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La CNAP handicapée par l’absence de l’ANC, du CAR et de la DMK : Difficile concertation avec le régime de Faure Gnassingbé

On croyait les travaux de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP) évoluer malgré les doutes émis par certains acteurs politiques. Il n’en est rien. Depuis fin mai 2021, le parti de Jean-Pierre Fabre a cessé sa participation dénonçant le refus du régime de Faure Gnassingbé de prendre en compte leurs préoccupations. Le Comité d’action pour le renouveau (CAR) avait suspendu sa participation pour les mêmes motifs. Ils rejoignent la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK) qui dès le départ, avait conditionné sa participation au règlement de la crise post présidentielle de février 2020.

Un nouvel échec

C’est la conclusion immédiate suite à l’information relative au retrait de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de la Concertation nationale des acteurs politiques (CNAP). Cette structure initiée par le gouvernement à travers le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires doit discuter des conditions consensuelles d’organisation des prochaines élections régionales. Mais elle semble déjà se diriger vers un échec avec le départ d’un des ténors de la classe politique de l’opposition togolaise.

En effet, l’intention de l’ANC de se retirer de la CNAP a été notifiée au ministre Payadowa Boukpessi il y a deux semaines. Dans cette lettre, le parti de Jean-Pierre Fabre dénonçait certaines conditions qui entourent les travaux de ladite concertation et le manque de volonté du RPT/UNIR d’aller vers le consensus. Pour l’ANC, il apparait clairement dans les comptes-rendus des débats que le gouvernement s’accroche aux dispositions actuelles qui lui confèrent la majorité dans les institutions en charge des élections.

Pourtant, il devrait saisir l’occasion de ces discussions pour procéder aux réformes nécessaires à des élections transparentes. Allusion faite à la composition, notamment de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), institution au sein de laquelle le régime de Faure Gnassingbé conserve la majorité des sièges, se garantissant ainsi la proclamation de résultats frauduleux. « Le rejet par le gouvernement, de mesures qui, à l’évidence, doivent contribuer à la transparence des élections et empêcher la fraude, confirme, une fois encore, le manque total de volonté du pouvoir en place, d’assainir le cadre électoral de notre pays », a dénoncé Jean-Pierre Fabre.

Pour le président de l’ANC, qui a souligné que les préoccupations de son parti ont été rejetées, il y a donc lieu de s’interroger sur les raisons réelles de la tenue des discussions en cours, si ces dernières ne doivent pas aboutir à l’assainissement du cadre électoral et à l’apaisement du climat politique. «Dans ces conditions et à défaut de réelles avancées prenant en considération les préoccupations légitimes, objet de constantes revendications de mesures d’apaisement et de réformes électorales formulées par l’opposition depuis de nombreuses années, l’ANC se verra contrainte de ne pas s’associer au semblant de consensus qui se dessine contre son gré », a conclu le maire de la commune Golfe 4. L’ANC, le CAR et la DMK semblent être sur la même longueur d’onde.

Avant l’ANC, le CAR a quitté la CNAP, la DMK l’a boudé

Dans sa lettre, l’ANC a évoqué le fait que «les discussions ne peuvent nullement occulter l’indispensable assainissement du climat politique par des mesures d’apaisement ». Une position qui semble rejoindre celles d’abord de la DMK et ensuite du CAR. Et pour cause, alors que les principaux partis politiques de l’opposition avaient décidé de prendre part aux travaux de la CNAP, la Dynamique Monseigneur Kpodzro dont le candidat réclame toujours la victoire a refusé de s’y joindre.

Au cours d’une conférence de presse, le regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile signifiait au gouvernement qu’il est impossible de faire table-rase du contentieux électoral né de la présidentielle du 20 février 2020 et entamer des discussions sur un nouveau processus électoral. « Les velléités de banalisation et de déni de la crise post-électorale qu’affiche le régime de fait à Lomé, soutenu par certains acteurs de la classe politique, sont un leurre et une grave faute politique et une méprise de la volonté populaire », avaient soutenu les responsables de la DMK qui réclament principalement la résolution du contentieux électoral, l’abandon des charges et poursuites judiciaires contre ses responsables, le retour au Togo et en toute sécurité d’Agbéyomé Kodjo « afin qu’il participe personnellement aux discussions ».

La Dynamique est vite rejoint par le Comité d’action pour le renouveau (CAR). Après sa participation à deux réunions de la CNAP, le parti se désolidarise et quitte la concertation, s’indignant du fait que ses points de vue n’avaient pas été pris en compte par les initiateurs de la concertation. Dans un courrier en date du 2 février 2021, le parti de feu Me Yawovi Agboyibo déclarait que « lors de la première et de la deuxième rencontre préparatoire du dialogue, tenues respectivement les 14 décembre 2020 et le 19 janvier 2021, les principaux sujets de préoccupation soulevés par le CAR, notamment le règlement politique de la crise post-électorale en vue de la tenue d’un dialogue inclusif, franc et sincère, ont été balayés du revers de la main ».

C’est ce même rejet des préoccupations qui a occasionné la décision de l’ANC de se retirer de la CNAP. Un coup dur pour cette entité qui perd le principal parti politique de l’opposition dont le candidat, selon le parti, est arrivé 3ème au soir de la présidentielle de février 2020. Tout compte fait, le régime de Faure Gnassingbé fait encore preuve de gloutonnerie en voulant continuer de faire main basse sur les institutions en charge de l’organisation des élections. On peut en déduire que le parti au pouvoir a « gagné » les élections, non pas dans les urnes, mais grâce aux institutions qui proclament les résultats.

Sur un autre aspect, le régime RPT/UNIR renforce la conviction de ceux qui soutiennent que Faure Gnassingbé n’a pas l’intention de céder ne serait-ce qu’un iota de son pouvoir.

G.A.

 

 

 

 

 

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