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Pour de meilleures pratiques de gouvernance au sein de la CEDEAO

« Dans un contexte sous-régional, où la mode consiste à ruser pour s’autoriser un troisième mandat, sinon la présidence à vie, il n’y a rien de tel qu’un engagement ferme à respecter la Constitution et à s’en aller au terme de son second mandat » (Jean-Baptiste Placca)

Du 8 au 10 juillet 2021 se tient à Cotonou au Bénin, le deuxième Sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie sous le thème : « Vision 2050 de la CEDEAO : vers la CEDEAO des peuples». A l’initiative des Universités sociales du Togo (UST), ces assises réunissent plusieurs autres organisations de la société civile africaine, à l’instar de Tournons la page, Africans Rising, CREA, Front Citoyen Togo Debout, Synergie Togo, etc. et un parterre d’invités.

L’enjeu pour les OSC, selon Professeur David Dosseh,  est de « s’affirmer davantage comme un véritable contre-pouvoir face à des autorités politiques omnipotentes et de constituer un véritable rempart face aux velléités de plus en plus affirmées d’autoritarisme afin de contribuer à améliorer la gouvernance au sein du continent ».

L’enjeu c’est également d’amener les 15 Etats de la CEDEAO à imposer l’alternance démocratique en leur sein à travers la limitation du mandat présidentiel à deux et annihiler par la même occasion le syndrome du troisième mandat et surtout de rendre les institutions démocratiques des pays membres solides, fiables et crédibles. Bref s’inscrire dans la même logique que l’ancien président ghanéen Jerry John Rwalings qui disait : «Ce que nous voulons faire du Ghana, c’est de mettre en place des institutions et pratiques tellement fortes que même si le diable lui-même venait à diriger ce pays, qu’il ne puisse pas faire ce qu’il veut, mais soit obligé de respecter les lois en place».

Ces mécanismes ont été d’ailleurs prévus dans les pertinentes dispositions du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, mais que le club des chefs d’Etat solidaires dans le mal, a pris un vilain plaisir à fouler allègrement aux pieds. En 2015, pour se resaissir et remettre l’institution communautaire sur les rails démocratiques, la Commission de la CEDEAO avait exigé lors du 47ème sommet à Accra que tous les Etats membres harmonisent leur législation afin de prévoir un maximum de deux mandats présidentiels. Mais la Gambie de Yahya Jammeh et le Togo de Faure Gnassingbé avaient fait bloc pour dire non à cette noble initiative sous-régionale. Les décideurs au nom des 15 avaient préféré s’inscrire dans la médiocrité en satisfaisant les desiderata des deux dictateurs. Conséquence, l’intégration démocratique tant rêvée a été torpillée.

C’est encore le chef de l’Etat togolais qui avait opposé un refus catégorique à la limitation du mandat présidentiel à deux -son compère Yahya Jammeh avait été entretemps contraint à quitter le pouvoir-, qui est porteur du syndrome du troisième mandat. Même si l’ancrage de la démocratie y est à parfaire, l’Afrique de l’Ouest était naguère perçue sur le continent comme un espace où les avancées démocratiques sont indéniables. Mais la folie du 3ème mandat a plongé la CEDEAO dans un état de mort cérébrale, avec les faillites électorales et démocratiques qu’on connaît aujourd’hui.

Justement la mission que se donnent les organisations de la société civile et mouvements citoyens des différents pays membres de l’espace CEDEAO lors du Sommet de Cotonou est de renforcer leur action pour de meilleures pratiques de gouvernance au sein de l’espace communautaire, formuler des stratégies de plaidoyer pour l’application effective du protocole de démocratie et de bonne gouvernance de la CEDEAO. Il est temps.

Médard AMETEPE

 

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