Economie

Dette publique du Togo: Comment agir sur un encours de 2008,214 milliards et un service de 504.298 milliards F CFA ?

Les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pourront-elles se réaliser à l’allure où évoluent le stock de la dette publique et son service ? En se référant à la courbe issue de l’évolution des recettes publiques du pays depuis 2014, ramener l’encours de la dette publique de son niveau de 2017 à environ 1347 milliards en six ans relève d’une gageure. A moins que des coupes drastiques ne viennent à être opérées dans les dépenses, ce qui impacterait certainement le peu de croissance qui n’arrive même pas encore à impacter le quotidien des citoyens. Sans compter le service de la dette qui est loin d’être négligeable. Comme une équation à plusieurs inconnues.

« L’encours de la dette publique au 31 décembre 2017 est de 2008, 214 milliards de F CFA, en baisse de 1,9% par rapport à son niveau au 31/12/2016. Cette dette est composée de la dette intérieure dont le stock s’élève à 1 470,080 milliards F CFA soit 73,20% et de dette extérieure qui s’élève à 538,134 milliards de F CFA, représentant 26,80% du stock total…Même pour le seul critère de 1er rang non respecté en 2017, l’effort accompli pour l’atteindre est très significatif. Le ratio « encours de la dette/ PIB » s’est considérablement réduit, passant de 79,2% en 2016 à 71,4% en 2017 pour une norme communautaire de 70% ». Voilà partiellement ce que dit le rapport de la Cour des Comptes sur l’état de l’endettement du Togo.

Mais ce taux laisse apparaître que la Cour des Comptes n’a pas intégré la dette issue des arriérés audités par le cabinet KPMG et qui s’élève exactement à 154.820.261.529 FCFA. Autrement, la dette publique du Togo au 31 décembre 2017 devrait être de 74,5% du PIB selon le FMI. Ainsi, et pour se référer aux projections du FMI qui estime que la dette publique devrait tomber en dessous de 50% du PIB à partir de 2024, soit dans 6 ans, on doit se demander comment l’Etat togolais pense y arriver, au vu des résultats des recettes fiscales. Et pas seulement.

Le Togo aurait-il initié un nouveau concept, celui des «exonérations de dividendes » ? Parce que le rapport de la Cour a relevé au moins dix sociétés dans lesquelles l’Etat a pris des participations devant lui permettre de percevoir des dividendes ; mais pour des raisons que seuls des audits promis par cette Cour pourraient permettre de comprendre, aucune de ces sociétés n’a versé de dividendes à fin 2017 à l’Etat du Togo. Comment alors celui-ci peut-il disposer de ressources supplémentaires pour faire face aux dépenses et surtout au payement de ses dettes, si ce n’est d’opérer des coupes sur les dépenses ?

Lorsque le FMI parle d’amélioration de la qualité de l’ajustement concernant les déficits budgétaires, il demande que cet ajustement se base sur les recettes afin de réduire les vulnérabilités liées à la dette et créer un espace pour les dépenses de développement. Or, entre 2013 et 2017, les recettes des impôts, des douanes et celles non fiscales confondues ont ainsi cru d’une année à une autre : 13,54% ; 12,67% ; 10,11% et -0,94%. C’est dire si l’Etat togolais a vraiment besoin de plus de mobilisation de ses ressources ou non.

En tenant compte du budget général fait de recettes fiscales, des comptes spéciaux du Trésor et des opérations de trésorerie, la loi de finances, gestion 2017 s’élève à 1.227,423.412 milliards FCFA. En comparaison avec le service de la dette, il ressort que le ratio service de la dette /budget total donne 41%. Mais quand on met ensemble la dette publique totale résultant de l’encours et du service de cette dette, on se retrouve avec 2.512,512 milliards FCFA, ce qui représente plus du double du budget de l’année concernée !

Les préfinancements : gouffre pour l’Etat et une manne pour une minorité de ministres

En considérant seulement la dette intérieure, le Togo cumule 1.470.079.920.448 FCFA. Et sur ce chiffre, le service de cette dette s’élève à 455.198.444.332 FCFA que le pays doit payer, sans toucher à l’encours. Mais on apprend que les préfinancements à eux seuls constituent 49,72% du total. Presque la moitié.

Préfinancer des projets d’infrastructures est une chose, mais que ce soient des dépenses productifs en est une autre. Et c’est malheureusement là que ceux des ministres –anciens et nouveaux- qui ont eu à percevoir des retrocommissions sur des marchés publics ont participé à plomber la dette du Togo. L’un d’entre eux a même poussé le bouchon très loin en déclarant qu’une des entreprises avait utilisé l’argent pour acquérir du matériel. Et malgré cet aveu d’un homme d’Etat transformé en défenseur d’une entreprise pour les besoins de ses intérêts, aucune institution –et Dieu seul sait que le pays en compte suffisamment- n’a osé lever les doigts pour lui demander des comptes. Comment le pourraient-elles, du moment que le premier magistrat n’a pas « donné d’instructions personnelles » ? Et la vie a continué et continue son cours, comme si jamais il n’y a eu de détournements et de corruption. Doing Business et Millenium challenge account (MCA) sont entre temps passés tout ripoliner.

Dans quelques mois, on verra l’état de la dette et son service à fin décembre 2018. Evoluera-t-elle dans le sens d’une contraction ou d’un alourdissement ? Chercher à gonfler les recettes pour minimiser le ratio service de la dette/budget total, histoire de se donner bonne conscience est possible. Mais les collectifs budgétaires remettent d’une part les pendules à l’heure et d’autre part, les rapports de contrôle d’exécution de la loi de finances viennent démontrer la réalité des chiffres, heureusement.

Godson K.

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