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Privées d’électricité:Des localités riveraines de Nangbéto saisissent la Banque Mondiale

 

Les populations affectées par la construction du barrage de Nangbéto, mais privées d’électricité rompent à nouveau le silence pour exiger la réalisation des promesses faites lors de la réalisation du barrage. Ils viennent de saisir le ministère des Mines et de l’Energie, la Banque Mondiale, la CEB et la CEET.

En 1984, le gouvernement togolais a autorisé l’exploitation d’une vaste zone déclarée d’utilité publique pour l’installation du barrage de Nangbéto sur le fleuve Mono. Il a ainsi pris le décret n° 84-171 du 25 septembre 1984 qui autorise l’expropriation des populations affectées par les travaux d’aménagement de ce barrage hydroélectrique. Depuis quelques semaines, les localités ayant subi des dommages à cause des travaux donnent de la voix pour réclamer que leur situation soit revue.

En effet, les populations des villages délocalisés pour l’installation du barrage de Nangbéto ont pour la plupart perdu leurs principales sources de subsistance que sont les terres. Le 17 août dernier, elles ont organisé une conférence de presse pour dénoncer un nouveau projet d’accaparement de leurs terres, mais surtout s’indigner du fait que les promesses faites lors de la construction du barrage n’ont pas été satisfaites. Parmi ces promesses, celle relative à l’électrification des zones riveraines de Nangbéto.

Exaspérées, certaines localités saisissent les autorités togolaises ainsi que d’autres entités afin que leurs droits soient respectés. Le 07 septembre 2020, une association regroupant les ressortissants de la Commune Ogou 4 à Lomé a adressé une lettre au ministère des Mines et de l’Energie pour dénoncer la privation des populations de l’électricité fournie par le barrage hydroélectrique de Nangbéto, en plus d’avoir perdu leurs terres. « Le comble, c’est que les localités proches de Nangbéto dont fait partie la Zone de Homa, qui devraient être électrifiées après que le barrage hydroélectrique fut  opérationnel ne l’ont pas été. Elles ont été simplement sevrées de l’électricité », déplore l’association qui indique que ce n’est que dans un passé récent que Akparé et certains villages de la commune de Ogou 2 ont été électrifiés.

Dans cette électrification partielle, plusieurs dizaines de localités sont restées dans le noir en dépit du fait que leurs habitants sont les victimes directes de la construction du barrage hydroélectrique de Nangbéto. Pour ces populations, il est incompréhensible qu’une lampe serve de lumière à des gens distants de plusieurs centaines de Kilomètres alors que ceux et celles qui dorment près de cette lampe n’en bénéficient pas. « C’est du péché originel qu’il faut aujourd’hui avoir le courage de corriger », insistent les populations qui décrivent une situation de violation de leurs droits. « Nous considérons pour notre part que le fait de continuer par priver les localités proches de Nangbéto telles que les villages de la zone de Homa de l’électricité alors que la source de fourniture de cette électricité qui alimente le Togo et le Benin provient de leur zone, est une violation de leurs droits économiques, sociaux et culturels », soutiennent les ressortissants de la Commune Ogou 4 à Lomé.

Cette indignation est d’autant plus grande « qu’un projet en cours de réalisation sur toute l’étendue du territoire national et financé par la BIDC pour 78 villages » n’inclut aucune localité riveraine du barrage de Nangbéto. Une situation qui provoque la colère des populations qui, à plusieurs reprises, ont décidé d’organiser des manifestions « pour se faire entendre dans le contexte de leurs revendications légitimes » et protester contre l’indifférence des autorités à l’égard des recommandations du rapport d’étude d’impact environnementale réalisé dans le cadre de la construction du barrage. Ces manifestations n’ont pu avoir lieu à cause de l’intervention des ressortissants de la Commune Ogou 4 à Lomé qui ont appelé leurs frères et sœurs au calme. Ils préviennent toutefois que les frustrations répétitives des populations risquent de rendre invivable le climat dans les localités. « C’est pourquoi, demandent-ils, que les populations soient rétablies dans leurs droits en incluant les villages de la zone de Homa sur la liste des bénéficiaires du projet en cours de réalisation ». La Banque Mondiale (financier du projet de construction du barrage), la CEB qui exploite le barrage et la CEET qui distribue l’énergie électrique au Togo ont été également saisies.

G.A.

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