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Suspension du Directeur des affaires maritimes : La fin de trois années de galère des gens de mer

La décision est tombée le 28 avril 2021, Matchonnawè Hubert Bakaï n’est plus Directeur des affaires maritimes du Togo. Dans l’arrêté N°008-2021/MEMPPC/CAB, le ministre de l’Economie maritime, de la Pêche et de la Protection côtière, Edem Kokou Tengué a décidé de le suspendre à titre conservatoire de ses fonctions de Directeur des affaires maritimes. Cette suspension fait suite à l’arrêté N°1336/MFPTDS du 14 avril 2021 déférant l’intéressé devant le conseil de discipline. On peut y voir la fin d’une période  décevante et douloureuse pour les gens de mer.

Pour l’heure, les raisons de cette décision ne sont pas connues, mais tout porte à croire que le ministre de l’Economie maritime a pris en compte les dénonciations des gens de mer qui sont passés de l’espoir à la désolation absolue. Il s’agit sûrement de la fin de parcours de cette personnalité qui a tenu la Direction des affaires maritimes d’une main de fer depuis le 08 mai 2018. Trois années de recul et de galère durant lesquelles les gens de mer disent avoir vécu une situation intenable. Pourtant, pour obtenir le changement à la tête de la Direction et arriver à la nomination de M. Bakaï, les marins ont du rompre le silence, étalant au grand jour les difficultés auxquelles ils doivent faire face au quotidien.

Trois années de galère pour les gens de mer

La nomination de Matchonnawè Hubert Bakaï à la tête de la Direction des affaires maritimes du Togo a été accueillie comme une bouffée d’oxygène par les gens de mer. Seulement, cette joie a été de courte durée, aucune amélioration des conditions de vie et de travail n’ayant été enregistrée. Ceux qui ont cru trouver en la personne de Matchonnawè Hubert Bakaï un messie ont vite déchanté. La situation, selon les organisations professionnelles du secteur, a évolué de mal en pis. « Malheureusement, M. Bakaï, non seulement ne fait rien pour aider les gens de mer du Togo, mais il fait augmenter les frais d’affranchissement des certificats STCW. Même le livret professionnel maritime est refusé. Il exige un contrat de travail maritime aux gens de mer du Togo avant l’obtention d’un livret professionnel maritime. Ce qui est impossible car il y a des marins togolais qui travaillent auprès des sociétés maritimes installées à Lomé depuis plusieurs années et ces sociétés n’ont jamais accepté la signature des contrats de travail maritime », déploraient en mars dernier les organisations professionnelles, notamment le Corps des Marins Marchands du Togo (COMMA-TOGO) et le Syndicat des gens de mer professionnels du Togo (SGMP-TOGO).

Ces organisations indiquent, entre autres, que plus de 85 % des marins togolais ne disposent pas de contrats de travail et sont payés main à main, les salaires variant de 50.000 FCFA à 200.000 FCFA, du matelot aux conducteurs. L’augmentation des frais dénoncée touche la délivrance des documents. Ainsi, le livret professionnel maritime est à délivré après versement de la somme de 30.000 FCFA contre 25.000 FCFA il y a quelques années. Les certificats STCW sont à 30.000 FCFA au lieu de 20.000 FCFA ; les brevets sont passés à 60.000 FCFA contre 40.000 FCFA précédemment. Pour les nouveaux marins, un livret maritime intermédiaire d’une validité de deux ans est établi à 10.000 FCFA avant l’obtention d’un livret professionnel maritime. « Il faut environ plus de 200.000 FCFA à un marin togolais avant de mettre tout ses documents de navigation à jour. Malheureusement plus de 80% des marins togolais sont à terre après plus de 10 ans de travail malgré les 600 navires battant pavillon togolais », assure un marin.

L’autre souci des gens de mer du Togo sous le règne de Bakaï, était l’application du Code de la marine marchande adopté en 2016 et qui permet de combler le vide créé par l’absence d’une convention collective du secteur. Depuis 2016, les marins dénoncent le refus des fonctionnaires de la Direction des affaires maritimes d’appliquer ce code sous prétexte que le décret d’application n’a pas été adopté. Un blocage entretenu par Matchonnawè Bakaï. Pour les marins, la décision de la Direction des affaires maritimes de procéder à la rédaction d’un nouveau projet de la convention collective, depuis octobre 2019, visait simplement « à perdre du temps ».

Sous Matchonnawè Bakaï, les drames sans assistance se sont poursuivis dans les rangs des gens de mer. L’un des accidents qui a suscité l’émotion est celui d’un marin togolais qui a eu la jambe cassée dans un accident en haute mer. C’était en septembre 2019. Abandonné sur son lit d’hôpital, il a pu se faire soigner grâce à l’intervention d’organisations internationales telles que l’Organisation maritime internationale (OMI) et la Fédération internationale des ouvriers de transport (ITF). Cette affaire aurait valu au Secrétaire général du SGMP-TOGO des actes d’intimidations et des menaces. A la manette, la fille d’un Général des FAT qui bénéficiait de la protection du désormais ex-Directeur des affaires maritimes.

Dans tous les cas, le ministre de l’Economie maritime doit opérer des réformes profondes de cette direction pour soulager les gens de mer.

G.A.

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