Politique

Mgr Kpodzro/ « Il suffit d’avoir une aiguille chez soi pour être considéré comme un djihadiste »

 

En marge de la conférence de presse sur la mobilisation des fonds pour la candidature unique de l’opposition, Mgr Kpodzro s’est également prononcé sur l’actualité dans le pays, en l’occurrence l’affaire de l’insurrection armée. Dans la déclaration dont nous vous proposons ci-dessous un extrait, il a déploré le fait que le régime qualifie des personnes de terroristes parce qu’on aurait trouvé en leur possession des couteaux.

Extrait de la déclaration

(…) Je ne saurais terminer mon propos sans dire un mot sur les dérives outrageuses qui défraient la chronique dans notre pays ces derniers jours et dont sont à nouveau coupables les tenants du pouvoir qui, à travers l’instrumentalisation abjecte et ignominieuse de l’armée, violent allègrement les domiciles d’honnêtes citoyens qui sont sauvagement battus, femmes et enfants compris, pour de motifs nébuleux résultant de montages sadiques et grotesques qu’eux seuls sont capables de comprendre.

Il est inadmissible que dans un pays soi-disant de droit, qu’une frange de la population méprisée pour ses opinions politiques fasse l’objet de tant de traitements outranciers et révoltants, dignes d’une époque révolue.

Je m’insurge vigoureusement, en ma qualité de prélat, pasteur des brebis de Dieu, contre l’injustesse des traitements infligés au peuple Tem notamment dans son ensemble qui est régulièrement flagellé, massacré à sang et à feu, contraint à fuir leurs domiciles et se réfugier dans la forêt, poussés par leurs propres frères et sœurs qui jouissent de l’avantage d’être aujourd’hui du parti au pouvoir. Sokodé, Bafilo, Mango, Agoè et sa périphérie sont devenus par les faits têtus d’actualité des zones non gratae, où il ne fait plus bon vivre, puisqu’il suffit d’avoir couteau, coupe-coupe et même une aiguille chez soi pour être considéré comme un djihadiste (surtout lorsque vous arborez par malheur un habit rouge) bon à arrêter, torturer et jeter, sans aucune forme de procès, en prison.

Mais, où sommes-nous? À quelle jungle tropicale appartenons-nous pour être ainsi traumatisés? Comment comprendre que la communauté internationale, notamment les Nations-Unies puissent-elles assister indifférentes à d’aussi graves scènes de violation des droits élémentaires de l’homme?

Dans quel pays au monde, en ce vingt et unième siècle, une armée véritablement républicaine, pour un « oui » ou un « non », pour le moindre soupçon, peut-elle faire irruption dans toute une ville, défoncer portes et fenêtres des maisons, rentrer dans l’intimité des gens pour aller bastonner tout ce qui bouge: femmes et enfants, vieilles et vieillards et même des animaux (qu’on abat au besoin sous prétexte qu’ils menacent de les attaquer) à qui on n’hésite pas à fracasser le crane, de tordre le cou, de briser bras et jambes et de botter jusqu’au sang et qu’on embarque manu militari pour être présentés le soir au journal à la télé comme des auteurs de complots contre la sureté de l’Etat?

Dans quel pays un parti politique régulièrement constitué peut voir son siège régulièrement investi par des militaires qui viennent molester ses militants à qui on refuse le droit de réunion, en violation fragrante de la loi fondamentale?

Ne sommes-nous pas tous en danger? Qui me dit qu’on ne débarquerait pas un de ses jours (comme ce fut déjà le cas dans le quartier Bè) chez moi pour défoncer portes et fenêtres, saisir les couteaux de table et aiguilles et m’embarquer pour le lendemain me présenter au journal de 20 H à la TVT comme un djihadiste avec présentation de mes couteaux et aiguilles comme corps du délit? N’avais-je donc pas raison de tirer la sonnette d’alarme lorsque les premières menaces de morts (qui continuent d’ailleurs) m’étaient parvenues?

Que dire de mon ami l’Imam de Bafilo qui vit dans la gueule du loup d’où il sort tout de même de façon téméraire pour venir me manifester son soutien?

Faure et son clan, en l’occurrence Bawara (qui n’ouvre sa bouche que pour offenser Dieu et ses semblables sans vergogne) oublient-ils qu’il y a une vie après le pouvoir? Même si l’on se taille des lois sur mesure pour se protéger des réactions des populations? Combien de temps cela va-t-il encore durer?

Je ne finirai pas sans dire encore un mot à la communauté internationale: l’ONU, l’UA, la CEDEAO, l’UEMOA et les puissances planétaires: USA, FRANCE (Oooooh ! France! Qu’as-tu fait de ton baptême? S’écriait Le Pape Jean Paul Il), Allemagne, les droits de l’homme dont vous vantez tant les mérites, c’est ça ? Ce n’est donc qu’une chasse gardée de certains peuples privilégiés (dont la mort d’un seul journaliste fait déplacer tous les Chefs d’Etat du continent noir?) et non d’autres?

Quel crime le Togo et les Togolais ont-ils commis pour ne bénéficier d’aucun de vous la moindre marque de compassion?

Non, non, nooooooooooon! Pitié, ayez pitié des pauvres brebis que Dieu m’a confiées.

Pardonnez-moi si je vous ai offensés, mais je ne suis pas un politicien, je suis un vieux pasteur moribond qui est prêt à donner sa vie pour ses brebis à lui confiées par Dieu.

Pour terminer, je vous invite à méditer les paroles du Psaume 91.

Que Dieu bénisse le Togo: le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Amen

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