Editorial

Poutine, « fils » de Gnassingbé !

 

« En dépit de toutes les subtilités du monde et du bien qu’on prend où on le trouve, un plagiat n’en est pas moins un plagiat, comme un chat est un chat » (Alfred de Musset)

Ce n’est pas parce que le Togo reste un infiniment petit qu’il faille brûler la politesse à son président fondateur. Depuis hier, Rfi en bave pour le vote de la loi sur la réforme de la constitution en Russie. « Ce mercredi 1er juillet, en Russie, s’achève le vote sur la réforme de la Constitution, qui doit notamment permettre au dirigeant russe de briguer deux nouveaux mandats. Il pourrait alors, en théorie, rester au pouvoir jusqu’en 2036. Un coup d’État constitutionnel, aux yeux de l’opposition. Une simple « remise à zéro des compteurs » qui n’a rien d’anormal pour les partisans du président russe », rapporte le confrère.

« Poutine, c’est le meilleur des présidents, et je ne vois pas d’alternative. Il est intelligent, il est honnête. C’est un homme de parole, un vrai dirigeant…Vous savez, la Russie a toujours été dirigée par des monarques, ou par un pouvoir fort. S’il y a trop de partis, c’est le bazar et les gens ont du mal à choisir. Les Russes ont besoin d’un dirigeant fort comme un monarque. Pas une dictature non, mais un juste milieu », pense un inconditionnel fan de Poutine. Avec le vote de cette réforme, Vladimir Poutine se maintiendra jusqu’en 2036.

Maintien, monarque, pouvoir fort. Tous les superlatifs pourraient s’aligner que les partisans se retrouveraient en chacun d’eux. Mais on doit reconnaître que le président russe a « triché » son homologue togolais. Mieux, Vladimir Poutine a plagié Faure Essozimna Gnassingbé.

Le 9 mai 2019 est pour les Togolais ce qu’est le 1er juillet 2020 pour les Russes. A la différence qu’au Togo, on n’a pas eu recours au vote du citoyen avant de dérouler le tapis du monarque à Faure Gnassingbé. Mais une chose est de se voir accorder la possibilité de la prolongation, une autre est de mériter effectivement cette prolongation dans la stricte légalité.

Si au Togo, la consommation du premier mandat de trop s’est faite dans un cafouillage indigeste avec un concert de fraudes pyramidales, longitudinales et transversales, il n’y a pas de raison que la Russie déroge à la règle. D’autant plus qu’elle s’inspire du modèle togolais. 2030 pour l’un, 3026 pour l’autre, le temps ne semble pas décourager Alexander, un autre Russe interrogé par Rfi : « Moi, je suis pour l’alternance au pouvoir. Peut-être qu’avec un autre dirigeant que Poutine, les choses iront moins bien, mais le problème c’est que nous ne pourrons jamais le savoir ! S’il reste au pouvoir jusqu’en 2036, j’aurai 37 ans. Je ne sais pas ce qui va arriver d’ici là, mais j’espère tout de même qu’un jour les choses finiront par changer en Russie ».

L’espoir est cette flamme qui refuse de s’éteindre, même si l’horizon semble bouché. Ni la guillotine, ni les gaz lacrymogènes, encore moins les kalachnikovs n’ont jamais eu raison de l’espoir. Sans Poutine, les choses iraient peut-être moins bien, tout comme sans Gnassingbé. Mais heureusement que c’est au conditionnel. Tout comme personne ne peut savoir si 2030 ou 2036 verrait l’un ou l’autre toujours au pouvoir, cet opium qui, une fois inhalé, saoule, saoule et fait perdre le sens des réalités.

Godson KETOMAGNAN

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