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Education/ Changement de tenues scolaires : Les usines textiles de Datcha et de Kara seront-elles réhabilitées et sollicitées ?

Doit-on se réjouir ou s’en désoler ? Les autorités togolaises réfléchissent au changement des tenues scolaires dans les établissements publics. L’information a été donnée par le ministre de l’Artisanat qui se propose de mettre à contribution les artisans locaux pour proposer des modèles. Mais au-delà des modèles, quid de la provenance des pagnes qui seront commandés par milliers de tonnes au fil des années ?

Les autorités togolaises pensent à changer les tenues scolaires des établissements publics sur toute l’étendue du territoire national. Il n’est que temps, après des décennies d’utilisation du kaki et du corsage blanc.

A en croire le ministre de l’Artisanat, Kokou Eke Hodin, les artisans togolais seront sollicités pour proposer des modèles de pagnes. « Nous attendons d’eux des tenues originales conçues avec du matériel traditionnel », a déclaré le ministre.

Si on était au Burkina Faso, on penserait de suite aux pagnes DANFANI que les artisans de ce pays maitrisent si bien. Au Togo, les tissus traditionnels sont trop chers pour être utilisés comme tenues scolaires, que ce soit au nord en pays moba ou au sud chez les Ewé.

Lorsqu’on veut évaluer le nombre d’élèves aux cours primaires et secondaires, les chiffres tournent dans des millions d’effectifs. Donc le ministre ne saurait rêver aux artisans togolais –en sous-effectif- pour confectionner les tenues scolaires. Après le kaki, le Togo continuera-t-il d’importer désormais des pagnes pour ses élèves alors que deux usines textiles dorment à Datcha et à Kara ?

Lorsque le kaki était choisi, personne n’avait consulté les parents ou le corps enseignant pour recueillir leur avis. A moins qu’on veuille torpiller ce projet parce que n’arrangeant pas les affaires de certains importateurs.

A quand la suite des « instructions » données par le chef de l’Etat ?

Les usines textiles de Datcha et de Kara ont fait leur temps. N’eût été une mauvaise gestion et un manque de vision de la part des autorités, ces joyaux seraient encore opérationnels. Mais qu’à cela ne tienne, peu avant l’élection présidentielle de février 2020, le gouvernement avait fait savoir que tout redeviendra sous peu comme avant.

« Ancien fleuron de l’industrie textile togolaise, l’usine Togotex de Datcha (à quelques kilomètres d’Atakpamé) sera réhabilitée par le gouvernement. L’infrastructure réputée jadis dans la sous-région pour la qualité des pagnes qu’elle produisait, avait cessé de tourner depuis le début des années 2000. Grande pourvoyeuse d’emplois, elle avait employé jusqu’à près de 2000 personnes. L’idée de sa remise en service s’inscrit dans l’ambition de réhabilitation d’un certain nombre d’industries, portée par le gouvernement conformément au Plan National de Développement (PND 2018-2022) », avait écrit le site du gouvernement republiquetogolaise.com

Le Plan national de développement (PND), c’est de 2018 à 2022. Ce qui veut dire qu’il ne reste plus beaucoup de temps avant son terme. Se pourrait-il que Faure Gnassingbé ait blagué les électeurs, juste pour recueillir leurs voix ?

« Des instructions ont été données dans ce sens par le Chef de l’Etat, pour que des mesures soient prises afin que l’industrie textile puisse retrouver sa valeur d’antan au Togo», avait rassuré le ministre en charge de l’Industrie, Kodjo Adedze à l’issue d’une visite sur les installations de l’ancienne usine. « L’objectif de la visite était de s’enquérir de l’état du site, et d’informer les autorités locales et la population des dispositions qui sont en train d’être prises pour la réhabilitation de cette usine », précise-t-on. Où en est-on avec cette réhabilitation ?

Rêve-t-on encore d’importer les pagnes pour les nouvelles tenues scolaires ?

Ce n’est probablement pas fortuit si le ministre de l’Artisanat n’a pas pipé mot sur la provenance des pagnes qui serviront à confectionner les tenues scolaires. On sait que l’importation des kakis et autres tissus pour les corsages constituent la chasse gardée de certains commerçants. Et qu’un changement de paradigme allant dans le sens du patriotisme pourrait être mal accueilli.

Mais il faut bien que la balance commerciale du Togo adopte un jour une tendance excédentaire, parce que les importations auront drastiquement diminué au profit des exportations.

En octobre prochain, le Togo célèbrera encore le mois du « consommer local ». Justement, l’occasion semble trop belle pour que les autorités saisissent la balle au bond pour promouvoir les productions du terroir.

Une usine réhabilitée à Kara et une autre à Datcha, ce sont non seulement des milliers d’emplois nouveaux qui seront créés –déjà que dans le temps, Datcha seul absorbait près de 2000 employés-, mais surtout une relance de l’économie intérieure qui tournera beaucoup mieux.

Chaque année, des millions d’élèves du public prennent les chemins de l’école. Ceci pour dire que le marché pour écouler les pagnes imprimés au Togo existe déjà. Mais progressivement, une politique du gouvernement obligera les établissements privés à commander également leurs pagnes pour tenues scolaires auprès de ces usines.

« Gouverner autrement » est une question de vision, pas seulement de vains mots.

Godson K.

 

 

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