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Au Togo, les femmes au pouvoir montrent leurs limites

« Là où il n’il y a pas de vision, le peuple périt » (Proverbes)

L’idée généralement admise est que les femmes seraient de meilleures dirigeantes que les hommes. Ce qui avait amené l’ancien président américain Barack Obama à laisser entendre que si les femmes dirigeaient tous les pays du monde, il y aurait une amélioration générale du niveau de vie. « Pendant deux ans, si chaque nation sur terre était dirigée par des femmes, vous verriez une amélioration significative du niveau de vie et des résultats dans tous les domaines », avait-il martelé.

Depuis quelques mois, le Togo tente l’expérience de la promotion de la femme dans les sphères décisionnelles. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays, des femmes occupent les plus hautes responsabilités du pays, notamment la primature et le parlement. Derrière un grand homme se cachent des femmes. Les numéros 2 et 3 au Togo sont des femmes. Dans l’exécutif sont également promues une dizaine de femmes. Au palais présidentiel, le maître du céans a formé un cordon de conseillères autour de sa personne. Est-ce pour autant que les Togolais commencent à percevoir une amélioration de leurs conditions de vie ?

« Toute politique de développement doit mettre la femme au centre des préoccupations pour éviter l’échec », clamait dame Victoire Dogbé. Malgré toute la horde de dames dont Faure Gnassingbé s’est entouré, la situation du pays et des populations n’a guère connu d’amélioration. Le pays tombe carrément de Charybde en Scylla. Si réellement les femmes incarnent le leadership, le Togo fait l’exception.

En 2005, une femme avait été propulsée à la tête de la Commission nationale électorale indépendante (CENI), une institution qui a toujours constitué une pomme de discorde entre les acteurs politiques et partant, des Togolais, avec l’espoir qu’elle serait plus encline à faire éclater la vérité des urnes. Mais l’expérience fut désagréable et très douloureuse. C’est par elle que le malheur est arrivé aux Togolais. Pour avoir délibérément décidé de proclamer de faux résultats, des milliers de Togolais étaient descendus dans les rues et avaient été massacrés par les Togolais. Le bilan établi à l’époque par la Mission d’établissement des faits des Nations Unies, plus de 500 Togolais ont été massacrés.

Quelques années plus tôt, en 1998, le Togo avait fait la même expérience fâcheuse. Une dame respectable avait été consensuellement nommée à la tête de la CENI. Mais au moment crucial où elle était appelée à donner les résultats des urnes, elle avait lamentablement jeté l’éponge sous le fallacieux prétexte de menaces et d’intimidations dont elle serait victime. Ouvrant ainsi un boulevard à Gnassingbé Eyadema pour se faire proclamer vainqueur d’une élection qu’il avait perdue.

En  2013, une femme (Madame Affabulation comme elle s’est fait surnommer) avait également été parachutée toujours à la tête de la CENI. Mais le miracle n’a jamais eu lieu.

Pour revenir aux amazones qui gravitent actuellement autour de Faure Gnassingbé, leur patronne, la cheffe du gouvernement Victoire Tomegah-Dogbé, elle qui voulait « gouverner autrement », a préféré proférer des menaces voilées à l’endroit des Togolais plutôt que de s’atteler à œuvrer à leur bonheur et bien-être. En demandant à ceux qui ne sont pas contents de se soumettre au régime. Comme une prémonition, les choses se corsent pour les Togolais qui ne peuvent même plus respirer.

Conséquence, le régime sombre dans des dérives autoritaristes. Le système est encore plus vissé qu’il ne l’était avant la nomination de ces femmes. Les libertés publiques sont étouffées, les médias bâillonnés, les acteurs politiques et syndicats persécutés. Le parlement dirigé par une femme s’est mué en une caisse d’enregistrement et de propagande. Le pays remporte même le Nobel de la corruption et de la dictature. En témoignent les derniers classements de Transparency International et de The Economist Group. Si les femmes sont de meilleurs leaders que les hommes, c’est à tout le contraire qu’on assiste au Togo des Gnassingbé.

Médard AMETEPE

 

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