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Début des vaccinations contre la Covid-19 : Le choix polémique du Togo

 

En Afrique du Sud, le vaccin de la firme AstraZeneca contre la Covid-19 est provisoirement abandonné. En Allemagne et dans d’autres pays, il est déconseillé aux moins de 65 ans. En France, des effets indésirables sur la moyenne d’âge de 34 ans ont été signalés. A cela s’ajoute une efficacité de 70% contre 90% pour les autres vaccins. Le Togo a néanmoins décidé de l’utiliser pour le début de sa campagne de vaccination. Un choix qui provoque déjà des réactions. 

Depuis quelques jours, la communication s’intensifie autour de la prochaine vaccination contre la Covid-19. Pour désamorcer la bombe d’un inévitable, mais incompréhensible refus de la population à se faire vacciner, les autorités multiplient les sorties pour convaincre de la nécessité de ce vaccin. Le plus combattif de tous reste le Pr. Majesté Ihou Wateba, membre du Conseil Scientifique du Togo et Directeur du Centre Hospitalier Régional (CHR) Lomé commune où sont traités les malades de la Covid-19.

Dans une interview à afreepress.tg, le ministre de l’Enseignement supérieur déclarait insensée la réticence de la population. « Ce n’est pas la première fois que les populations du monde se vaccinent. Il y a des maladies comme la rage, si vous avez été mordu par un chien enragé et qu’on ne vous vaccine pas, vous mourez. Aujourd’hui, le vaccin contre la Covid-19 fait partie d’une série d’appropriations des connaissances que l’humanité a acquises. Il n’y a vraiment pas de raison que les gens aient peur », a-t-il déclaré.

Quelques jours après, le gouvernement, par le biais du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de l’Accès universel aux soins annonce que le Togo a reçu ses premières doses de vaccin. La note signé par le ministre Moustapha Mijiyawa annonce le début imminent de la vaccination. Une bonne nouvelle lorsqu’on sait que les centres prévus pour la prise en charge des malades au Togo ont atteint le plafond de leur capacité d’accueil et que la crise sanitaire risquait de faire de nombreuses victimes si le pays n’arrivait pas à rompre la chaine de contamination.

Des détails du processus de vaccination sont fournis par le ministre qui annonce que les premiers à se faire vacciner sont les personnels de santé à qui on va inoculer le vaccin AstraZeneca. « La première phase de vaccination se fera avec le vaccin AstraZeneca et aura lieu dans les semaines à venir. Cette phase va cibler le personnel de santé sur toute l’étendue du territoire national et les populations à haut risque dans la région sanitaire du Grand Lomé » a indiqué Pr Mijiyawa.

En dehors des agents de santé, la première vague de vaccination dans le Grand Lomé prendra en compte les personnes les plus à risque, notamment les personnes âgées de 50 à 64 ans, celles de moins de 50 ans présentant des prédispositions telles que les maladies chroniques et autres facteurs de risques, les détenus, les déplacés ainsi que les réfugiés. Mais des interrogations surgissent.

Un choix polémique

Le Togo a-t-il fait le meilleur choix de vaccin ? C’est l’une des questions que suscite l’annonce du début prochain de la vaccination. Et pour cause, parmi les trois vaccins qui sont utilisés à travers le monde, celui de la firme AstraZeneca est le seul à susciter de la méfiance et des polémiques. En Afrique du Sud par exemple, le gouvernement a provisoirement suspendu son utilisation et procédé à l’annulation de ses commandes. La raison, des doutes sur son efficacité face à la variante de la Covid-19 qui sévit dans le pays et qui s’est d’ailleurs répandue à travers le monde. En Allemagne, le vaccin AstraZeneca est déconseillé aux plus de 65 ans. Là encore, c’est son efficacité qui est remise en cause, pour cette catégorie de patients.

Dans des hôpitaux en France, des effets secondaires inquiétants sont signalés chez les personnels de santé provoquant la suspension, comme en Afrique du Sud de la campagne. Sur son site internet, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de France a rapporté que dans plusieurs établissements de santé du pays plusieurs alertes ont été données sur des effets secondaires du vaccin AstraZeneca. « Nous avons reçu 149 déclarations de pharmacovigilance entre le 6 et le 10 février matin mentionnant des syndromes grippaux souvent de forte intensité (fièvre élevée, courbatures ou céphalées). Environ 10 000 personnes ont été vaccinées sur cette période. La plupart des cas ont été rapportés chez des professionnels de santé d’âge moyen de 34 ans », rapporte l’agence qui souligne que ce sont des effets indésirables connus, mais inquiétants « au regard notamment de l’intensité de ces effets ».

Certes, les autres vaccins ont aussi des effets secondaires, mais les dénonciations des différents pays suites aux effets de l’AstraZeneca ne rassurent pas. Même la sortie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) affirmant que les personnes de moins de 65 ans peuvent recevoir le vaccin ne sauve pas AstraZeneca. Déjà en France, les soignants ayant manifesté les effets indésirables violents ont une moyenne d’âge de 34 ans. En d’autres termes, les moins de 65 ans que recommande l’OMS ne sont pas si bien protégés. Et c’est la tranche d’âge visée par les premières vaccinations au Togo.

En plus de ces couacs que rencontre AstraZeneca, le vaccin produit par la firme suedo-britannique s’est révélé le moins efficace, 70% contre plus de 90% pour ses concurrents. Consciente de ce retard, la firme a annoncé une nouvelle version de son vaccin pour le dernier trimestre de l’année 2021.

Pourquoi avoir alors choisi un vaccin moins efficace ? Selon les informations, le vaccin produit par AstraZeneca offre une mode de conservation plus souple puisqu’il peut être conservé dans de simples réfrigérateurs, contrairement à ses concurrents qui ne peuvent être conservés que dans des conditions de froid assez intenses. L’autre avantage – et nous pouvons dire sans risque de nous tromper que c’est  ce qui a motivé son choix – c’est son coût relativement bas, comparé aux autres vaccins. Pourtant, entre un produit efficace, mais coûteux et un autre moins efficace et peu coûteux, tout pays soucieux de la santé de sa population doit faire le choix de l’efficacité. Le Togo est décidé à toujours faire des choix qui suscitent la polémique. Déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer le choix du gouvernement.

Les plus sceptiques demandent même que ce soient d’abord les membres du gouvernement et les députés à l’Assemblée nationale qui acceptent devant des caméras de recevoir les premières doses.

G.A.

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