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L’erreur des privatisations à tout va.

 

« Avant d’agir et de décider, pesez bien tous les avantages et les inconvénients », (Jean-Baptiste Blanchard)

Après l’échec du processus de fusion des deux banques à capitaux publics UTB et BTCI, nous revoilà à la case départ. Le gouvernement togolais en conseil des ministres a autorisé la privatisation des deux dernières institutions financières, après la privatisation de la BTD et de la BIA.

Selon le Conseil des ministres, cette mesure s’inscrit « dans le cadre de la politique de réformes et de libéralisation de l’économie togolaise engagée depuis 2006 ». Elle est en phase avec la décision du gouvernement de se désengager des quatre banques à capitaux publics, en l’occurrence la BTCI, l’UTB, la BTD et la BIA-Togo. Elle confirme également la volonté du gouvernement d’accorder une place de choix au privé, en ligne avec sa politique de partenariat avec ce secteur.

A priori, les motivations de cette mesure, qui a reçu l’appui de la Banque Mondiale ne sont pas si dangereuses. L’Etat veut laisser l’activité bancaire  au secteur privé. Mais à l’analyse, ceci comporte un énorme risque. Un désengagement absolu de l’Etat n’est pas une option viable pour un Etat qui est en reconstruction et où des travaux à haute intensité de main-d’œuvre nécessitent des financements conséquents.Et pour cause, si le nouveau processus que lance l’Etat aboutit à du concret et que les privatisations des deux banques aboutissent, au Togo, il n’y aura plus que des banques commerciales. Or, qui dit banque commerciale ne peut jamais exclure maximisation du profit ni les taux d’intérêt élevés. Et ceci pose un réel problème. Comment financer la reconstruction d’un pays et son économie en recourant systématiquement à des banques commerciales?Il est clair et net que la privatisation rendra service à quelques individus : ceux qui ont géré ces institutions sur fond de vol, gaspillage et concussion. Et en général, l’ampleur des magouilles ayant plombé ces institutions est couverte par la loi de l’omerta, s’agissant surtout du Togo.

Dans un pays où les bonnes pratiques en termes de gouvernance demeurent une curiosité. La mise du Togo sous tutelle des institutions financières de Bretton Woods se justifie. Les banques publiques excellent dans trop de dérapages de gestion. Aussi des réformes structurelles sont-elles nécessaires voire indispensables pour que le pays continue de bénéficier des prêts concessionnels dont celui du programme de Facilité Elargie de Crédit du Fonds Monétaire International. Certes, le Togo dispose de mille et un mécanismes pour renflouer sa caisse ou financer ses projets et programmes dits de développement. Mais à quel prix ? Ce seront des générations sacrifiées car contraintes de supporter le service d’une dette dont ils n’auront rien su. Faut-il prescrire des privatisations en lieu et place de l’assainissement des finances publiques, sinon de la restructuration de ces institutions avec en toile de fond une moralisation de la gestion de ces banques ? Le privé ne s’accommodera sans doute pas de toutes les manœuvres ayant plombé les banques. C’est sûr. La gestion de ces banques sera plus efficace, moins sujette à des diktats et/ou interférences des politiques si elles tombent dans l’escarcelle des privés.

De ce point de vue, oui, le pouvoir a peut-être raison. Mais, quel est l’état réel de l’UTB aujourd’hui ? Quel est l’état financier réel de la BTCI ? A quel point la situation financière des deux institutions est-elle obérée ? Et qu’est-ce que ça nous coûtera exactement ? Ces privatisations à tout va ne sont que des tentatives de colmatage des brèches. Hélas, elles pourraient nous coûter à tous, la peau des f…

Meursault A.

 

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