Politique

Sortie de crise au Togo: Le jour tant attendu est enfin arrivé !

Quelles garanties de respect des recommandations ?

L’attente aura été longue et éprouvante, mais le grand jour a fini par arriver. Aujourd’hui a lieu le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO. La rencontre devrait voir les dirigeants de l’espace rendre publiques les très attendues recommandations et feuille de route de l’institution communautaire pour une sortie de crise au Togo dont le dossier devra occuper une bonne place dans les discussions. Est-on au bout du tunnel ? Quelles garanties de respect de ces prescriptions, existe-t-il ?

Jour de sortie de crise au Togo ?

La grande messe prévue à Lomé par Faure Gnassingbé a débuté hier lundi, avec le sommet CEDEAO-CEEAC forcé par le Prince autour des questions de terrorisme, d’extrémisme violent, de paix, de sécurité. En réalité son objectif, c’est de se faire cautionner dans ses desseins obscurs par les satrapes du centre de l’Afrique tout autant assoiffés de pouvoir devant l’Eternel. Le plat de résistance est la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ce mardi 31 juillet. La crise politique togolaise va occuper une grande partie du temps. Après les longs mois d’efforts des Présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé pour faciliter le dialogue, les chefs d’Etat devront rendre publiques leurs recommandations pensées comme solutions assorties d’une feuille de route. Alors ce mardi sera-t-il le jour de sortie de crise au Togo ?

C’est le souhait le plus ardent du commun des Togolais soucieux de l’avènement de l’alternance au Togo et victime de la crise politique connue par le pays depuis bientôt un an. Cette délivrance (sic) aurait pu intervenir depuis un mois, avec ce sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO préalablement programmé à fin juin. Les dirigeants de l’espace eux-mêmes, lors du sommet extraordinaire le 14 avril dernier sur la crise politique en Guinée-Bissau finalement réglée avec maestria (sic) par Faure Gnassingbé, la source du problème togolais, avaient annoncé l’officialisation des recommandations et de la feuille de route au prochain sommet. Ce jour est donc arrivé aujourd’hui !

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO vont-ils réellement délivrer les Togolais du joug de Faure Gnassingbé et de sa minorité pilleuse à voracité maximale aujourd’hui ou vont-ils encore faire durer le suspense ? La question est légitime lorsqu’on considère certaines hypothèses et/ou indiscrétions. A Lomé le 27 juin dernier, les deux Facilitateurs avaient laissé entendre le besoin d’un mandat plus large de leurs pairs afin de se prononcer sur certaines questions de fond qui opposent les protagonistes de la crise et parties prenantes au dialogue. Alors le sommet de Lomé leur en accordera-t-il pour poursuivre leur mission de facilitation pour une sortie définitive de crise ?

Il n’est pas superfétatoire de rappeler, si besoin en était encore, les enjeux. Des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, le peuple togolais, la Coalition de l’opposition qui a incarné la lutte et la société civile responsable attendent des recommandations qui respectent les aspirations légitimes des populations, tracent la voie à l’alternance à la tête du Togo en 2020. Mais en face, le Prince et son régime cinquantenaire de violations espèrent une recette qui arrange ses desseins « démocraticides » de 4e mandat au pouvoir. Pour qui la CEDEAO penchera-t-elle ?

Quelles garanties de mise en œuvre des recommandations ?

Tous les regards sont focalisés sur l’annonce des recommandations et de la feuille de route. C’est forcément l’essentiel, dira-t-on. Mais dans le cas où ces recettes sont communiquées, l’autre problématique sera relative à leur mise en œuvre. Et c’est une autre paire de manches.

Oui, avec le régime RPT/UNIR ou Faure Gnassingbé, c’est selon, le tout n’est pas de signer un accord. Même si la signature se fait devant les caméras du monde, cela ne représente aucune garantie en termes d’application de ses clauses. L’illustration ultime, c’est forcément l’Accord politique global (APG).

En effet ce 20 août 2006, c’est devant Dieu et les hommes que le parti au pouvoir posait sa signature au bas du document, à la suite d’âpres pourparlers menés sous la facilitation de l’ancien satrape burkinabé Blaise Compaoré, au travers d’une cérémonie solennelle où étaient aussi présents les représentants de la communauté internationale. Cet accord était une sorte d’ordonnance à la crise politique exacerbée par la montée sanglante au trône de Faure Gnassingbé en février-avril 2005, après que les sources ont été identifiées par les parties prenantes. C’est à raison qu’il était qualifié de « Bible politique » par l’ancien Président démocrate malien Alpha Omar Konaré.

Au-delà de petites mesures immédiates ou lointaines, l’APG prescrivait des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales dont la mise en œuvre devait sortir le pays du pétrin. Elles étaient identifiées comme les pistes de solutions à la crise qui tire ses origines de la confiscation du pouvoir ou du refus de l’alternance par le régime RPT à l’époque. Mais bientôt douze (12) ans après, ces réformes ne sont pas encore exécutées. Le régime en place et Faure Gnassingbé se sont résolument opposés à leur mise en œuvre malgré les rappels, pressions et manifestations de l’opposition, de même que les pressions des représentants diplomatiques occidentaux et de la communauté internationale. La crise politique actuelle n’est que la résultante de cet obscurantiste ostentatoire.

Le pouvoir Faure Gnassingbé a déjà donné, dans la crise actuelle, un avant-goût de cette mauvaise foi légendaire, par son refus de mettre en œuvre les fameuses mesures d’apaisement claironnées et censées créer les conditions de discussions paisibles et fructueuses, notamment la libération des militants et sympathisants de l’opposition arrêtés lors des manifestations, en rapport avec la crise actuelle ou les détenus politiques en général. Alors que des engagements ont été pris par Faure Gnassingbé et ses délégués devant les Facilitateurs, ces derniers sont couillonnés et les détenus sont toujours en grand nombre gardés dans les prisons.

Au demeurant, la problématique de la mise en œuvre des recommandations et de la feuille de route à annoncer par la CEDEAO se pose. Elle devra peut-être anticiper en indiquant les organes de mise en œuvre, le chronogramme, et éventuellement les sanctions en cas de non exécution, comme Faure Gnassingbé a pris plaisir à le faire à l’endroit des acteurs politiques bissau-guinéens…

Tino Kossi

 

(Liberté N°2724 du 31-07-18)

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