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Assassinat du Colonel Madjoulba : Un an après, l’enquête piétine toujours

Qui a tué le Colonel Toussaint Bitala Madjoulba ? Un an après l’assassinat de l’ex-Commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR), les auteurs sont toujours introuvables. Curieux pour un régime prompt à appréhender des innocents en un temps record.

Ce 4 mai 2021, cela fait une année jour pour jour que le Commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR), Toussaint Bitala Madjoulba a été assassiné dans son bureau. Ironie du sort, la veille, Faure Gnassingbé prêtait serment pour le début de son 4ème mandat à la tête du pays. Curieusement, le gouvernement a décidé de déclarer chômé et payé le jour du premier anniversaire de son 4ème mandat. La raison évoquée est la célébration du 61ème anniversaire de l’indépendance du Togo suivie de celle de la fête du travail le 1er mai. Curieuse décision, mais peu importe. Ce qui intéresse, c’est la disparition tragique du Colonel Madjoulba.

C’est au matin du 4 mai 2020 que le corps sans vie du Colonel Bitala Madjoulba a été découvert. Il gisait dans une mare de sang dans son bureau. L’officier supérieur qui commandait le 1er BIR a été aperçu en public pour la dernière fois la veille à la cérémonie d’investiture de Faure Gnassingbé dont il serait un fidèle allié.

Dans la foulée de l’annonce de ce décès, une commission d’enquête a été mise en place par Faure Gnassingbé. Il comprenait, entre autres officiers supérieurs, l’actuel président de la FTF Colonel Guy Akpovy et le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile Général Yark Damehame. Le frère du défunt, ambassadeur du Togo en France, Calixte Madjoulba fait également partie de la commission. Selon le procureur de la République, Essolizam Poyodi, une balle a été extraite du corps.

En juillet 2020, soit plus de deux mois après le drame, la France s’annonce dans le dossier. Selon les informations, les autorités togolaises ont demandé à l’hexagone de mettre son expertise à la disposition des enquêteurs togolais. Des expertises balistiques ont été donc sollicitées pour tenter d’identifier le ou les auteurs de l’assassinat. La personne chargée de jouer l’intermédiaire entre la justice française et celle du Togo n’est autre que Calixte Madjoulba. A bord d’un vol spécial, il convoie vers la France des scellés contenant des pistolets et des douilles saisis par les autorités togolaises auprès de personnes exerçant dans l’entourage du défunt. 75 pistolets ainsi que leurs cartouches ont été saisis dans le but de comparer la balle retrouvée sur le corps de la victime avec celles des armes appartenant à des militaires du camp où le Colonel a été assassiné.

En novembre 2020, six mois après l’assassinat, les résultats des expertises balistiques sont annoncées. Selon ces expertises, l´ex-commandant du 1er BIR a été assassiné avec sa propre arme, un revolver de marque Beretta. En d’autres termes, les expertises n’ont pas révélé le ou les assassins du Colonel. Pire, cette annonce peut être utilisée comme arguments par ceux qui voudraient faire croire à la thèse du suicide. Dans tous les cas, le flou règne toujours sur cette affaire qui révèle les divisions au sein des Forces armées togolaises.

Un an après, où en est-on avec les enquêtes? Pas celle de la commission Yark Damehame puisque les enquêtes conduites par ce dernier n’aboutissent jamais. Les commissions rogatoires annoncées par la justice togolaise pour écouter certains officiers des Forces armées togolaises (FAT) ne disent rien, en tout cas pas de façon officielle. Les assassins de Toussaint Madjoulba courent toujours. En lieu et place des résultats des enquêtes, nous avons seulement assisté à des jeux de chaises au sein des FAT. Ceux qui ont perdu leurs postes sont perçus dans l’opinion comme les auteurs ou les commanditaires de cet assassinat.

Côté famille, une plainte a été déposée en Europe par un proche de la victime ayant requis l’anonymat, par crainte de représailles. Va-t-elle prospérer? Pendant ce temps, la dépouille du Colonel est toujours à la morgue de Lomé alors que la famille l’a réclamée. Dans la localité d’origine de la victime, des manifestations ont été organisées pour exiger la libération du corps et la vérité sur les circonstances du drame. Elles ont été réprimées. Toussaint Madjoulba n’est peut-être pas encore près de rejoindre sa dernière demeure.

G.A.

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