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Déni de la santé humaine dans la commune du Golfe 6 : Une cimenterie polluante sera implantée entre des habitations à Baguida

Les autorités togolaises iront-elles jusqu’à sacrifier la santé de milliers d’habitants sur l’autel d’intérêts et dans le seul but de faire plaisir à un milliardaire ? Passée l’euphorie de l’annonce de l’implantation d’une cimenterie du géant Aliko Dangote au Togo, l’heure est à la surprise dans la commune du Golfe 6 à Lomé. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) aurait déjà scellé le bail pour concéder son espace situé entre les cités de Baguida, de l’Uémoa et de la BCEAO à l’implantation de l’usine de production de ciment. Une dégradation environnementale en devenir !

Il faut pouvoir géolocaliser l’emplacement « décidé » pour accueillir l’usine de production de ciment de la société nigériane Dangote pour mieux cerner le drame qui risque d’affecter pour des décennies les populations de la commune Golfe 6 à Baguida.

Que vaudrait le processus de décentralisation au Togo si les décisions et avis des conseillers municipaux doivent être ignorés par l’autorité centrale ? Surtout que dans le processus de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, un regard de plus en plus perçant est porté sur la consultation des populations des zones dans lesquelles des structures industrielles et minières doivent être implantées.

Le 7 novembre 2019, deux accords de partenariat dont un portant sur l’implantation d’une cimenterie ont été signés entre le gouvernement togolais et la société Dangote. Le communiqué en ce temps parlait d’une production de ciment dans la nouvelle cimenterie à partir du clinker togolais et nigérian et déclinait l’objectif poursuivi. « Cette usine d’une capacité annuelle de 1,5 millions de tonnes de ciments permettra au gouvernement togolais de répondre aussi bien à la demande locale qu’à celle des pays limitrophes ».

Mais pour on ne sait quelle raison, le timing retenu n’avait pas été respecté. « Les travaux de construction de cette firme industrielle démarrent au 1er trimestre 2020 et sa mise en service interviendra avant la fin de l’année prochaine. L’investissement estimé à 60 millions de dollars, permettra la création de 500 emplois directs », précisait le communiqué. Possible que la pandémie du coronavirus soit passée par là. Mais l’endroit retenu pour implanter la cimenterie constitue une menace sociale pour des milliers d’habitants.

A Baguida, il existe trois cités dont celles de la CNSS, de la BCEAO et de l’UEMOA. Et entre elles, situé au bord de la grande route, un espace de 13 hectares, selon un conseiller municipal, destiné à…accueillir l’usine de ciment Dangote !

Les conseillers municipaux étant les représentants des communautés de la zone, ceux-ci ont opposé un refus à l’implantation de l’usine sur cet espace, en prenant soin d’indiquer un autre emplacement, toujours dans la commune, mais qui a l’avantage de border le fleuve Zio. Les rejets de l’usine pourraient être directement déversés dans ce fleuve.

Nous avons appris à la mairie du Golfe 6 que les cadres du milieu ont été approchés et consultés par le cabinet en charge des études d’impact environnemental et social, Bureau Technique d’Etude de Développement et d’Environnement (BTEDE). L’avis de ces cadres est aussi défavorable à l’implantation de l’usine sur ce domaine.

C’est alors que les agents du cabinet, ensemble avec le 3ème conseiller de la mairie et d’autres personnes, s’étaient rendus sur le nouveau site proposé à la société Dangote le long du fleuve, toujours dans ladite commune. Il s’est avéré que ce site était plus spacieux et aura des effets à minima sur les populations. Selon des sources, le cabinet aurait jugé le site plus propice.

Mais subitement, il aurait été signifié à la commune que le bail de location aurait été conclu avec la CNSS pour le site qu’on cherche à imposer. Les conseillers municipaux seraient-ils déjà considérés comme des faire-valoir au Togo dans les consultations pour des projets de développement ? Tout en a l’air.

Or, il nous a été confirmé que le domaine convoité par Dangote serait un domaine litigieux entre la CNSS et la collectivité Kpele Hlomadi. L’affaire serait toujours devant la justice. Mais comme pour court-circuiter cette collectivité, la conclusion d’un bail en faveur de la CNSS sonnerait comme la voie indiquée à la justice pour trancher ce litige foncier au profit de la CNSS.

Et pourtant, le conseil municipal aurait un projet social plus noble

Ils ont été élus pour participer au développement de leur commune. C’est ainsi que selon des indiscrétions, les conseillers municipaux nourrissaient le désir d’approcher la CNSS afin que ce domaine de 13 ha soit concédé à la commune pour…implanter un hôpital digne de ce nom, au profit des populations de Baguida et autres aux alentours.

Lorsqu’on sillonne Baguida, on constate avec tristesse que le milieu manque de structure de soin en mesure de prendre en charge les problèmes de santé de divers ordres. Quoi de plus normal et louable que des conseillers pensent à doter la commune d’un centre de soins viable ! Malheureusement, les intérêts d’un opérateur économique étranger semble primer sur les besoins existentiels des populations togolaises.

Le choix du site problématique n’est pas fortuit

Alimenter l’usine de production de ciment à partir du clinker togolais et nigérian, voilà la source du choix du site. En effet, selon les informations recueillies à la mairie du Golfe 6, l’usine en devenir sera alimentée les premières années par le clinker nigérian. Or, le nouveau site que la mairie propose n’est pas situé directement sur la route nationale N°2, Lomé-Aného. Contrairement au site que la CNSS se précipite à bailler à Dangote et dont les inspecteurs des finances ne sauront peut-être jamais par où l’argent du bail sera passé.

La société Dangote pense à exploiter un site qui minimise ses coûts de transport, mais dont les impacts sur la santé des populations riveraines et la métamorphose environnementale lui importent peu.

On parle d’une étude d’impact dont les conclusions sont favorables à cette implantation. Comment pourrait-il en être autrement lorsque le commanditaire de l’étude dispose du nerf de la guerre ? Il devrait y avoir une seconde étude d’impact, mais cette fois-ci sur le nouveau site, afin que les décideurs aient des éléments de comparaison. Ce n’est pas parce qu’un site a été retenu, qu’il faut nécessairement le garder.

Dans les nouvelles directives de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, la consultation et l’avis des populations riveraines de l’entreprise minière à implanter devient de plus en plus indispensable. Or, il se trouve que les cadres du milieu, les conseillers municipaux et la population s’élèvent contre une usine polluante parmi les habitations de Baguida. « Je sais que si un ou des ministres ou encore la cheffe du gouvernement ou mieux, si le chef de l’Etat avaient leurs résidences dans ces cités, certainement que Dangote serait prié d’accepter le nouveau site le long du fleuve, afin qu’ils ne soient pas troublés dans leur quiétude », a assuré un conseiller municipal.

Godson K.

 

 

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