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Etre conseiller d’un opposant devient risqué au Togo

« Le premier des droits de l’homme c’est la liberté individuelle, la liberté de la propriété, la liberté de la pensée, la liberté du travail » (Jean Jaurès)

Pendant que Faure Gnassingbé, éternel globe-trotter arpente les capitales européennes à la recherche d’une légitimité à lui jamais conférée par les électeurs en interne, pendant que les langues mielleuses rivalisent d’ardeur pour attirer les investissements de la diaspora, alors que le Plan national de développement (PND) cherche investisseurs privés pour sa réalisation, la chasse aux opposants se poursuit au Togo.

Depuis que les résultats préfabriqués de la dernière présidentielle ont fait rentrer le parti orange dans sa coquille de par le nombre de suffrages à lui attribué, c’est sur d’autres « récalcitrants » que s’abat la foudre des tenants de l’ordre ancien.

D’abord Djimon Oré dont le tort et le crime furent de porter un jugement critique sur l’état de la gouvernance et d’établir une comparaison entre le cas togolais et génocide rwandais. En début de semaine, c’est au tour de Paul Missiagbeto, conseiller spécial du président national du Mouvement pour la démocratie et le développement (MPDD) de « goûter » aux méthodes peu conventionnelles des agents du Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC).

« La formation politique MPDD a appris avec une grande consternation, l’enlèvement de monsieur Paul Missiagbéto, conseiller spécial du président national du MPDD, par des personnes en civil se réclamant de la gendarmerie, aux motifs non encore élucidés et suivie d’une double perquisition, le tout sans le moindre document les y habilitant et avec une des rares brutalités comme à l’accoutumée », s’est indigné le parti.

Et contrairement à l’article 17 de la Constitution togolaise qui dispose  que « toute personne arrêtée a le droit d’être immédiatement informée des charges retenues contre elle », le prévenu est gardé à vue sans que les faits à lui reprochés ne lui soient signifiés. Et comme relevé plus haut, sans aucun document de justice !

Doit-on comprendre que par « gouverner autrement », le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé faisait savoir que le droit sera désormais subordonné aux actes des forces de l’ordre ? Doit-on comprendre que l’image du Togo à l’international est le cadet des préoccupations des autorités ?

Le pays se prépare à passer l’Examen période universel (EPU) en matière des droits humains. Il est également à la recherche d’investissements privés pour son développement. Seulement, la succession d’actes violant les bases du droit international n’est point de nature non seulement à convaincre les examinateurs, mais aussi à donner des gages de garantie aux Togolais de la diaspora qui aspirent rentrer et investir au pays.

En dehors de ces actes, on ne saurait passer sous silence l’arrestation cavalière et la garde à vue du coordonnateur du projet Kennedy Round sans aucun document d’un quelconque procureur. Il a suffi qu’un Colonel intimide l’Adjoint au Commissaire pour que celui-ci mette le grappin sur le coordonnateur qui, heureusement, a recouvré sa liberté le lendemain. En attendant. Ainsi va la liberté, ainsi procède-t-on quand on veut pourrir la vie aux citoyens. Mais jusqu’à quand ?

Godson KETOMAGNAN

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