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Multiplication des conflits fonciers sur fond de corruption de la justice Faure Gnassingbé, juges et forces de l’ordre interpellés

De pareilles histoires paraissent irréalistes et pourtant, elles sont toutes vraies. Des villages entiers accaparés par des inconnus ou des tiers se réclamant propriétaires semble le fait le plus à la mode dans le pays. Et la liste des localités minées par ces conflits fonciers s’allonge. La justice corrompue ne fait que rendre la situation plus préoccupante.

Depuis la mi-juin 2021, les populations de Gapé-Tokplakopé (Commune Zio 4) ont été expulsées manu-militari de leurs maisons et contraintes de passer les nuits dehors, à la merci des intempéries et du danger. Ils sont, selon les informations, plusieurs centaines de familles à vivre cette situation douloureuse, passent la nuit  à la belle étoile et sous la pression des intempéries. « En tant que Togolais, nous participons aux élections. Nous remplissons nos devoirs citoyens. Nous avons construit des écoles primaires et secondaires, des églises, tout ça dans le village. D’un seul coup, des forces de l’ordre sont venues tout détruire, les portes, les habitations et autres sans que personne ne dise mot. Elles étaient armées de fusils et de gaz lacrymogènes, ces gens en tenue ont enlevé les portes et les fenêtres des habitations, de l’argent, les toits de clôture qu’ils ont emportés. Ils nous ont pillés », rapporte un confrère qui cite l’une des victimes. Cette dernière déplore l’effet de surprise de cette expulsion, arguant qu’aucun procès n’a eu lieu à propos de leurs propriétés.

D’après les témoignages, la personne aux manettes de cette « insurrection » se nomme Messan Zadji. Il serait le seul à se réclamer propriétaire de tout le village de Gapé-Tokplakopé alors que sa famille serait minoritaire dans la localité et ne saurait donc prétendre détenir tout le village. «Chez les Zadji, il n’y a que deux cases qui ne sont même pas aménagées. Dire que ce sont ces gens qui cherchent à déloger les autres, c’est inadmissible … Normalement, les démarches du préfet étant en cours, ces gens ne doivent pas faire ce qu’ils sont en train de faire. Jusqu’à présent, on a cherché en vain l’auteur de ces actes, Messan Zadji », a indiqué Togbui Fetse Koffi Paul VI, Chef canton de Gapé qui avait initié des actions afin que les autorités administratives trouvent une solution à ce conflit qui apparait comme du déjà-vu.

En effet, Gapé-Tokplakopé n’est pas la seule localité engluée dans un litige foncier de cette envergure. Avant elle,  deux autres localités de la préfecture de Zio vivent la même misère. Il s’agit de Davié-Kpota et Djagblé Gbamakopé. Toutes sont contraintes à l’appétit vorace d’individus qui n’ont souvent aucun lien avec les propriétés dont ils se réclament détenteurs. Mais ce qu’il y a de commun dans ces affaires, c’est la manipulation de la justice par les plus puissants qui empêchent l’exécution des décisions qui ne les favorisent pas. Il suffit pour eux de corrompre les juges pour que leur plan se déroule comme sur des roulettes.

Mais ce qui paraît le plus surprenant, c’est l’implication des forces de l’ordre. A Gapé-Tokplakopé comme à Davié-Kpota ou Gbamakopé, les corps habillés ont été déployés en nombre impressionnant pour faire entorse à des décisions de justice ou pour imposer la loi du silence. S’ils ont été la main-d’œuvre utilisée pour faire déguerpir les populations à Gapé-Tokplakopé, à Gbamakopé, policiers et gendarmes ont établi un camp. Tous les jours, ils sont près de deux cents à être convoyés dans la localité qu’ils ne quittent que dans l’après-midi. Il s’agit d’un véritable siège. Pourtant, les forces de l’ordre ont l’obligation de préserver les intérêts des populations et non le contraire.

La justice corrompue et manipulée, il ne reste aux populations que de recourir à Faure Gnassingbé. C’est ce que les populations de Gapé-Tokplakopé ont fait. Et toutes les autres localités d’ailleurs. « Le gouvernement est-il bien au courant ? On se demande. Puisque nous avons été surpris par les faits. Nous nous demandons pourquoi il existe un gouvernement qui nous dirige et que nous avons choisi, et les militaires qui sont là pour notre défense nous font vivre ce malheur. Nous demandons la clémence du Chef de l’Etat pour que cesse notre périple à Gapé-TokplaKopé », a lancé le pasteur Adabra Holagnon dont l’église a été aussi saccagée durant l’expulsion.

Que les victimes de ces litiges fonciers soient du nord ou du sud, du parti au pouvoir ou de l’opposition, nanties ou pauvres, etc., la situation est assez préoccupante pour que Faure Gnassingbé rompe son silence en appelant les juges au respect de leur serment. Il doit également rappeler les forces de défense et de sécurité à rester en retrait de ces manipulations. Déjà pour la seule préfecture du Zio, les foyers de conflits fonciers atteignent la demi-douzaine si on ajoute aux cas précédemment cités les localités de Kpomé et Adétikopé.

Par ailleurs, même s’il faut saluer le déplacement dans la localité du ministre en charge de l’Urbanisme, cela ne suffit pas. Faure Gnassingbé ne doit pas en rester là.

G.A.

 

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