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Nouvelle modification du code du travail : Ces députés si soumis à Faure Gnassingbé  

Jamais le Togo n’a enregistré une si piètre performance ! Six mois après l’adoption du nouveau code du travail, les députés procèdent à une nouvelle modification. 20 articles ont été retouchés, à la demande du gouvernement. Cette sollicitude légendaire des députés de la 6ème législature n’augure rien de bon pour le développement et la bonne gouvernance du pays. 

Adopté en décembre 2020, le nouveau code du travail vient de subir une nouvelle opération chirurgicale. Réunis ce mardi 15 juin 2021, en la dixième séance plénière de la première session ordinaire de l’année 2021, les députés ont apporté de nouvelles modifications à ce texte qui régit le monde du travail. Selon les rapports, les propositions de modifications ont porté sur les dispositions d’une vingtaine d’articles. « Cette nouvelle délibération a pour but de donner le plus de place à la négociation collective dans le droit du travail pour renforcer la compétitivité de l’économie et développer l’employabilité des salariés. Elle apporte plus de souplesse aux entreprises pour adapter le temps de travail, de repos et de congés en tenant compte des variations de l’activité de l’entreprise », a tenté de justifier Chantal Yawa Djigbodi Tsègan, présidente de l’Assemblée nationale.

Il s’agit de la deuxième modification, en l’espace de 6 mois, apportée au code du travail adopté en 2006. Comme annoncé par le gouvernement lors du conseil des ministres du 24 février 2021, les nouvelles modifications adoptées sont principalement liées aux activités des organisations syndicales. « Dans le but de renforcer la modernisation des relations sociales, le Gouvernement a souhaité apporter des modifications additionnelles notamment quant aux conditions et modalités de création des organisations syndicales ainsi qu’à l’exercice du droit de grève. Ces propositions de modifications visent à promouvoir davantage le dialogue social et l’esprit de compromis au sein des entreprises ou secteurs d’activités. De plus, elles favorisent le développement d’un syndicalisme plus responsable afin de préserver les droits des salariés, l’activité économique et les emplois », a indiqué le gouvernement. Sans doute pour éviter un nouvel épisode semblable à celui du Syndicat des enseignants du Togo (SET) qui, pendant plusieurs semaines, a donné l’insomnie au gouvernement.

La modification est donc adoptée, mais cela n’est pas sans répercussions sur l’image même de l’Assemblée nationale, devenue depuis le début de cette législature, un parlement « mouton », pour utiliser l’expression consacrée aux législatures du temps de feu Gnassingbé Eyadema. Certes, les conditions d’accession au siège de députés pour l’actuelle législature laissent à désirer. Cela ne doit pourtant pas constituer un motif pour que les « élus » du peuple se comportent comme des sujets du pouvoir exécutif. Nous passons sous silence le faible background politique des parlementaires, et le tâtonnement avec lequel ils ont toujours géré les affaires.

Ce qui dérange dans le comportement de la présente législature, c’est que ceux qui siègent semblent ne rien comprendre à leur mission qui n’est pas de toujours voter les textes à l’unanimité, mais de contrôler les actions du gouvernement. Difficile de comprendre que des députés se réunissent, papotent comme dans une cour de récréation, votent une loi et se retrouvent six mois plus tard pour le même processus relatif à la même loi. L’Assemblée nationale est devenue un ordinateur obéissant à toutes les commandes du gouvernement. Sinon, les députés auraient constaté des manquements dès la première lecture du code du travail pour y apporter des amendements avant son adoption. A supposer que dans deux mois, le gouvernement, piqué par on ne sait quelle mouche, décide de nouveau d’apporter de nouveaux amendements. Quelle sera leur attitude ? Sans doute, ils vont encore se réunir et lever les mains comme des automates. Et c’est dangereux pour le pays.

Un bon gouvernement doit avoir peur d’une telle institution qui soutient sans conditions, se mure dans un silence et adopte la politique de l’autruche. Une telle institution est contre-productive, sur tous les plans. Cela se constate d’ailleurs sur le terrain. Dès la survenue de la pandémie de la Covid-19, les députés ont vite fait de céder le passage en confiant leurs prérogatives au gouvernement. Ce qui est inquiétant, c’est qu’ils ont continué de permettre au gouvernement de diriger le pays par décrets, sans jamais demander des comptes.

Comme s’ils vivaient sur une autre planète, les députés se refusent d’évoquer la cherté de la vie ainsi que les augmentations successives appliquées par le gouvernement. C’est vrai, ils ont leur dotation en carburant, mais cela ne les empêche pas de faire comprendre au gouvernement qu’en de pareille situation de crise, ces mesures sont impopulaires. Malheureusement, les actuels députés sont trop soumis pour contribuer efficacement au développement et à la bonne gouvernance dans le pays. Ils oublient que si « quelqu’un laisse et quelqu’un prend », le second quelqu’un doit s’efforcer d’être aussi efficace que son prédécesseur.

G.A.

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