions qui peinent à se traduire en actions.

Au bout de 16 ans de pouvoir, le leadership de Faure Essozimna Gnassingbé s’est révélé stérile. « Je crois qu’il a dû épuiser toutes les idées qu’il a pu avoir en terme de développement, sauf s’il a quelque chose de nouveau à nous apprendre », avait déclaré en 2017 l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. L’échec de ses nombreuses initiatives démontre que si Faure Gnassingbé pouvait réaliser quelque chose pour le Togo, il l’aurait déjà fait.

Géraud A.

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