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Il était une fois l’Hôtel de LA PAIX : Les employés, abandonnés et oubliés, décimés par la maladie

Ils ne sont pas encore tous passés de vie à trépas. Malgré les années de souffrance et d’abandon par les autorités togolaises, des employés de ce qui fut un des joyaux du tourisme togolais continuent d’espérer, de se gaver de courage qu’un jour, dame providence voudra faire tourner le regard de Faure Gnassingbé et son entourage vers ceux qui ont vu leur travail s’arrêter sans qu’ils n’y soient préparés. Et pourtant, que d’espoir avait-on placé en cette réalisation ô combien majestueuse en son temps ! Aujourd’hui, l’hôtel de LA PAIX ne se meurt pas, il est mort, mais ses employés continuent de respirer le même air que les autres terriens. Mais pour combien de temps encore, avant que le reste des survivants ne rejoignent leurs devanciers ? Le joyau avait pourtant nécessité une enveloppe de presque 3 milliards FCFA avant dévaluation pour une capacité de 250 chambres de haut standing.

Le 31 janvier 2016, sous les ordres des commissaires Kpodrato et Tsala-Sama, c’est dans la nuit profonde que des gendarmes –ou bien doit-on les appeler éléments incontrôlés – ont fait irruption dans le bâtiment de l’hôtel de La Paix pour faire déguerpir manu militari tous les occupants de l’immeuble déjà vide, sans électricité ni eau potable. La raison ?  Dame Bernadette Legzim-Balouki, ministre du Commerce et du Tourisme, avait auparavant réussi à embobiner les députés à l’Assemblée nationale comme quoi le bâtiment était loué à des individus par des inconnus.

Dans un courrier auquel elle n’a pas répondu, tout comme les précédentes, les agents de l’hôtel ont rappelé son « passage remarquable au niveau de l’Assemblée nationale lors de la présentation du budget 2016 où, apparemment, rien n’est prévu ni budgétisé par votre ministère pour libérer ne serait-ce qu’une partie de nos droits, mais combien, ô éloquente et bien détaillée votre communication aux élus sur des soi-disant locations frauduleuses et clandestines des villas de l’hôtel non seulement en ruine, mais aussi délabrées, décolorées, moisies, sans eau ni électricité auxquelles se livrerait une partie du personnel (pour leur survie peut-être et non un acte immobilier leur rapportant des gains ou pécunes) après tant d’années de galère et de promesses faites, mais jamais tenues par le chef de l’Etat togolais ».

Suffisant pour que feu vert lui soit donné. C’est ainsi que des employés de l’hôtel, renvoyés de leurs maisons pour non payement de loyers et qui squattaient le reste du bâtiment, se sont vu jeter dans la rue. L’image saisissante qui hante encore certaines mémoires reste celle d’un handicapé appelé Toglo qui avait été soulevé par des gendarmes et mis dans un taxi, direction son village, avec 5.000 FCFA comme argent de poche. Ses collègues apprendront peu de temps après, soit exactement trois mois plus tard, qu’il a succombé au chagrin. Dame Bernadette Legzim-Balouki le sait-elle ?

Mais qu’a-t-on fait de l’ameublement intérieur de l’hôtel ? Que sont devenus lits, matelas, lavabos, lampes de chever, serviettes, couverts, draps, ampoules, robinets, moquettes, taies, armoires, fenêtres en aluminium, portes, vitres et tout l’arsenal qui faisaient des envieux parmi les visiteurs ?

De 193 employés au départ dans cette lutte pacifique pour la réclamation de leurs droits légitimes, 74 d’entre eux sont déjà morts, sans avoir eu droit à ce qui leur revient. Puisque personne parmi eux ne bénéficie de pension de retraite, les responsables de l’hôtel de LA PAIX n’ayant pas versé les cotisations sociales des employés comme il se doit. Et combien réclament ces employés? Après actualisation, près de 1,057 milliard FCFA de droits.

Mais cet hôtel était pourtant prometteur, du moins lors de son inauguration. C’était le 9 janvier 1975. Aujourd’hui, pour cause de mauvaise gestion, de dilapidation des fonds et de gabegie, cette fierté nationale n’est plus que ruine, épave, taudis, en attente de destruction.

Pour ceux qui l’ignorent, un peu plus d’un hectare du domaine de l’hôtel a été bradé pour donner naissance à l’hôtel ONOMO. Par où sont passés les produits de cette vente et pourquoi les employés n’ont pas été soulagés dans leur peine ?

Godson K.

 

Nous avons retrouvé dans les archives des traces de ce jour d’inauguration En voici quelques vestiges.

 

Le tourisme togolais, un phénomène déterminant de soudure de premier plan

Dans ce pays de la Paix, le Tourisme nous apparaît comme un phénomène déterminant de soudure de premier plan qui devra largement conditionner réaménagement du territoire de nombreuses régions rurales et partant assurer une répartition rationnelle des revenus de certaines classes plus avantagées. Dans le cadre de la politique du renforcement de notre unité nationale au moyen de la dynamisation de notre développement touristique et hôtelier, le Togo entend assurer au niveau national un courant d’intéressement en une plus grande mobilité des gens à travers tout le pays en vue de l’accroissement de leurs connaissances en contribuant à l’expansion économique intérieure et à une plus grande homogénéité nationale.

Le développement du Tourisme et de l’Hôtellerie au Togo vise également à élargir la masse des relations économiques et sociales avec les pays voisins et à s’intégrer parfaitement dans le circuit africain et constituer le pôle d’attraction des grands réservoirs mondiaux de tourisme international.

Pour ce faire, le Togo s’engageà valoriser ses ressources touristiques par un aménagement rationnel et progressif de son littoral, de ses sites et de ses réserves de faune dispersés à travers tout le pays et par la poursuite dynamique de sa politique de bitumage du réseau routier.

La politique d’aménagement touristique sera prudente, mais sûre car un aménagement raté est destructeur de paysage, d’économie et de société.

Cette vision des choses doit pouvoir par ailleurs nous conduire à réaliser d’ici 5 aux 10 prochaines années environ 1.500 à 2.000 chambres supplémentaires à travers tout le pays, portant ainsi notre capacité totale d’hébergement de 1 000 chambres actuellement à près de 2.500 à 3.000 chambres.

Un tel programme nous permettra de placer résolument le Togo dans le cadre des grands mouvements d’échanges mondiaux.

Un ensemble de grand confort

Cet ensemble hôtelier de classe internationale est l‘un des plus importants de la côte africaine et le premier de cette qualité qui soit construit au Togo. Situé dans une cocoteraie de 10 hectares et à quelques mètres de Océan Atlantique, il rassemble autour de 250 chambres tous les éléments de grand confort: restaurants, salons, bar, piscine, discothèque etc… La surface des planchers utiles est de 15.000 mètres carrés. La construction commencée en août 1972 a été terminée en septembre 1974. L’ensemble a été édifié par le Groupement CGA, CEGEPAR SOGELERC. Il est exploité par la Chaîne HOTAFRIC (filiale d’Air Afrique)».

Dès le départ la mission confiée à l’architecte Daniel CHENUT est de réaliser un Centre Hôtelier de classe internationale répondant à une triple vocation d’affaires, de tourisme et d’animation, appelée à aux exigences d’une clientèle étrangère et de l’élite locale, habitués à vivre dans le confort de haut standing et situé dans une zone privilégiée de l’urbanisme de notre capitale en bordure de la mer.

Les caractéristiques de l’hôtel de LA PAIX

– un immeuble à 7 étages sur rez-de-chaussée, composé essentiellement de 2 ailes disposées en V offrant à la grande majorité des 216 chambres qu’elle abrite, une vue directe sur la mer.

– un groupe de 16 pavillons abritant chacun deux suites, construit dans un parc aménagé à l’ouest de l’immeuble principal.

– une zone d’animation avec piscine entre l’immeuble et le parc des pavillons.

L’immeuble abrite, en plus des services généraux de l’ensemble du centre, un ensemble restauration animation comprenant : un restaurant classique de 130 convives ; une salle polyvalente — banquets — conférence permettant d’accueillir 150 convives ou 200 auditeurs ; un restaurant extérieur sur la plage de la piscine entre immeuble et pavillons pour 120 à 150 personnes ; un bar extérieur pour 50 à 60 personnes. ; un night-club pour 100 personnes.

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus, ils apprendront que l’immeuble se compose de : 2 ailes symétriques par rapport t un axe Nord-Sud inclinées à 40°environ sur cet axe, hautes de 7 étages (25 m environ hors tout) longues de 47,00 m et large de 20,00 m environ. Chacune de ses ailes abritant dans chacun de leurs 6 étages supérieurs 18 chambres identiques soit au total 216 chambres ; un corps central reliant ces ailes au 1 /3 de leur longueur abritant escaliers, ascenseurs, et locaux de service ; une base régnant sur la hauteur les 2 étages intérieurs, en forme de trapèze inscrit entre les deux ailes, dont elle forme une sorte de socle commun. Cette base abrite toutes les zones d’accueil de restauration, d’animation et de service.

Cet ensemble est posé dans un site aménagé comportant routes, parkings de 50 places -Clients», allées piétons, le tout suivant les tracés judicieux évitant toute monotonie dans la desserte des différentes zones et constructions du Centre.

 

Baiser de la paix

Les voiles en pignon sud ont reçu un profil spécial qui fixe la personnalité structurelle de l’Hôtel qui symbolise en grand le «Baiser de la Paix».

Ces voiles sont entretoisés par les planchers, les lisses en façade et le long des circulations longitudinales.

La partie centrale basse sur deux niveaux a une structure classique en béton armé (poteaux et dalles nervurées).

L’immeuble est couvert par des terrasses en béton armé avec des relevés curvilignes sur les bords longitudinaux.

Nous voulons passer sous silence tous les équipements d’ascenseurs, de conditionnement d’air, d’électricité, de courant faibles, de détection et de protection et de protections diverses indispensables à ces genres de réalisations et qui dans le cas particulier de notre Hôtel ont été traités avec les plus grands soins.

Si vous prenez du recul et en regardant l’ensemble avec des yeux d’artiste, vous apercevrez les façades comme des chevelures telles les vagues de la mer, mais aussi comme de solides jambes, symboles d’affection et de fécondité stylisés sur les pignons.

Comme un hôtel de l’amitié, vous apercevrez la joie des lignes et des couleurs dans une danse majestueuse.

Les façades symbolisent

Les panneaux des grandes façades symbolisent : a) du côté piscine : la terre, la mer et l’espace ; b) du côté Est, le flux et le reflux de la mer.

Les voiles de béton expriment le mouvement latéralement, tandis que les fenêtres et les brises soleil expriment, le mouvement frontalement.

L’angle de vision étant rarement perpendiculaire aux façades les mouvements se conjuguent et s’opposent.

Mais la seconde originalité de cet hôtel réside dans son architecture intérieure.

Le maître de l’œuvre a indiqué que les revêtements muraux, peinture et verrerie, seront de type classique: marbre dans les halls et lieux publics, grès-cérame au sol des pièces d’eau et cuisines, faïence sur les murs, dalle plastique dans les locaux d’administration, moquette dans les chambres.

La mission de l’Hôtel étant définie, toute latitude a été laissée au décorateur pour faire preuve d’imagination. Voici ce qu’il dit de son travail : «Notre recherche a porté sur la création d’une sorte de chambre studio, Elle se présentera pour l’usager bien différente des habituelles «Chambres à dormir». L’exploitation de la surface construire a permis d’isoler un living corner en sus d’un Bed-Corner largement pourvu. Cette distribution résulte de la création d’un meuble original complexe. Ce meuble rassemble au dos d’une tête de lit placée en épi oblique, tous les services qu’il convient d’offrir aux clients d’un hôtel de cette qualité: canapé, coiffeuse, bureaux etc…Ce meuble, immeuble constitue en fait un élément d’architecture secondaire dont le dessin se veut accorder à l’architecture exceptionnelle des bâtiments. Les matériaux sont issus des plus récentes techniques contemporaines et sont assemblés dans les colorations qui nous ont semblé pouvoir relayer la somptueuse lumière africaine. Afin que les futurs visiteurs du Togo conservent le souvenir du sourire qui les y attend déjà». Les usagers apprécieront — nous pouvons dire qu’ils apprécient déjà, puisque les échos qui nous parviennent indiquent la réussite de cette réalisation. Cette réussite, nous la devons à l’intervention de techniciens hautement qualifiés dans des disciplines d’autant plus délicates qu’il s’agit d’une œuvre originale par sa conception et par ses dimensions exceptionnelles. C’est pourquoi, une organisation très étudiée a été mise en place pour mener à bien une telle opération.

Les artisans des travaux

Le gouvernement togolais étant maître de l’ouvrage, la supervision des travaux a ôté confiée au Ministère des Travaux Publics et au Haut-Commissariat au Tourisme.

La réalisation de cet ensemble, clefs en main, a été confiée par le Gouvernement togolais au Groupement constitué par la Compagnie Générale d’Automatisme; la Compagnie Générale de Participation et d’Entreprises et la SOGELERG.

Les études architecturales ont été assurées par Daniel CHENUT et la décoration intérieure par le TEAM JANCYR.

La coordination générale a été confiée à la Compagnie Générale d’Automatisme.

Le Génie Civil et le pilotage du Chantier sont assurés par l’Union d’Entreprises de Constructions (UDEC).

Parmi les nombreux sous-traitants, nous pouvons citer: Air Industrie/Tunzini Afrique pour le conditionnement d’Air et la plomberie sanitaire ; Clemessy/EGE pour les courants forts ; COMSIP/CFAO pour les courants faibles ; AMTB/LOME pour la menuiserie aluminium ; Groupement Gema/Lomé pour la menuiserie bois ; Sommer/Sovec pour les carrelages revêtements ; SOPRA/LOME pour les peintures ; ZOPPAS pour les cuisines ; Les électriciens ivoiriens pour les ascenseurs ; les œuvres d’art originales de MM Ahyi et de Souza. Les études sur le plan de l’hôtellerie ont bénéficié des conseils éclairés de l’UTH.

Financement

Le coût de l’opération est arrêté à 2.945.623.650 FCFA y compris les variations de prix et les intérêts sur crédit fournisseur. Le Fonds Français d’Aide et de Coopération y participe pour un montant de 419.250.000 pour l’aménagement des pavillons. La gestion de l’hôtel a été confiée à la société multinationale de Développement Touristique et Hôtelier en Afrique (HOTAFRIC filiale, de la Société Multinationale Air Afrique). Il se disait que « le prestige dont jouit l’Hôtel dans les pays voisins ou lointains, et la qualité des usagers sont déjà des gages sûrs d’espérance ».

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