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Echanges sur l’économie et le terrorisme : A l’Elysée, la question des doits de l’homme évitée ?

 

Faure Gnassingbé a finalement rencontré Emmanuel Macron. Ce dernier lui a offert un déjeuner à l’Elysée. La gloire se célèbre dans les rangs du régime Togolais alors que l’événement a été presque tu par l’Hexagone. On évoque des échanges sur des sujets économiques et d’ordre régional. Quid de la situation des droits de l’homme et de la démocratie qui font défaut au Togo ?

Faure Gnassingbé a obtenu vendredi dernier le déjeuner en tête-à-tête avec le président français Emmanuel Macron. Selon l’agenda présidentiel publié par l’Elysée, la rencontre entre les deux hommes a eu lieu à 13h20. Ensemble, ils ont échangé sur le partenariat entre le Togo et la France. Mais à y voir de près, le sujet principal des discussions a été le terrorisme. «Concernant la situation régionale et la violence dans la région du Sahel, j’ai exprimé au Président Macron mon engagement total pour contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité dans toute la sous-région, en rappelant notamment la présence de 1100 militaires togolais au sein de la Minusma au Mali et la tenue à Lomé, le 8 mars, de la première réunion que j’ai présidée du Groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali», a déclaré Faure Gnassingbé cité par la Présidence de la République.

Pour ce qui est des autres rencontres eues par Faure Gnassingbé, des détails ont été donnés dans un autre communiqué qui fait état de signatures de conventions de partenariat. Au total, quatre accords ont été signés au cours du séjour français de la délégation togolaise. Il s’agit d’un accord de financement pour le déploiement de 50 mille lampadaires solaires par la société Sunna Design, une convention de financement avec l’Agence française de Développement (AFD) dans le cadre du projet PERECUT pour électrifier 50 villes du Togo, un protocole d’accord sur le dispositif « Talents en commun » pour la mobilisation des compétences de la diaspora ainsi qu’une déclaration d’intention pour la mise en œuvre du projet de « convergence Energie-Digital » consistant au déploiement de la fibre optique sur le réseau électrique togolais. Un total de 115 millions d’Euros de financement qui constituent en fait de nouvelles dettes que le Togo se prépare à contracter. Le communiqué ne fait pas mention des armements militaires si précieux aux yeux de Faure Gnassingbé. Néanmoins, tous ces accords et conventions auraient pu se signer sans que la forte délégation ne fasse le déplacement de la France, et sans tambour battant.

Du boucan de Lomé 2 au silence de l’Elysée

Ce qui saute aux yeux dans cet épisode de la vie diplomatique du Togo et de la France, c’est que seule une partie semble intéressée. Il s’agit en l’occurrence du Togo. Et pour cause, c’est dans le camp de Faure Gnassingbé que la communication s’intensifie. Le site internet de la présidence de la République y a consacré au moins 5 articles couronnés par un récapitulatif du séjour parisien de la délégation togolaise. De nombreux tweets ont été également faits. La vidéo youtube publiée par la présidence togolaise montre un Faure Gnassingbé souriant à son arrivée à l’Elysée, mais quelque peu agacé arborant un sourire trompeur. Tout compte fait, le fils de Gnassingbé Eyadéma doit être aux anges. Et la tonitruante communication qui est organisée autour de ce voyage n’est que la célébration de la gloire d’être reçu enfin par l’actuel président français.

Curieusement, la présidence française n’a pas mis le même enthousiasme dans cette visite d’Etat. Sur le site internet de l’Elysée, la seule information d’actualité concernant la visite de Faure Gnassingbé est l’inscription de sa rencontre dans le fil de l’agenda du président de la République française. C’est tout. Aucun communiqué, aucun tweet, même pas une image des deux hommes. Et pourtant, dans la journée du 9 avril 2021, Emmanuel Macron a tweeté une douzaine de fois sans faire mention de sa rencontre avec son homologue togolais. Tout montre que l’équipe du président français n’a pas voulu faire du bruit autour de cette visite qui agace plus qu’elle ne plaît. Politique intérieur de la France oblige.

Les droits de l’homme oubliés ?

L’autre aspect de cette visite, c’est qu’officiellement les questions liées aux droits de l’homme et la démocratie au Togo n’ont pas été abordées. Pourtant, c’est sur ce terrain que l’opinion togolaise attend le plus le président français, lui dont le pays a toujours son mot à dire en ce qui concerne les enjeux du pouvoir au Togo. Dans une rencontre pareille, on ne peut pas ne pas évoquer la situation des droits de l’homme parce que le Togo n’est pas un pays dont la gouvernance répond aux standards internationaux. Les élections sont gagnées d’avance, les voix dissidentes étouffées, les ressources pillées, la justice aux ordres… C’était l’occasion pour Emmanuel Macron de rappeler à son hôte le minimum démocratique à satisfaire pour espérer le développement de son pays.

G.A.

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