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La France au banc des accusés

« Entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour (…) La France a une part d’Afrique en elle. Nos destins sont liés » (Emmanuel Macron)

Accusée à tort ou à raison d’être celle par qui le malheur arrive à la mère Afrique et ses fils, la France prend énormément de coups. Le sentiment anti-français prend de l’ampleur sur le continent, surtout au sein des anciennes colonies françaises. Au grand désarroi des dirigeants français. Les ressentiments envers la France sont si forts que ce pays a pris la décision de suspendre sa coopération militaire avec la Centrafrique au motif que le gouvernement est incapable de mettre fin aux «campagnes massives de désinformation» visant des représentants français.

D’après le ministère des Armées de la France, 10 millions d’euros d’aide budgétaire ont été supprimés à son ancienne colonie ; et stoppée toute coopération militaire directe. «Un certain nombre d’engagements pris par les autorités centrafricaines vis-à-vis de la France n’ont pas été tenus », a-t-il dit, évoquant notamment les campagnes en ligne destinées selon lui à nuire à l’influence française.

Décision similaire à l’endroit du Mali. Même si cette suspension fait suite au deuxième coup d’Etat militaire contre la transition malienne. Finalement les autorités françaises sont revenues à de meilleurs sentiments et ont renoué de nouveau la coopération avec le Mali.

Cependant, le sentiment anti-français est toujours vif sur le continent. C’est le jeune fougueux et leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, opposant farouche à Macky Sall contre un 3ème mandat de celui-ci qui mène une offensive fulgurante contre l’ancienne puissance coloniale accusée de soutenir le président sénégalais.

« Il est temps que la France lève son genou de notre cou. Sept siècles de misère faite de traite humaine, de colonisation et aujourd’hui de néocolonisation, cela suffit. Il est temps que la France nous foute la paix. Il est temps que la France prenne exemple sur ses voisins européens. L’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne avaient des colonies avant, mais n’exploitent personne, ne font pas ingérence, n’imposent pas des dirigeants dans leur ancienne colonie », fustige Ousmane Sonko.

« Au nom de quoi la France croit pouvoir continuer à nous imposer des dirigeants, à faire des choix à notre place ? Cela doit cesser. L’Afrique nouvelle, la jeunesse africaine, les élites africaines, la diaspora africaine, disent non », a-t-il insisté. Et d’ajouter : « Si la France veut Macky, on lui cède volontiers ».

Comme un effet boule de neige, le Parti national Panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam au Togo a repris la balle au bond. Dans sa réunion hebdomadaire organisée le samedi 4 juillet 2021, les responsables du parti ont jeté à leur tour le pavé dans la mare. Accusant la France de se sucrer sur le dos du Togo et des autres pays africains de la zone franc.

« Les dirigeants africains stockent, mobilisent dans les caisses du trésor français les immenses capitaux financiers indispensables au développement socioéconomique de l’Afrique. Au moment où nos recettes d’exportation garnissent les caisses de l’Etat français, nous Africains, souffrons des affres de la pauvreté, et excellons dans la mendicité de l’« aide financière internationale » généreusement octroyée par les pays dits donateurs dont la France », dénonce le PNP.

Tant que la France ne reverra pas sa politique africaine en établissant avec ses anciennes colonies, des relations fondées sur la promotion de la démocratie et l’état de droit, le respect des droits humains, la bonne gouvernance, etc., le sentiment anti-français prospèrera.

Médard AMETEPE

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