Société

Encore une mosquée brûlée à Agoè-Sogbossito

 

  • De réels doutes sur la volonté de Yark  Damehame de traquer les auteurs

La série de profanation des mosquées se poursuit à Lomé, avec un scénario quasi identique. Même zone ciblée (Agoè) et même mode opératoire. L’inquiétude devient de plus en plus grandissante. L’enquête promise par les autorités est au point mort. Dans l’opinion, on doute de leur réelle volonté à traquer les auteurs de ces actes inqualifiables.

La sortie musclée du Général Yark Damehame, ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le mardi 14 août 2018 sur Rfi, n’a pas douché les ardeurs du « gang » qui a décidé de «visiter» les mosquées dans la préfecture d’Agoè. Yark déclarait avoir pourtant mis tous les moyens pour démanteler le réseau de pyromanes profanateurs. Comme pour défier le ministre, le gang n’a pas attendu longtemps pour repasser à l’acte. Cette fois, c’est la grande mosquée de Sogbosito qui a été prise pour cible, dans la nuit de mardi à mercredi 15 août 2018. Les auteurs, comme pour les précédents cas, ont pris le temps de détruire tout ce qu’ils avaient trouvé sur le lieu du crime avant d’y mettre feu. « Les nattes, les Corans et les wada, le matériel de sonorisation, les tapis, les chaises et autres ont été tous brûlés », rapporte un riverain qui a confié que la mosquée a été construite par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Abass Bonfoh.

Tôt dans la matinée d’hier mercredi, Le ministre de la Sécurité Yark Damehame et le préfet du Golfe, Agbotsè Komlan se sont transportés sur les lieux pour constater les dégâts. Et comme d’habitude, ils ont profité pour apporter le soutien du gouvernement à la communauté musulmane.

Dans l’opinion, l’on doute de la réelle volonté de l’autorité à mettre hors état de nuire, cette bande qui prend le vilain plaisir de profaner les mosquées. « On sait par quelle rapidité on mène des enquêtes ici au Togo. Rappelez-vous qu’en 2013, au lendemain des incendies qui ont ravagé les grands marchés de Lomé et de Kara, on a vite fait de nous montrer les supposés auteurs. Je suis stupéfait que depuis que cette affaire d’incendie des mosquées a commencé, on soit incapable de nous situer par rapport à ce qui se passe véritablement. C’est incompréhensible. Le Togo dispose des services de renseignements efficaces, mais pourquoi on ne les met pas sur le coup ? Je ne peux pas me l’expliquer. Mais, j’ai l’impression que le gouvernement n’a pas véritablement l’intention de retrouver ces criminels. Il faut qu’on arrête les discours pour passer aux actes. Dans tout ça, le procureur de la République qui devrait s’autosaisir ne dit rien non plus», s’indigne un concitoyen.

Les spéculations vont bon train. Sur les réseaux sociaux, chacun développe sa théorie. Mais, ce qui paraît évident à l’étape actuelle, c’est qu’il s’agit manifestement d’une bande organisée qui opère. Mais pour quel dessein ? A qui ce crime crapuleux et d’un autre âge profite-t-il ?

Dans son intervention sur Rfi, le Général Yark Damehane a cru devoir sous-estimer ampleur de la situation. « C’est un fait nouveau que nous n’avons jamais connu… Je peux vous dire que c’est des actes isolés », avait-il dardé. Si on peut lui concéder le fait qu’il s’agisse évidemment de faits nouveaux, il ne saurait en être de même  pour le fait qu’il s’agisse des actes isolés. La preuve, il a été défié quelques heures après sa sortie médiatique. On attend sa réponse…

S.A

(Liberté N°2735 du 16-08-18)

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