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Que vaut un 3ème quai en eau profonde?

« De vaines promesses et serments, l’homme faux est friand » (Proverbe français)

Est-il possible que malgré les investissements faramineux et les promesses consécutives à la concession du 3ème quai au Groupe Bolloré, le Port autonome de Lomé (PAL) ne figure pas parmi les dix meilleurs au classement d’Africa Logistics ?

Dur à croire. Et pourtant, c’est la triste réalité. A croire que la malédiction bretonne a frappé le port de Lomé pour avoir été concédé dans des conditions de pression et de température très douteuses.

C’est justement au moment où Vincent Bolloré a des démêlées avec la justice française qu’un de ses acquisitions, le PAL, promis au rayonnement ne figure pas dans le classement récemment effectué. Le contraire aurait pu donner une bouffée d’oxygène à ceux qui, contre vents et marées, s’évertuent à défendre l’indéfendable.

Que les ports de Durban, Tanger, Mombassa, Djibouti ou de Lagos soient classés devant celui de Lomé, ne pose pas de problème. Mais que ceux de Cotonou, Abidjan, Tema ou Dakar qui sont en Afrique de l’ouest figurent dans le top 10 sans trace aucune de celui de Lomé, ça fait désordre.

Le port de Lomé avait été qualifié de seul port en eau profonde sur le littoral. Vincent Bolloré s’était autorisé des mensonges lors de son inauguration. « Nous serons toujours aux côtés du Togo. Nous avons rénové la gare de Lomé, restructuré le chemin de fer qui n’avait plus fonctionné depuis des années », avait-il martelé. Allez-y voir si le train a recommencé à siffler au Togo ! La capitale est « dérangée » chaque jour par une locomotive du temps de Mathusalem qui pollue la ville à chaque passage.

Le Togo étant friand dans l’art de taire les informations, il est impossible de dire le chiffre d’affaires réalisé par le Groupe Bolloré chaque année ; et surtout ce qu’il verse comme contribution au budget de l’Etat togolais. Mais on sait au moins que, officiellement, ce sont plus de 450 millions d’euros que Vincent Bolloré a investis. Contre quoi a-t-il gagné ce port ? Trouver la réponse reviendrait à comprendre ses déboires judiciaires actuels.

Le satisfécit dans ce classement vient du port de Cotonou. Silencieusement, mais résolument, le Bénin fait son petit bonhomme de chemin. Et pour booster l’essor de ce port, l’Etat béninois a noué un partenariat public-privé par délégation de la gestion du Port de Cotonou au Port of Antwerp International (PAI), filiale du Port belge d’Anvers, deuxième port européen, après celui de Rotterdam. Rien que ça. De la vision, dites-vous ?

Lorsqu’au détour d’un classement, on voit poindre le bout du nez du Togo, c’est la fête chez les adeptes du service minimum. Mais quand un classement comme celui d’Africa Logistics ne fait pas la part belle au pays, le silence est si assourdissant que même les sourds frôlent le recouvrement de l’ouïe. Gouverner autrement, ce n’est pas seulement de vains mots.

Godson KETOMAGNAN

 

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