Editorial

Togo : Le processus électoral mal engagé

 

« Les élections sont des parodies qui se servent des grands mots : démocratie, peuple, nation, république, souveraineté, mais qui cachent mal le cynisme des gouvernants » (Michel Onfray)

Depuis que le syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO a  imposé, le 20 décembre 2018, une mascarade électorale au Togo qui a consacré une Assemblée monolithique, le Togo, la seule calamité démocratique en Afrique de l’Ouest, a définitivement tourné le dos aux valeurs de démocratie et se complaît dans la tyrannie. Le régime en place depuis plus de cinq décennies, s’inscrit toujours dans sa logique, gouverner envers et contre tout, sans tenir compte des aspirations des Togolais.

Les consultations électorales se suivent et se ressemblent, avec à la clé des fraudes pyramidales. Les élections municipales du 30 juin 2019, les premières du genre depuis trois décennies, ont été une réédition des braquages électoraux dont le régime a habitué les Togolais. Dans certaines localités comme dans l’Ogou, la Cour Suprême s’est permis de déclarer élues des personnes qui ne se sont pas présentées au scrutin. Une abomination qui n’a semblé indigner personne. Voilà à quoi se résument les élections au Togo.

L’ancien parti unique et parti Etat, le RPT /UNIR qui domine la bulle politique au Togo depuis plus de 52 ans, se maintient à la tête du pays par des élections frauduleuses dont il se proclame systématiquement vainqueur. La présidentielle de 2020 ne devrait pas déroger à la règle.

L’avènement de véritables institutions démocratiques crédibles et fiables à même d’organiser des élections consensuelles et acceptées par tous les acteurs, demeure un leurre. Avec une CENI bancale, incompétente, partiale et maitre d’œuvre des fraudes et irrégularités, avec à sa tête un certain Tchambakou Assayor de triste renommée, le très partisan Aboudou Assouma de la Cour Constitutionnelle, un autre instrument à fraudes, le très zélé Payadowa Boukpessi à l’Administration territoriale, sans oublier les autorités coutumières tout sauf impartiales, tous les éléments indispensables à la fraudes sont en place. Les conditions sont réunies pour des élections chaotiques en 2020.

Le comble, pour confirmer l’assertion selon laquelle le malhonnête n’opère mieux que dans la confusion et l’opacité, le gouvernement s’est opposé aux diverses propositions de l’opposition pour que le scrutin de 2020 se déroule dans les meilleures conditions de transparence et d’équitépour donner auxTogolais l’occasion de se prononcer sur le choix des dirigeants et le projet de société qui répondent à leurs aspirations.

La plateforme d’opposition créée sous l’égide de Monseigneur Fanoko Kpodzro a  demandé la suspension du processus électoral et l’ouverture d’un dialogue pour préparer de manière consensuelle la présidentielle de 2020. Elle exige également une représentation équitable de l’opposition dans les structures de gestion des élections notamment la CENI et ses démembrements, une recomposition de la Cour Constitutionnelle, l’audit du fichier électoral, etc. Ces exigences ont été réitérées par d’autres formations politiques comme l’Alliance nationale de Changement (ANC).

Mais comme toute réponse, Faure Gnassingbé et ses apparatchiks foncent droit vers un nouveau  coup de force électoral en imposant une révision des listes électorales de trois jours sur l’ensemble du pays sous prétexte qu’un recensement avait eu lieu lors des élections législatives et locales alors qu’on sait tous que ces opérations avaient été sabotées, biaisées, bâclées.

Le gouvernement prend de court par la même occasion la mission ONU/CEDEAO qui entend « travailler étroitement avec les institutions pour assurer des élections crédibles et transparentes». Toutes choses qui font dire que le processsus électoral est mal engagé.

Médard AMETEPE

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