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Togo : Le passeport vaccinal en question !

« L’ennui, en matière de décision, c’est de ne jamais savoir si on pourra vraiment s’y tenir » (Jacques Languirand)

Face à la méfiance et au scepticisme accrus des populations à se faire vacciner, le gouvernement togolais, par suivisme ou par nécessité, a pris la décision d’instaurer le passeport vaccinal. Une initiatve qui selon le pouvoir, s’inscrit dans le cadre de la stratégie vaccinale. Doté d’un QR code, le document est « fiable, sécurisé et vérifiable » et renseigne sur son titulaire qu’il a bénéficié d’une vaccination complète contre le Covid-19 avec numéros de lots et dates des injections. Le gouvernement précise que le passeport « est infalsifiable et accessible à tous et atteste qu’une personne a eu sa vaccination complète contre la Covid-19 ».

L’objectif  manifestement est d’inciter un plus grand nombre de citoyens encore sceptiques à se faire vacciner afin d’obtenir l’immunité collective. Mais la mayonnaise ne prend toujours pas. Les Togolais sont toujours réticents à se faire administrer le vaccin. A ce jour, environ 300.000 personnes sur 8 millions de Togolais ont reçu le vaccin. Ce bilan très maigrelet est dû à la controverse liée au vaccin AstraZeneca du fait de son efficacité ou sa fiabilité douteuse. Des informations persistantes avaient fait état des effets secondaires notamment des troubles de la  circulation sanguine ainsi que des cas de décès parmi les candidats à la vaccination dans les pays européens dont certains avaient interrompu ou interdit la campagne de vaccination avec AstraZeneca par mesure de précaution.

Pour ne rien arranger, l’Union européenne ne reconnaît pas le Covishield, le vaccin d’AstraZeneca déversé majoritairement sur le continent africain via l’initiative Covax, en raison, selon l’Agence européenne de médicaments, de la possibilité de différences avec l’original. Les capacités de recherches des pays africains étant quasi nulles, ils demeurent dépendants des autres. Ce que les Européens n’acceptent pas, on accueille à bras ouverts et avec un grand sourire sous les tropiques devenus des décharges ou des terres d’expérimentations.

C’est dans cette impasse que le gouvernement togolais brandit à nouveau la menace d’une vaccination obligatoire. L’idée avait fait son chemin entretemps quand des cadres du parti au pouvoir avaient  suggéré de voter une loi pour rendre obligatoire la vaccination, une hypothèse qui avait provoqué un tollé dans l’opinion. Le gouvernement revient à la charge. « A l’allure où vont les choses, la vaccination va devenir obligatoire avec le passeport vaccinal qui sera demandé pour voyager ou pour accéder à certains lieux comme stades et autres », glisse un membre de la Coordination nationale de gestion de la riposte.

Vaccination obligatoire avec quel vaccin ? Le controversé AstraZeneca ? Mystère. Même dans les pays frappés de plein fouet par la pandémie, la vaccination n’est pas obligatoire. A ce jour, seul le Vatican a passé le cap et rendu obligatoire le vaccin. La plupart des pays qui appliquent l’obligation vaccinale l’ont cantonnée à des populations ciblées, comme les soignants. Pourquoi au Togo où les cas de Covid sont relativement très bas, on est autant pressé de vouloir imposer la vaccination et le pass sanitaire ?

D’ailleurs, l’instauration du passeport vaccinal fait débat. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est la première à être sceptique quant à la pertinence d’un tel système. Elle recommandait ainsi de ne pas exiger de preuve de vaccination comme condition d’entrée en raison de l’inégalité de distribution des vaccins et du manque de données scientifiques sur l’impact des vaccins sur la transmission du virus. Idem pour l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui est également opposée à cette mesure.

L’autre problème non moins important est lié à la rupture des doses. Comment dans ces conditions, pourrait-il être alors juste d’accorder des droits à ceux qui ont eu la chance d’avoir reçu leurs vaccins, et de les dénier aux autres, ce que d’aucuns appellent une discrimination pour motif de santé ?

Médard AMETEPE

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