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8 mars et démocratie au Togo : Ces femmes caution du statu quo

Le monde célèbre ce lundi la Journée internationale de la femme. Au Togo, elles sont nombreuses à vivre dans la misère et le dénuement total. Dans le même pays prolifère une nouvelle espèce de femmes, celles qui sont prêtes à cautionner toutes les injustices, au nom de la politique et du pain.

En 1977, l’Organisation des nations unies (ONU) a officialisé la célébration du 08 mars comme Journée internationale des droits de la femme. Chaque année, elles sont des milliers à se vêtir de pagnes portant des motifs « 8 mars ». Cette année, la célébration a été placée sous le thème : « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », pour célébrer les efforts déployés par les femmes et les filles partout dans le monde pour « façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19 ».

Dans sa déclaration à l’occasion de la Journée internationale de la femme, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a déclaré : « Nous avons besoin d’une représentation des femmes qui reflète toutes les femmes et les filles dans toutes leur diversité et leurs capacités, indépendamment de leur situation sur le plan culturel, social, économique et politique. Il s’agit là de la seule façon d’obtenir un véritable changement sociétal qui intègre les femmes dans la prise de décisions, sur un pied d’égalité et au bénéfice de toutes et tous ».

Au Togo, elles sont nombreuses ces femmes qui luttent pour leur survie et celle de leurs enfants en portant tous les fardeaux du ménage. Elles se retrouvent partout, tant à Lomé la capitale que dans les autres villes et les milieux ruraux. Elles parcourent des dizaines de kilomètres chaque jour pour se libérer de la corvée d’eau, du bois et des travaux champêtres. On aime souvent parler de la femme aux milles bras, histoire de peindre toutes les tâches qui lui sont confiées par la société. C’est à ces femmes que le gouvernement donne un crédit de 30.000 FCFA sur fond de propagande électoraliste. Au lieu de leur faire savoir que c’est le pays qui leur vient en aide, on leur fait croire que c’est le chef de l’Etat qui, dans sa légendaire « gentillesse », a pensé à elles. Et on exige d’elles, à demi-mot, le retour de l’ascenseur en temps opportun. Certaines sont expressément menacées de poursuites si elles ne votent pas en faveur du « généreux donateur ». Des témoignages ont été faits dans ce sens.

C’est également à ces femmes dévouées qu’on donne une somme de 15.000 FCFA chaque trimestre dans le cadre du projet filets sociaux et services de base (FSB). Cette somme équivaut à 166 FCFA par jour par ménage et viserait à faire sortir les bénéficiaires de l’extrême pauvreté dans laquelle elles se trouvent. Alors que l’ONU a fixé le seuil à 1,90 dollar US, soit 950 FCFA. Survivre avec de si maigres revenus, on ne peut que leur tirer chapeau.

Parallèlement à celles qui luttent pour survivre, il y a celles qui réussissent, malgré les obstacles, à se tailler une place au soleil, sans étouffer les aspirations légitimes de leurs sœurs. Elles méritent également d’être encouragées.

Mais au Togo, il existe une espèce de femmes en voie de prolifération, souvent dangereuses, autoritaires et déshumanisées par l’appât du gain, du pouvoir et de la gloire. Elles se retrouvent dans le milieu politique et gravitent souvent autour de ceux qui détiennent entre leurs mains les bourses du pays. Ministres carriéristes, elles occupent leurs postent et s’y accrochent bec et ongle, même si les résultats attendus ne suivent pas. Elles arrivent au gouvernement et ne partent plus. Si par le pur hasard elles partent, elles ne sont jamais bien loin de la ruche. Elles ne finissent jamais de se remplir les poches peu importe l’incidence sur le pays. Ces femmes ne méritent pas d’être célébrées.

Il y a aussi ces dirigeantes qui sont des piliers indiscutables de la dictature. Elles sont souvent engagées dans la propagande et ont pour mission de faire l’éloge des « bienfaits » de la dictature. Même quand tout va mal dans le pays, elles crient à la victoire sur tel plan et tel autre sans jamais réussir à le faire ressentir dans le quotidien de la population, encore moins celui des femmes. Elles gravitent les échelons toutes seules et abandonnent leurs sœurs dans la misère. Leur ascension est le fruit de leur capacité à duper le peuple, mais aussi d’un militantisme politique dans lequel le statu quo est la règle et l’évolution, l’exception. Même au sommet, elles sont incapables d’impacter positivement les autres. Ces femmes ne méritent pas non plus d’être célébrées.

On trouve également au Togo ces femmes qui votent des lois qui transforment leurs progénitures en peuple esclave. A ces femmes s’ajoutent celles qui financent le régime autoritaire en pillant les ressources des sociétés à la tête desquelles elles sont nommées. Toutes ces femmes qui ne prônent pas les valeurs démocratiques ne sont pas dignes d’être célébrées.

Dans une récente intervention sur une radio, la Coordinatrice de la Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson a exprimé sa tristesse de voir ses  sœurs fermer les yeux sur les injustices que vivent les populations, au nom de la politique et du gain. Malheureusement, ce sont ces femmes « vautours » qui prendront encore la parole ce jour pour s’exprimer au nom de leurs paires.

Géraud A.

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