Editorial

Michaëlle Jean a la « défaite » bien amère et dit tout !

 

Pour une ouverture officielle, la cérémonie du 11 octobre 2018 depuis Erevan en Arménie, en  était bien une. Un discours non calfeutré, empreint d’un franc-parler pour le moins peu digeste. Michaëlle Jean n’a pas caressé dans le sens du poil. Mais cette soudaine envie de tout dire et encore crûment au risque de susciter des susceptibilités des chefs d’Etat n’est pas apparue ex-nihilo. Elle traduit une volonté de rendre la monnaie de leurs pièces à ces Chefs d’Etat dont la plupart font exactement au quotidien ce qu’elle a fait (se sucrer sur le dos de l’institution, s’octroyer un train de vie sultanesque) et qui lui ont pourtant retiré leur confiance. Ou encore pour lui avoir retiré leur confiance pour un certain nombre de considérations en apparence étrangères à l’institution. Et elle n’a pas attendu longtemps pour sonner la charge : « Une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde ».

Par cette citation introductive de son propos, elle a jeté un pavé dans la mare, dans sa logique vindicative. Elle est très amère à cause de l’échec fort probable de son projet de renouveler son mandat de secrétaire générale de la Francophonie. Lorsque les gens sont amers pour avoir perdu un combat, plus rien ne les arrête. Mais, au-delà de la colère qui a dicté son discours à Michaëlle Jean, des vérités ont été dites.  L’OIF ruse avec ses propres valeurs et principes fondateurs. Qu’importe si les va-et-vient du Rwanda ou si l’appartenance du Rwanda au Common wealth ne contreviennent pas dans l’absolu, aux principes fondateurs de l’OIF.

Toujours est-il que la candidature de Louise Mushikiwabo  au poste de secrétaire générale de la Francophonie pose un réel problème. Le pays d’où elle est originaire n’a pas du tout un bon profil pour présenter et soutenir une candidature à ce poste. Pour avoir banni le Français comme sa langue officielle et priorisé l’anglais. Se servir donc d’une compétition ouverte pour le poste le plus prestigieux de la Francophonie pour prétendre vider un contentieux  diplomatique vieux de plus de vingt (20) ans.  Jeter en pleine figure aux Chefs d’Etat la critique de la real politik et des « petits arrangements entre Etats », ce n’est pas une attitude très « politiquement et diplomatiquement  correcte » lorsque l’on convoite un second mandat de secrétaire générale de la Francophonie et que l’on sollicite le ralliement des chefs d’Etat à sa candidature. Mutadis mutandis, si Louise Mushikiwabo n’avait pas la faveur des pronostics et n’était pas en pole position pour remporter cette bataille, le discours de Michaëlle Jean aurait été plutôt un discours empreint d’hypocrisies monumentales, un discours pour plaire et, d’ores et déjà pour remercier les chefs d’Etat.

Mais lorsque la donne n’est plus la même, évidemment, elle trouve le courage de dire haut ce que tout le monde pense et dénonce. Michaëlle Jean, pour virer Kako Nubukpo, directeur de la Francophonie économique et numérique, lui avait opposé son obligation de réserve. Autrement dit, elle lui avait dénié le droit de dire et dénoncer le FCFA, un système monétaire qu’il qualifie de servitude volontaire. Aujourd’hui, c’est son tour d’être virée. La différence entre elle et son ex-collaborateur, c’est qu’elle n’a fait preuve de courage qu’après avoir su qu’elle a perdu le soutien de ses alliés. Or, Kako Nubukpo a exprimé son opinion … avant d’être éjecté. Toute la différence est là. La Canadienne n’est pas une femme de conviction. Elle prend juste sa revanche. Elle est donc une très mauvaise perdante.

Meursault A.

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