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Sans jamais réussir à réconcilier son pays, Faure Gnassingbé s’improvise médiateur entre les Tchadiens

Faure Gnassingbé s’est impliqué dans la résolution de la crise politique au Tchad. Selon les informations, depuis la disparition d’Idriss Déby, le numéro 1 togolais organise des réunions avec les groupes rebelles tchadiens pour préparer le dialogue national avec les nouvelles autorités conduites par le fils du président défunt. Curieuse entreprise pour celui qui n’a pas réussi en plus de trois mandats à réconcilier son pays. Il peine même à réunir autour de la table les acteurs politiques pour les discussions au sein de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP).   

Dans le cadre de cette mission, les autorités togolaises ont multiplié les consultations avec les rebelles tchadiens, depuis le mois d’avril. « D’abord limitée aux quatre principaux groupes politico-militaires du Tchad : l’UFR, le CCMSR, le FNDJT et le FACT, elles ont ensuite été élargies à cinq groupes armés supplémentaires, avant de se resserrer de nouveau aux quatre groupes de départ… Le but de l’initiative togolaise est de recueillir les revendications des rebelles en vue de leur contribution au dialogue national tchadien auquel semble vouloir se plier le nouveau pouvoir à N’Djamena », rapporte RFI.

Selon la consœur qui cite une source, la position des groupes rebelles semble inconciliable avec celle des autorités tchadiennes puisque les rebelles réclament une amnistie générale, la libération des prisonniers de guerre et des prisonniers politiques, mais refusent en bloc de reconnaître le Comité militaire de transition de Mahamat Idriss Déby. De même, ce dernier refuse de considérer les rebelles du FACT, « à l’origine de la mort d’Idriss Déby », comme partie au dialogue national.

Cette intrusion du Togo dans les affaires tchadiennes n’est pas une première. En 1979, le père de Faure Gnassingbé a joué le médiateur entre les deux chefs de guerre tchadiens Hissène Habré et Goukouni Oueddeye. Le chef de l’Etat togolais veut donc marcher sur les pas de son géniteur. Mais une chose est certaine, les groupes rebelles tchadiens, mais surtout l’opposition doit redoubler de vigilance vis-à-vis de cette initiative togolaise.

Comme Mahamat Idriss Déby Itno, Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir à la mort de son père. C’était en février 2005. Un an après et dans l’impossibilité de gouverner le pays, il a eu recours à la médiation de l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré. Un dialogue a été organisé et à abouti en 2006 à la signature de l’Accord politique global (APG). Cette convention qui a permis à Faure Gnassingbé de souffler un peu préconisait des réformes constitutionnelles et institutionnelles qui n’ont jamais été faites dans le strict respect de l’esprit de l’APG. La première conséquence de cet accord est que Faure Gnassingbé est devenu plus puissant qu’il ne l’était lors de son accession sanglante au pouvoir. C’est peut-être le même schéma qui se dessine au Tchad où Mahamat Idriss Déby Itno finira par s’éterniser au pouvoir comme c’est actuellement le cas de Faure Gnassingbé au Togo.

Cette prétention du régime à vouloir régler les problèmes des autres pays laisse les citoyens ahuris. Et pour cause, le Togo est assis sur un volcan qui dort. Depuis son arrivée, le fils d’Eyadéma n’a pas réussi à pacifier, encore moins à réconcilier ses compatriotes. D’ailleurs, il est lui-même à la tête d’une famille divisée, mais dont l’expression de désapprobation est étouffée par les billets de banque.

A la tête d’une famille divisée et d’un pays en lambeau, Faure Gnassingbé ne peut pas prétendre régler les problèmes des autres pays. Peut-être va-t-il s’inspirer d’un homme qui donnait de l’argent aux parties en conflit pour acheter leur silence. Depuis quelques mois, le gouvernement a initié la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) dirigée par un homme dont la personnalité suscite division et méfiance. Des formations politiques ont déjà quitté cette concertation pour protester contre le rejet de leurs préoccupations, alors que certains ont simplement décliné l’invitation, proposant des préalables aux discussions. Après avoir menacé de claquer la porte, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre a depuis plusieurs semaines suspendu sa participation. Aux dernières nouvelles, le parti orange aurait simplement retiré ses représentants.

Si Faure Gnassingbé ne parvient pas à réussir des discussions au sein de la CNAP, par quelle alchimie réussira-t-il à faire régner la paix entre les belligérants tchadiens ? Sans oublier qu’au Mali, son ingérence est mal vue au sein de l’opinion. Il a voulu s’y imposer comme le principal interlocuteur des autorités de transition. Mais grande fut sa désillusion.

G.A.

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