Politique

En quête de légitimité suite à un scrutin boycotté: Le gouvernement s’invente un taux de participation de 59,9%



Les élections législatives du 20 décembre 2018 sont passées, mais elles suscitent encore et susciteront pour longtemps d’ailleurs de nombreuses interrogations. Malgré les chiffres inventés par le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Kodjona Kadanga, la faible participation à ces élections pose le problème de la légitimité des députés élus.  

Le 20 décembre 2018, les Togolais, en réalité une infime partie, étaient aux urnes. Il s’agissait de l’élection des députés. Un scrutin voulu et obtenu par le régime en place, avec la bénédiction de la CEDEAO, l’Union Africaine et la Communauté internationale. Des acteurs externes qui ont soutenu le coup de force de la dictature des Gnassingbé.

Il y a plein de choses à dire, tant de commentaires à faire sur le processus qui a conduit à cette mascarade électorale ayant révélé au monde le vrai visage du pouvoir Faure Gnassingbé. Si certains esprits peuvent réussir par des démonstrations fantaisistes à soutenir la légalité de cette élection, il est quasiment impossible de faire accepter que les députés qui siégeront après ce scrutin aient la légitimité requise pour représenter l’ensemble des Togolais.

Et pour cause, nous l’avions écrit dans une précédente parution, le taux de participation à ce scrutin lui enlève toute sa légitimité. C’est d’ailleurs pour anticiper ce débat que le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme administrative, Gilbert Bawara disait que le taux de participation n’enlève pas au processus sa légitimité. « Nous connaissons le taux de participation dans les scrutins électoraux dans les pays de la sous-région. On peut de manière générale constater qu’il y a une sorte de désengagement, de désaffection et de désintérêt des citoyens par rapport aux consultations électorales. Qu’est-ce qu’il en serait pour notre pays ? Je n’en sais rien. Mais quel que soit le taux de participation à ce scrutin, sa validité ne peut être remise en cause. Qu’y ait 5 % de taux de participation, 10%, 50%, 60%, c’est la même validité du point de vue juridique », a-t-il déclaré. C’est sans compter avec la filouterie de son entourage qui a imaginé un taux de participation en déphasage avec la réalité.

En effet, il ne fait aucun doute que les 59,9 % de taux de participation dont se félicite le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Kodjona Kadanga ne correspondent à rien. En tout cas, pas à la réalité. Il suffit d’avoir suivi le long compte-rendu de la TVT pour se faire une idée de la réussite de l’appel au boycott de ces législatives. Dans les nombreuses villes où la télévision nationale a été déployée pour suivre les membres du gouvernement et les candidats du RPT/UNIR, les reporters n’ont pas réussi à montrer de longues files d’attente devant les bureaux de vote. Malgré les différents angles de prise de vue, les « nombreux » électeurs ne dépassaient pas la vingtaine. Ce qui a fait dire au reporter de la radio RFI que les observateurs électoraux et les responsables de la CENI dans les bureaux de vote étaient plus nombreux que les électeurs. Les habituelles foules d’électeurs observées lors des précédents scrutins comme en 2013 et 2015, n’étaient pas au rendez-vous. Sur certaines images, on voit des électeurs  prendre un temps fou pour voter alors que dans les élections antérieures, l’engouement obligeait chaque électeur à hâter le pas pour faire place aux autres.

Contrairement à ce qu’a déclaré le ministre de la Fonction publique, une question de légitimité, de légalité même se serait posée si Kodjona Kadanga avait annoncé le taux de participation réel, qui serait inférieur à 15%, selon certains analystes. Cela correspond à près de 500.000 Togolais. Cela équivaudrait à installer une Assemblée nationale choisie par 7% de la population. Ce chiffre n’est pas loin des 10% de l’électorat qu’attribue un ancien ministre au régime RPT/UNIR. C’est de cette minorité que vient la « légitimité » de la future assemblée nationale.   

G.A.     

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