Editorial

Togo/ 60 ans d’indépendance dont 53 confisqués par la famille Gnassingbé

 

« Restituer l’Ablodé, la liberté totale, au peuple togolais et il saura rimer démocratie et développement, et vice-versa » (Yao Assogba)

« Sentinelle que dis-tu ? La nuit est longue…mais le jour vient », annonça Sylvanus Olympio lors de la proclamation de l’indépendance du Togo le 27 avril 1960. Les Pères fondateurs de la République rêvaient d’un avenir radieux, d’une société démocratique et de prospérité partagée sur la Terre de nos Aïeux, où les filles et fils pouvaient aspirer à plus de liberté et de justice. C’est fort de cette espérance qu’ils décidèrent de faire de notre pays l’« or de l’humanité ».

Mais depuis plus de cinq décennies, les ennemis du Togo, les thaumaturges et autres faiseurs de miracles à l’envers qui transforment la lumière en ténèbres et l’or en boue, ont vite fait de confisquer le pouvoir politique au Togo et anéanti ce rêve.

Moins de trois ans après la proclamation de l’Indépendance, le 13 janvier 1963, ils ont étalé un linceul noir sur le Togo, en assassinant le premier président démocratiquement élu. Depuis, une malédiction semble poursuivre les Togolais qui sombrent dans l’abandon et l’honneur perdu. La lumière, l’embellie, l’indépendance, la liberté…annoncées, se font toujours attendre. Le ciel est toujours assombri et le bout du tunnel ne semble pas être pour demain.

Lundi 27 avril 2020, le Togo a commémoré le 60ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale dans un contexte de crise sanitaire. Il n’y a pas de flonflons pour cet anniversaire marqué par une cérémonie confidentielle, une prise d’arme à la présidence.

D’ailleurs, le coronavirus n’aurait pas existé qu’on n’aurait rien à célébrer. Après 60 ans d’Indépendance, le régime en place depuis 53 ans n’a pas été en mesure de construire un seul hôpital digne de ce nom. L’hôpital dit de « référence » au Togo, le CHU Sylvanus Olympio, inauguré en 1954, est lui-même malade et manque de tout. C’est dans ce mouroir que depuis 60 ans les Togolais sont condamnés à se rendre pendant que les membres de la minorité pilleuse et leurs harems prélèvent les fonds publics pour aller recevoir des soins en occident.

En ce début du 3ème millénaire, la formation de base de l’élite togolaise de demain se déroule, en pleine capitale, dans des salles de classe faites de murs en paille et des toits en tôle troué. Les enfants sont assis au sol, les mieux lotis sur des poutres de bois en guise de bancs. Quand on sort de Lomé, dans certaines localités, des collégiens et mêmes lycéens étudient et passent des examens en plein air ou sous des arbres.

« Aucun sacrifice n’est trop grand quand il s’agit de la jeunesse », avait l’habitude de chanter Gnassingbé père. En succédant à celui-ci en 2005, Faure Gnassingbé s’était engagé à inscrire la jeunesse au cœur de sa politique. Mais aujourd’hui, cette jeunesse est engloutie dans la crevasse béante du chômage. Son seul salut, devenir un conducteur de taxi-moto ou jouer à la Loterie Visa avec l’espoir de gagner un billet aller-simple pour les Etats-Unis.

Plus malheureux encore, après 60 ans d’indépendance, les populations de certaines contrées de Kara, ville natale de la famille présidentielle n’ont pas accès à l’eau potable.

« L’Afrique est malade d’elle-même. Il suffit d’évoquer le pillage organisé par certains de ses fils qui font de la corruption, de la gabegie, du clientélisme, des détournements des deniers publics une méthode de gouvernement. Sur la liste des ennemis du développement réel de l’Afrique, nous ne pouvons masquer le poids des réseaux mafieux et des lobbies divers qui contrôlent les ressources stratégiques et soutiennent les pouvoirs autocratiques ou despotiques», a diagnostiqué le ministre Robert Dussey dans son livre « L’Afrique malade de ses hommes politiques.» Tels sont les véritables maux qui minent le Togo depuis 53 ans et freinent son développement.

Médard AMETEPE

 

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