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Alpha Condé et la tentation d’un 3ème mandat


« Les dirigeants modernes ne peuvent se permettre d’ignorer les vœux et aspirations de ceux qu’ils représentent » (Ban Ki-Moon)

Engagé dans une médiation au Togo aux fins de trouver une issue à la crise que traverse ce pays, une crise consécutive au règne élastique de Faure Gnassingbé au pouvoir, Alpha Condé est aussi tenté par un troisième mandat présidentiel dans son pays. Il faut le rappeler, dans les 15 pays qui forment la CEDEAO, tous les chefs d’Etat ont fait de l’alternance au pouvoir une règle sacro-sainte. Après deux mandats présidentiels, ils s’éclipsent pour donner la chance à d’autres de faire leur preuve. Tous les pays se sont inscrits dans cette dynamique sauf…le Togo où Faure Gnassingbé qui est à son 3ème mandat, utilise le boulevard créé par son père dans la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Depuis, le Togo est en proie à des crises politiques récurrentes qui ont pris de l’ampleur ces derniers mois.

Le président guinéen, manifestement, refuse de tirer des leçons de la crise qui secoue le Togo et dont il est médiateur. Atteint par le virus de la cupidité du pouvoir, il envisage de briguer un troisième mandat. D’après « La Lettre du Continent », connue pour être dans les secrets des palais africains, l’exercice d’un troisième mandat représente pour Alpha Condé, une envie irrépressible.

« Dans un pays, ce n’est pas à vous de décider, c’est le peuple. Personne, je dis bien, personne ne me dira ce qu’il faut faire, excepté le peuple de Guinée. J’ai un programme de cinq ans que j’applique pour satisfaire le peuple de Guinée. Je ne rentrerai pas dans ce débat de limitation de mandats », avait déclaré Alpha Condé, il y a deux ans, lorsque la question lui avait été posée de dire si sa fréquentation des pays à démocratie douteuse n’augurait pas son ambition de se maintenir au pouvoir au-delà du délai constitutionnel.

A un peu plus de 24 mois de la fin de son second mandat, Alpha Condé continue d’entretenir le flou sur ses réelles intentions de quitter le pouvoir au terme de ses deux mandats dûment autorisés par la constitution. L’article 27 de la loi fondamentale guinéenne dispose en effet qu’« en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non ». Un dispositif verrouillé par l’article 154 qui précise que «…le nombre et la durée des mandats du Président de la République ne peuvent faire l’objet d’une révision ».

A priori, les Guinéens ne devraient pas avoir du souci à se faire. Mais le débat fait rage dans le pays. L’opposition n’en démord pas et n’a de cesse de mettre en garde Alpha Condé contre toute tentative de modification de la constitution. Elle multiplie d’ailleurs les manifestations dans le pays. Le 30 novembre 2018, alors qu’il est parti lancer les travaux d’une unité minière à Boffa, Alpha Condé a dû faire face à l’hostilité des populations qui ont exprimé leur réprobation à toute modification de la Constitution qui lui donnerait la possibilité de briguer un troisième mandat.

Le président guinéen va-t-il mettre son projet de 3ème mandat à exécution, au risque d’ouvrir un autre front dans la sous-région ? L’opposition est vent debout contre toute velléité de tripatouiller la constitution…

Médard AMETEPE

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