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District autonome du Grand Lomé : Cette coquille si bruyante

19 ans de services pour le SG depuis les délégations spéciales

 

Alors que les organes habilités à diriger le District autonome du Grand Lomé (DAGL) ne sont pas encore mis en place, le Secrétaire général par intérim nommé en décembre 2019 joue au gouverneur de district. Il y cumule 19 ans de service depuis sa nomination en 2002 à la Délégation spéciale de la ville de Lomé.  

« Le District Autonome du Grand Lomé (DAGL) a lancé vendredi un appel à projets destiné aux fédérations et associations sportives togolaises. Une enveloppe globale de 35 millions de FCFA est disponible pour l’accompagnement des projets. La démarche s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la composante 4 : Sport et Développement de la 3ème phase du Projet Environnement Urbain de Lomé (PEUL III) ». Voici l’extrait d’un compte-rendu d’activité faite ce 12 mars par le DAGL.

Cette activité n’est pas isolée. Depuis des mois, le DAGL fait la une de l’actualité en lien avec la décentralisation au Togo. Le 10 mars, le Secrétaire général par intérim du DAGL, Tagba Ataféyinam Tchalim a reçu une délégation de l’ambassade de France conduite par Mme Jocelyne Caballero. Il était question de coopération entre les deux entités. Bien avant cette rencontre, M. Tchalim a effectué une tournée pour rencontrer les responsables des communes du ressort du DAGL. Des ateliers aux partenariats de financements en passant par la dotation de communes d’installations anti-covid, le DAGL ne chôme pas et manipule des sommes importantes.

Sur le plan international, il paraît que l’expertise du District est très sollicitée. L’illustration a été faite par la visite, le 23 février 2021, d’une délégation de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB) au Togo. Selon le site d’information du district, le but poursuivi par cette visite de courtoisie est de permettre aux membres de la délégation béninoise de s’imprégner des attributions, du fonctionnement, de l’organisation administrative du District et de ses rapports avec l’ensemble des 13 communes du Grand Lomé.

L’association des communes du Bénin qui vient apprendre de la décentralisation titubante du Togo, n’est-ce pas curieux ? Tout porte à croire que cette visite dite de courtoisie est beaucoup plus une mission de relaxation des élus locaux du Bénin. Et pour cause, les voisins de l’Est ont entamé le processus de décentralisation des décennies avant le Togo, à une époque où on cherchait encore à Lomé à prolonger indéfiniment l’existence des Délégations spéciales. Que viennent-ils apprendre d’un pays où les premiers responsables de la mise en œuvre de la décentralisation se mélangent encore les pédales ? Entre l’ANCB et le DAGL, l’entité qui doit apprendre de l’autre est la deuxième.

D’ailleurs, le District autonome du grand Lomé n’existe que sur le papier. Malgré tout le bruit qui est fait autour, ses organes n’ont pas encore été mis en place. En effet, suivant la loi N°2019-018 du 15 novembre 2019 portant attributions et fonctionnement du DAGL, le conseil du district, le gouverneur du district et le bureau du conseil du district doivent être mis en place pour rendre fonctionnelle cette entité créée moins d’une semaine avant les élections locales, à des fins politiques. Ce sont ces organes qui constituent le DAGL. En leur absence, on ne peut pas parler de l’existence du district, encore moins d’activités menées par ce dernier. « Pour l’exercice de ses compétences, le District Autonome du Grand Lomé dispose des organes suivants :- le conseil du District Autonome ;- le gouverneur du District Autonome ;- le bureau du conseil du District Autonome », rappelle l’article 8.

Contre toute attente, la précipitation avec laquelle la loi créant le DAGL a été adoptée a fait place à une lenteur indescriptible dans la mise en place de ses organes. Depuis plus d’une année, Faure Gnassingbé fait comme si son instrument de mise sous tutelle des communes était au complet. Les 53 membres du conseil du district ne sont pas encore nommés, le gouverneur et ses 3 vices ne sont pas encore connus. La seule nomination faite à ce jour est celle du Secrétaire général par intérim du district en la personne de Tagba Ataféyinam Tchalim, anciennement Secrétaire général de la défunte Délégation spéciale de la ville de Lomé. Il cumule déjà 19 ans à ce poste, puisque de la Délégation spéciale au DAGL, il n’y a eu qu’un changement de nom. Tout le boucan qui est fait autour du DAGL est l’œuvre du sieur Tchalim qui tente, exprès ou inconsciemment, de faire oublier la désignation des vrais dirigeants du district. En poste depuis 2002, il n’est d’ailleurs pas épargné par les soupçons liés à la gestion des ressources. Aux premières heures de la fin de la Délégation spéciale, les employés de la mairie de Lomé ont été contraints de menacer de grève pour être payés. Les comptes de la délégation spéciale étaient presque vides, parce que « déversés dans les caniveaux à curer ».

Dans tous les cas, l’anomalie actuelle du DAGL doit être corrigée. Faure Gnassingbé a plusieurs options. Il peut procéder à la nomination du gouverneur et des autres membres du conseil du district, confirmer le sieur Tchalim dans le rôle de gouverneur – cela ne dérangerait que ceux du pouvoir qui lorgnent ce poste – ou abroger la loi portant création du DAGL s’il n’y tient plus. Mais faire croire à l’opinion que le DAGL peut fonctionner sans le fameux gouverneur et le conseil est une violation des textes et des lois qu’on s’est donné.

G.A.

 

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